BIOGRAPHIE

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Homme discret, Caplet n'était pas homme à se raconter. Sa correspondance - quoique limitée - et les divers témoignages de ceux qui l'on approché parviennent tout de même à restituer une image assez juste d'un adolescent très doué, d'un homme très exigeant sur le plan musical aussi bien pour lui comme compositeur que pour les autres comme chef d'orchestre. La musique aura occupé toute sa vie au service d'une brillante mais trop brève carrière brisée par la guerre. Issu d'un milieu provincial modeste mais aux valeurs morales rigoureuses, Caplet fera preuve toute sa vie d'une grande intégrité ce qui n'exclura pas des moments dépressifs de doute. Après la guerre, notamment, la dimension mystique enrichit encore cette personnalité complexe mais éminemment sympathique et attachante.
J'ai privilégié les témoignages issus des correspondances de Claude Debussy, Lucien Durosoir, Maurice Maréchal, les déclarations de Caplet lui-même rapportées par son amie Yvonne Gouverné (voir références en bibliographie).
Les créations sont mentionnées en noir

ANNEE AGE ÉVÈNEMENTS
1878  

 

 

 

Lundi 23 novembre : naissance au Havre à 14 heures chez ses père et mère, 23 rue de la Comédie d'André Léon Caplet, fils légitime de Léon Henry Caplet employé de commerce, âgé de 39 ans et de Marie Françoise Antoinette Betton, sans profession âgée de 35 ans. (voir l'acte de naissance) Pour ceux qui croient dans les astres on trouve sur http://www.astrotheme.fr/portraits/jwJ8Z57282e3.htm  le thème astrologique de ce Sagittaire ascendant Bélier. Pour les autres, contentons-nous de préciser qu'il est le dernier né d'une famille de six enfants (et non sept !) dont trois seulement survécurent : Jeanne qui avait alors 8 ans et Maurice 5 ans et lui-même. => dictionnaire pour détails généalogiques
« Cet homme blond, au regard vague, avec une tête énorme plantée sur de larges épaules, aimait à dire à ceux qu’il sentait avides de précisions, qu’il était né sur un bateau entre le Havre et Honfleur » rapporte Yvonne Gouverné. Milieu familial modeste, principes rigides chez un père Léon Henri Caplet qui avait songé à rentrer dans les ordres.
"Quand on arrive le septième enfant [1] dans une famille où l’on ne souhaitait pas votre venue, quand on doit se débrouiller pour gagner quelques pièces de monnaie à dix ans, jouant du piano d’un côté, du violon de l’autre, et, que le soir, rentrant tard, il faut partager un matelas avec son frère pour dormir, on s’aperçoit que peu de gens savent ce que c’est que la pauvreté… J’entends la pauvreté décente de ceux qui ne demandent rien à personne. Mon père était la bonté même, très sensible et respectant les siens… Il a fait ce qu’il pouvait pour nous orienter mon frère et moi vers la musique qu’il aimait naïvement (vague sourire) ; il ne pouvait s’en passer, seulement il était incapable de dominer la faiblesse de son caractère  qui venait sans doute de sa santé déficiente  (silence)... et pour subvenir au budget de toute da famille, il avait une situation tellement modeste que nul ne saurait s’en contenter aujourd’hui. Ma mère, très énergique, a eu le mérite de tenir tête à des années difficiles et même des épreuves terribles, ayant perdu plusieurs de ses enfants en bas âge… mais… sans le vouloir… elle nous éloignait d’elle par son autorité. Intelligente, courageuse, capable, seulement il fallait se laisser dominer par elle ou lui répondre, comme elle le faisait elle-même par des mots cinglants.
Tout ce que je dis là n’est pas pour me plaindre, ces détails n’ont d’intérêt que pour vous faire sentir dans quel climat s’est déroulée mon enfance… Il faut que vous sachiez combien j’ai été ballotté. (rapporté par Yvonne Gouverné, voir Bibliographie)
[1] Caplet défigure ici la réalité puisqu'il n'a jamais connu qu'une sœur et un frère. Les autres enfants sont morts en bas âge.
  La

musique

ou

la mer 

Deux échappatoires vont aider l’enfant à surmonter ses problèmes : la mer et la musique. "Ce qu’il faut mettre en relief d’abord, parce que là réside l’essentiel, c’est du plus loin que je me souvienne, l’attirance toujours exercée sur moi par la mer. Enfant, je passais des heures à flâner au bord des grands bassins du Havre pou écouter le rythme des vagues déferlant sur la grève et, bien avant que je ne puisse partir seul, quand un marin m’emmenait dans sa barque, j’étais heureux…je m’adaptais aux mouvements proposés par les flots… j’entendais des voix dans les voiles. Elles changeaient d’intensité, selon la force du vent et semblaient répondre à quelque interrogation venant de moi… Je ne saurais expliquer ce que je ressentais alors, mais, revenu sur terre, j’étais en exil… J’attendais toujours je ne sais quel motif d’émerveillement… La musique seule comblait ce vide… » (Y.G.)
Quelques années plus tard, un autre garçon Havrais d’adoption sera également fasciné par la mer. C'est ainsi qu’Arthur Honegger évoque ses jeunes années : « Ce que je dois au Havre ? Mes années d’enfance, et ce qui fut ma passion de cet heureux pays : la mer. J’aimais les bateaux, surtout les voiliers. Je connaissais par leur nom les différents modèles de navires et les pièces de leurs gréements : les trois-mâts carrés, les bricks, les goélettes, les schooners… La mer a eu sur mon esprit une influence très profonde, elle a agrandi l’horizon de mon enfance. »   Rimski-Korsakov, Debussy, Caplet, Honegger, Jean Cras, Maurice Emmanuel, Albert Roussel et tant d'autres compositeurs furent sensibles à la  mer et à l'appel du large.

  formation Poussés par leur père, Maurice et son jeune frère manifestent très tôt des dons pour la musique. Au Conservatoire du Havre, André reçoit l'enseignement d'Henri Madelaine (solfège), Gérard Hekking et Michel Aquilina (violon) et surtout  Henry Woollett (piano puis composition). Woollett s'en souvient :  "J’ai eu la joie d’initier à la musique le jeune cerveau d’André Caplet. Il pouvait avoir une dizaine d’années. Avec quel enchantement découvrait-il les maîtres dont je lui enseignais les traditions ! [...]  La carrière de professeur peut avoir des moments pénibles, elle a aussi ses récompenses. J'en ai goûté le charme à plusieurs reprises. Jamais davantage qu'en ces jours où nous commençâmes  d'explorer ensemble les mystères de l'harmonie, leur union, leurs sonorités changeantes, mouvantes... En cet art il progressait avec une rapidité surprenante, avide de tout savoir, de tout connaître... de tout comprendre... Je n'avais qu'à le guider, il devançait parfois mon enseignement."  Yvonne Gouverné souligne ses dons musicaux : "Doué d'une étonnante facilité de lecture, son entourage lorsqu'il était encore tout enfant appréciait l'étendue de ses capacités en lui mettant sous les yeux, quand il était au piano, n'importe quelle musique pour le soumettre à des expériences convaincantes. Imperturbablement, Caplet lisait à première vue et lorsque les difficultés à vaincre dépassaient ses moyens l'esprit malicieux du petit Normand, aidé de sa musicalité, remplaçait le déchiffrage par une adroite et trompeuse improvisation qui, sans troubler la quiétude de ceux qui l'écoutaient, leur laissait la joie de tourner les pages indéfiniment."
1882 4 ans Premières leçons de piano
1888 10 ans Premier Prix de violon
1890 12 ans Pianiste répétiteur au Folies-Bergères du Havre
Premières compositions : Rêverie enfantine pour violon et piano (1890 ?)
1892 14 ans Violoniste dans l'orchestre du Grand Théâtre Municipal du Havre. Yvonne Gouverné : "Il remplit à quatorze ans l'emploi de premier violon au grand théâtre et se familiarise alors au contact de l'orchestre avec la valeur des timbres ; s'assouplit à des rythmes de danse, souvent par de vulgaires réalisations, cependant qu'un sommaire schéma de l'art théâtral l'initie aux épanchement d'un lyrisme hétéroclite".
1893 15 ans Premières mélodies : Contemplation (N. Clauzes, 1893 ?), la Sérénade de l’écolier (P.- J. Pain, 1893 ?) qui  remporte le second prix de composition de la ville de Tourcoing.  "Il n'était pas rare, rapporte Y. Gouverné, de voir André Caplet jouer en plein air les jours de fête dans les bals publics. Souvent, il écrivit pour des chansonniers de café-concert de ces refrains qui obsèdent toutes les mémoires"
1895 17 ans Premier violon et pianiste répétiteur au Grand Théâtre du Havre, Caplet découvre les ouvrages lyriques qu’on donnait alors couramment : Guillaume Tell, Les Huguenots, Faust, Carmen… « Il n’était pas rare, rapporte Yvonne Gouverné, de voir André Caplet jouer en plein air les jours de fêtes dans les bals publics. Souvent il écrivit pour des chansonniers de cafés-concerts de ces refrains qui obsèdent toutes les mémoires. » Devenu musicien parmi les musiciens, Caplet ne devait pas manquer le passage en province des grands artistes de l’époque comme Raoul Pugno et Eugène Ysaye…
Il compose Sous la voûte étoilée  (1895 ?), une cantate La Vision de Jeanne d’Arc (A. Millard, 1895 ?) pour soprano, ténor, chœur de femmes et orchestre, Haïti, valse pour piano (1895 ?).

1896

18 ans Automne : Admission au Conservatoire de Paris dans les classes d'harmonie de Xavier Leroux, ancien élève de Jules Massenet comme Henry Woollet, et la classe d'accompagnement de Paul Vidal. C’est donc en pleine affaire Dreyfus que Caplet rentre au Conservatoire. Ambroise Thomas mort en février, c’est Théodore Dubois qui est nommé à la tête de l’établissement alors que Jules Massenet, par dépit, abandonne sa classe de composition au profit de Gabriel Fauré.
Caplet entame par ailleurs une carrière de chef d'orchestre. Son maître, Xavier Leroux, occupait la fonction de chef d’orchestre au Théâtre de la Porte-St-Martin à Paris. En 1896, ne pouvant toujours assurer sa fonction, il demande à son nouvel élève Caplet de le remplacer par exemple dans la musique de scène qu'il a écrite pour Les Perses  d'après Eschyle créée à l'Odéon le 5 novembre 1896. C'est aussi une occasion de fournir à son protégé le moyen de subvenir au coût de la vie parisienne.
1897 19 ans Février : Xavier Leroux intervient pour faire obtenir une bourse à son brillant élève : « Je déclare avec le plus grand empressement qu’André Caplet, élève dans ma classe au Conservatoire National de Musique, est une nature d’artiste sur laquelle on peut sans crainte fonder les meilleurs espérances – que soutenir et encourager ses études et lui permettre de les achever à l’abri des préoccupations matérielles, c’est assurer le développement d’un tempérament de musicien dont seront fiers ceux qui l’auront aidé. »
12 avrilXavier Leroux dirige la musique de scène qu'il avait écrite en collaboration avec André Messager pour La Montagne enchantée d'Albert Carré et Emile Moreau au Théâtre de la Porte-Saint-Martin. La pièce étant un fiasco, Leroux cède la direction - pour toutes les représentations suivantes jusqu'au 11 mai - à son élève qui le remplace ainsi au pied-levé. «Tout de suite, Caplet dirigea avec l'habileté et l'autorité d'un vieux routier. La moitié de l'orchestre avant la représentation, le traitait en gamin, le plaisantait, le tutoyait,. Mais quand il prit la baguette, on ne vit plus en lui qu'un maître devant lequel chacun s'inclinait respectueusement. Dès lors, le renom du jeune musicien commença de se répandre dans le milieu des professionnels. Et il trouvait à l'employer comme chef d'orchestre ». Paul Landormy, La Musique française après Debussy, Paris, Gallimard, 1943, p. 265.
Pièces dans le style ancien
pour piano
Rêverie et Petite Valse pour flûte et piano incorporées en 1901 dans les Feuillets d'album n° 2 et 5. Publication au Havre chez Hurstel. Dédicace à Georges Barrère.
1898  

20 ans

 

 

Il est nécessaire de revenir sur l’erreur souvent reproduite à propos de la photo portant la légende « Classe de Gabriel Fauré au Conservatoire, 1898 » où André Caplet figure aux côtés des réels disciples du maître assis au piano avec Jean Roger-Ducasse : Louis Aubert, Jean Huré, Emile Vuillermoz, Alfred Mathot, Florent Schmitt. Lors de sa publication dans la revue Musica n° 93, juin 1910, la légende est pourtant claire : « Une lecture à la Société musicale indépendante » en 1908. En effet, Caplet ne fut jamais l’élève de Fauré.
20 février : Pour subvenir à ses besoins, Caplet assure la partie de timbale ou de piano d'orchestre aux Concerts Colonne, une bonne place pour apprendre le métier de direction d'orchestre. Colonne exerçait également des activités à l’Opéra de Paris et accessoirement au Théâtre de l’Odéon où il dirige notamment la musique de scène de LArlésienne de Bizet. Ceci peut expliquer la nomination de Caplet comme directeur musical du Théâtre de l’Odéon en cette année1898 : il a tout juste vingt ans.
Juillet
: Premier Prix d'harmonie
Entame la composition du Quintette pour piano, flûte, hautbois, clarinette et basson : Allegro et Adagio
6 décembre :  Théâtre de l'Odéon, Caplet dirige la musique de scène de de Paul Vidal pour La reine  Fiammette de Catulle Mendès. .

1899 21 ans Entre dans la classe de fugue et de contrepoint de Charles Lenepveu.
Caplet est nommé directeur de la musique au Théâtre National de l'Odéon dirigé alors par l'homme de lettre Paul Ginisty de 1896 à 1906. Le jeune Caplet occupe cette fonction de 1899 jusqu'à son départ pour Rome en 1901.La musique occupait une place importante dans ce théâtre où Berlioz avait vécu bien des émotions en découvrant Harriet Smithson  (voir Berlioz) et où avait été repris en 1885 le mélodrame d'Alphonse Daudet L'Arlésienne avec la musique de Georges Bizet. Caplet dirige la musique de scène de Bizet au cours de cette période.
A cette époque, Caplet appartient au Groupe Les Quinze, société de musique de chambre à laquelle adhèrent également le violoniste Jacques Thibaud, l'altiste et compositeur Henri Casadesus. Les deux frères Maurice et André Caplet se produisent à La Basoche 
19 avril : Exécution de l'Allegro du Quintette pour piano, flûte, hautbois, clarinette et basson , Salle des Quatuors Pleyel par les membres de la Société de Musique Moderne pour Instruments à vent avec Caplet au piano.
30 avril
  : Arthur Dandelot dans le Monde musical rend compte du concert du 19 et souligne la présence de Caplet "un des plus brillants élèves venant de la classe de Xavier Leroux, [...] Puisse-t-il poursuivre son travail comme il a commencé car cette pièce atteste de rares qualités d'inspiration de science harmonique. Que dire de plus, M. Caplet montre qu'il a une parfaite connaissance des ressources des instruments qu'il utilise : la flûte, le hautbois, la clarinette, le basson et piano."  

Achève le Quintette pour piano, flûte, hautbois, clarinette et basson : Scherzo et Finale allegro con fuoco . Compose Prélude pour piano à 4 mains la mélodie Le Livre ou je veux lire
1900
22 ans
22-24 mars : Dirige la musique de scène de L'Arlésienne de Bizet à l'Odéon (Concerts Colonne).
30 mars
: Création du Quintette pour vents et piano de 1898 et de Deux Pièces pour flûte et piano très probablement Rêverie et Petite valse (1897) à la 2e séance de la Société de Musique Moderne pour Instruments à vent (fondée en 1895 sous le nom  de "Petits vents"). Caplet au piano est entouré de Messieurs Barrère, Gaudard, Richardot et Flament. Georges Barrère était alors flûte solo aux Concerts Colonne et gardera des liens d'amitié avec Caplet. Le critique du Ménestrel relève une distinction du sentiment, une souplesse du métier remarquable chez un jeune compositeur. Dans la Suite persane, Caplet montre les ressources variées d'un tempérament artistique déjà joint à une technique sûre et des qualités personnelles qui placent Caplet parmi les espoirs de sa génération. Le journal le Soir prédit que Caplet est appelé à un grand avenir. Le Prix de Rome de 1901 confirmera cette prédiction.
La Société des Compositeurs de Musique offre un prix de 500 francs à Caplet pour son Quintette pour piano et vents, 500 francs offerts par le ministre de l'instruction publique et des beaux-arts.
août : compose la mélodie
Viens ! une flûte invisible soupire  pour voix, piano et flûte ad libitum
24 Novembre : Festival Caplet au Théâtre-Cirque du  Havre auquel participent le flûtiste Georges Barrère, des instrumentistes et chanteurs de l'Opéra et de l'Orchestre Colonne. De Caplet sont joués L'Eté pour solistes chœurs et orchestre, trois (Babillage, Rêverie, Petite valse) des Feuillets d'album, la création (?) de Pâques citadines pour chœur et orchestre,  la cantate de Rome Myrrha pour 3 solistes et orchestre et diverses œuvres de Xavier Leroux (Devant la mer, Offrande) de Charles Lenepveu ((La Jeune captive, Matinée) de Paul Vidal (Flux et reflux, Lied), de Doppler (Fantaisie Pastorale hongroise pour flûte, de Berlioz (Marche hongroise). L'orchestre est constitué des musiciens havrais.  
Compose la Suite persane pour double quintette à vent et la Suite d'orchestre sur des mélodies populaires persanes, les mélodies : Bébé premier prix d’innocence, Les pleurs de bébé, Chanson d'automne
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23 ans

 

 

 

9 mars : La Société de Musique Moderne pour instruments à vents organise pour sa deuxième séance un concert entièrement consacré à Caplet. Le programme s’ouvre sur une reprise du Quintette avec MM Barrère, Gaudard, Guyot, Flament et Chadeigne au piano. Il se poursuit avec deux créations : un recueil de cinq pièces pour flûte et piano Feuillets d’album et la Suite persane pour double quintette à vent. Sans prétention, la Suite persane s’inscrit dans le courant orientaliste lancé notamment par Félicien David avec son ode-symphonie Le Désert (1844) et illustré par bien d’autres compositeurs tel Johan Strauss dans sa Marche persane op. 289 ou Camille Saint-Saëns dont La Nuit persane avait été donnée en création à la Société des Concerts du Conservatoire en 1897. Caplet orchestrera sa Suite persane pour un petit ensemble. Cette Suite d’orchestre sur les mélodies persanes fut exécutée aux Concerts Lefort cette même année 1901.
Enfin, Caplet regroupe quatre mélodies antérieures dans un premier recueil Le Livre rose sur des textes de P. –J. Pain.:  Le livre où je veux lire, Bébé premier prix d’innocence, Les pleurs de bébé, et Le furet du bois, mesdames. Le Livre rose est créé à Honfleur en 1901. Le recueil sera révisé à l’occasion de la naissance de son fils Pierre en 1920.
Premiers Prix de fugue et contrepoint, d'harmonie et d'accompagnement. Nadia Boulanger se souvient : "C'est à la classe d'accompagnement au piano, dirigée par Paul Vidal (qui semblait avoir lu toute la musique), que j'ai connu André Caplet aux environs de 1900. Il nous éblouissait par sa facilité, son entendement, sa faculté de se plier à toutes les disciplines de cette étude si difficile : être prêt à tout faire tout de suite"
mais surtout Grand Prix de Rome devant Gabriel Dupont et Maurice Ravel recalé pour la deuxième fois.
4 mai :  « concours d’essai »  au Palais de Compiègne. Outre la fugue à quatre voix, les candidats doivent composer un chœur à quatre voix avec orchestre sur un texte de Victor Hugo. Il s’agit de quatre strophes empruntées au poème Spectacle rassurant extrait du recueil Les Rayons et les ombres publié en 1840 et dont l’incipit est Tout est lumière. Aux côtés de Camille Saint-Saëns, président du concours 1901, on trouve Théodore Dubois, directeur du Conservatoire (1896-1905), Emile Paladilhe, Charles Lenepveu, Ernest Reyer et Jules Massenet. Ils occupent les six fauteuils de la section de musique et sont donc chargés d’établir la première sélection d’admissibles à l’épreuve principale. À l’issu de cette première épreuve, cinq candidats sont retenus parmi lesquels Aymé Kunc et André Caplet (élèves de Lenepveu), Albert Bertelin (élève de Théodore Dubois et Charles-Marie Widor), Maurice Ravel (classe de Fauré) ainsi que Gabriel Dupont (classe de Widor).
18 mai : les cinq élus se retrouvent en loge à Compiègne pour composer « la » cantate (voir iconographie). Il s’agit cette fois de Myrrha sur un texte de Fernand Beissier. Deux exécutions publiques des cantates furent données afin de départager les concurrents : le 28 juin au Conservatoire et le 29 juin à l’Institut des Beaux-arts par la Société des Concerts et des artistes de l’Opéra de Paris. On connaît les résultats : Premier Grand Prix attribué à André Caplet, Premier Second Grand Prix alla à Gabriel Dupont et le Deuxième Second Grand Prix à Maurice Ravel, élève de Gabriel Fauré. On relève que le deuxième Premier Grand Prix ne fut pas attribué ce qui était une manière de creuser la différence d’appréciation entre Caplet et ses rivaux. Les membres de la Commission musicale des Beaux-arts estimèrent que la cantate de Caplet se distinguait « par la justesse de la déclamation, une instrumentation soignée et intéressante » et soulignèrent « le charme mélodique, la sincérité du sentiment dramatique » de la cantate de Ravel. Dans une lettre du 4 juillet 1901 adressée à Charles Lecocq, Saint-Saëns notait avec discernement : « Le 3ème récompensé, le nommé Ravel, me paraît appelé à un sérieux avenir. » Dans une lettre adressée le 26 juillet 1901à Lucien Garban, Ravel confiait : « Jasons un peu de concours : le prix de Caplet a surpris tout le monde. Sa cantate, certes, était des plus médiocres, comme composition, j’entends, car l’orchestre en était tout à fait remarquable. La presque totalité de l’assistance me donnait le prix. (Massenet a même voté tout le temps en ce sens.) Il m’a été révélé une chose bien curieuse : c’est que je possède un robinet mélodique à un endroit que vous me permettrez de ne pas vous désigner plus clairement et qu’il en coule de la musique sans effort. Cette gracieuse métaphore est de votre cher maître X. Leroux qui s’est, ainsi que Vidal, montré très emballé sur mon compte. L’on m’a même assuré – horresco referens – que Lenepveu avait fort prisé ma cantate, pas au point, cependant, de la préférer à celle de son élève. « Pourquoi n’avez-vous pas obtenu l’ultime récompense ? »  me direz-vous. C’est, qui l’eût cru ? mon orchestre qui m’a joué ce vilain tour. Bien que ma composition fut terminée l’une des premières, j’étais arrivé à me mettre en retard et il ne m’était resté que fort peu de temps pour mon orchestre, qui s’en est trouvé quelque peu bâclé. C’est à recommencer, voilà tout. » Et Caplet d'affirmer de son côté : "On peut se moquer du Prix de Rome, soit, de ce qu’il a de conventionnel dans une certaine façon d’enseigner au Conservatoire ou ailleurs… On peut critiquer les professeurs qui pendant deux ans ne vous font faire que des enchaînements d’accords parfaits. Mais, avant d’accuser la pauvreté de certaines méthodes, ne vaut-il pas mieux passer sous les fourches caudines d’un enseignement soigneusement contrôlé  que d’avoir à combattre les lacunes très respectables d’un autodidacte qui bénéficie d’une forme de liberté ?Temps perdu pour temps perdu, c’est toujours par soi-même que l’on comprend, souvent trop tard, les insuffisances  de toute formation. On y remédie comme on peut. Mais il vaut mieux se moquer du Prix de Rome après l’avoir obtenu…Qu’on veuille mettre le feu au derrière de tous les membres de l’Institut…soit… mais ce qu’il faudrait avant tout c’est que les œuvres nouvelles ne portent pas le nom de l’auteur et qu’on puisse juger la musique, l’esprit entièrement détaché de toute influence même inconsciente, ou de ce snobisme auquel n’échappent pas toujours les plus clairvoyants. Toute tentative d’un être doué doit être encouragée, d’où quelle vienne."
6 juillet :
La revue La Cloche illustrée fait paraître un article sur Caplet avec une caricature du compositeur
16 juillet : La Palme d'honneur est offerte à Caplet par les Havrais à l'occasion de son Prix de Rome
24 novembre
  : Un festival André Caplet est organisé au Havre salle du Théâtre-Cirque au cours duquel sont joués LEté pour deux solistes, chœur mixte et orchestre d’après Victor Hugo, Pâques citadines pour chœur mixte et orchestre/piano sur un texte du compositeur Bernard Crocé-Spinelli, et la cantate Myrrha. L'orchestre et les chœurs de la Société Sainte-Cécile, de l'Association Artistique des Concerts Populaires et de la Société chorale de La Lyre Havraise sont placés sous la direction de Caplet.
1902 24 ans Séjour à la Villa Médicis à Rome. Caplet y retrouve les pensionnaires français notamment Florent Schmitt ou Aymé Kunk dont Caplet dessine une caricature. Il fréquente également les autres pensionnaires tels Pierre-Victor Dautel (1873-1951) graveur sur médaille ou Victor-Oscar Guetin (1873-1916), peintre orientaliste (voir Iconographie) A cette époque, Caplet a pour "petite amie" la fille naturelle d'Abraham Sylvestre (?). Suivant le règlement de l'Institut de France, Caplet compose son premier "envoi" le poème symphonique Salammbô pour orchestre d'après Flaubert. Debussy avait projeté une partition sur le même sujet en 1886.
7 mars : La Société de musique moderne avec Georges Barrère joue à Paris la Suite persane
14 mai : La Société de musique moderne avec Georges Barrère donne un long programme au Havre : le Quintette pour piano et vents de Caplet est joué au-delà de minuit. Au même programme, le Quintette sur des thèmes populaires de Henry Woollett.
Compose les mélodies Poème de mai (Tu nous souriais) d'après le havrais Robert de la Villehervé et Green  d'après le poème de Verlaine. En 1912, Caplet orchestrera Green (Ariettes oubliées n° 5) de Debussy
1903 25 ans 18 avril : Marche triomphale et pompière pour le centenaire de la Villa Médicis dédiée au Membres de l’Institut. Caplet dirige l'Orchestre de l'Académie Sainte-Cécile avec la participation de Théodore Dubois. Outre des œuvres d'anciens Prix de Rome, le concert débutait par la Marche musulmane sur des thèmes populaires marocains de Florent Schmitt (Prix de Rome 1900). Les deux Marches sont dirigées par leurs compositeurs en présence des souverains italiens. Avec Florent Schmitt, Caplet s'adonne à des séances pianistiques que Schmitt relate avec enthousiasme : « Il y avait là André Caplet. Je revis avec joie ce charmant camarade. Alors radieux de force et de gaieté, l'esprit enclin à une mystification qui n'allait pas encore jusqu'au mysticisme, je ne me doutais guère qu'un jour, hélas ! il dût nous quitter si prématurément. Nous aimions la musique. Nous en abattîmes comme des forcenés, jouant et rejouant de nos quatre mains et à tour de bras les symphonies de Borodine et de Glazounov, voire celles, fort sérieuses de Bruckner et de Mahler, les poèmes de Strauss, de Balakirev, de Rimsky, les Nocturnes [de Debussy], toutes oeuvres qu'à cette époque, en dehors de mérites plus durables, avaient encore celui d'être un peu méprisées de leurs fanatiques d'aujourd'hui. » (L. Rohozinski, Cinquante ans de musique française, de 1874 à 1925, Editions musicales de la Librairie de France, Paris, 1928, tome 2, p. 414).  
21 avril : Paris, exécution par des membres de la Société Moderne du Quintette pour vents et piano
Composition de Légende  pour hautbois, clarinette, saxophone, basson et quintette à cordes (version de chambre) et pour piccolo, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, tuba, batterie, harpe et cordes (version orchestrale). Mélodies Il était une fois (Jean Richepin) ; Dans la fontaine et Papillons (Paul Gravollet)
André Caplet se lie d'amitié avec Florent Schmitt qui l'appelle son « charmant camarade » : « Nous aimions la musique, rapporte Schmitt. Nous en abattîmes comme des forcenés, jouant et rejouant de nos quatre mains et à tour de bras les symphonies de Borodine et de Glazounov, voire celles fort sérieuses de Bruckner et de Mahler, les poèmes de Strauss, de Balakirev, de Rimsky, les Nocturnes [de Debussy], toutes œuvres qui à cette époque, en dehors de mérites plus durables, avaient acore celui d'être un peu méprisées de leurs fanatiques d'aujourd'hui. » (Cité par Catherine Laurent in Florent Schmitt, Bleu nuit éditeur, 2012, p. 29)
1904 26 ans

C’est toujours en tant que lauréat du Prix de Rome que Caplet quitte l’Italie pour l’Allemagne. Il s’y rend pour suivre les cours de direction des grands chefs de l’époque : à Berlin Arthur Nikisch (1855-1922) alors chef permanent de l'Orchestre Philharmonique Philharmonique de Berlin  et à Dresde le wagnérien Félix Mottl (1856-1911), à Hambourg. Cet apprentissage du chef d'orchestre à l'étranger se fait au détriment des obligations du compositeur auquel l’Institut inflige un blâme pour ne pas avoir respecté le règlement concernant les « envois » de Rome. Trait d'indépendance de Caplet qui marque son hésitation entre la carrière de compositeur et celle de chef d'orchestre.
24 mars : La Société Moderne et Georges Barrère ouvre leur saison avec la Suite Persane : c'est la sixième exécution par cet ensemble. Aux Etats-Unis, Barrère inscrira régulièrement cette œuvre à ses programmes.

1905 27 ans 19 janvier : Création à Boston (?) de Légende (version orchestrale) [1]
Retour à la vie Parisienne. Caplet fréquente le groupe des Apaches  fondé peu après la création de Pelléas et Mélisande de Debussy, le 30 avril 1902. On imagine qu’il fréquenta le groupe par intermittence compte tenu de ses absences et de ses engagements comme chef d’orchestre à l’époque. Mais le seul fait qu’il ait été Apaches, à ses heures, suffit à montrer qu’il recherchait la compagnie de ceux qui, à un titre ou un autre, allaient marquer leur époque.  
1er décembre : décès à 11 heures du soir de Léon Henry Caplet au 87 rue Victor Hugo - Le Havre, âgé de 66 ans et 8 mois.
[1] D'après Michel Fleury, note du CD Naxos voir discographie
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28 ans 11 juin  "Monsieur,  Si vous le voulez bien, je vous attendrai demain matin (Mardi), à 11h.Mes remerciements et cordialement vôtre. Claude Debussy". François Lesure et Denis Herlin, dans la dernière édition de la correspondance de Claude Debussy[1] font remonter à l'année 1906 ce mot jusqu'alors daté du 19 février 1908.
Le ton poli laisse en effet supposer qu’il s’agit là de l’époque à laquelle les deux hommes ont probablement commencé à se fréquenter même si l’on peut imaginer facilement que Debussy devait connaître, au moins de nom, le jeune Caplet. Quel pouvait être le sujet de ce rendez-vous ? À cette date, on l’ignore. Ce qui importe, c'est que ce mot marque le début d'une amitié qui va marquer la vie et l'œuvre des deux hommes. Consultez Debussy pour des détails sur les rapports entre les deux hommes et surout le chapitre "Transcrire et orchestrer : l'amitié d'André Caplet et de Claude Debussy" par Denis Herlin in le livre publié par la Société française de musicologie (p. 75-114).
[1] Debussy Claude, Correspondance, 1872-1918. NRF Gallimard, Paris, 2005, édition établie par François Lesure et Denis Herlin et annotée par François Lesure, Denis Herlin et Georges Liébert.
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29 ans 1er janvier : Caplet commence à rédiger un journal qui témoigne de ses doutes et de son état dépressif. "Je voudrais chaque soir faire le bilan de la journée et ainsi mieux me rendre compte de ce que je fais, et peut-être aussi trouver là un encouragement pour les jours qui suivent. J’en ai tant besoin d’encouragement ! Je me rends fort bien compte que je joue en ce moment dans la vie le rôle d’un pantin dont la ficelle aurait été cassée. Depuis mon enfance cette ficelle s’est passée de main en main, et ce n’est pas que depuis le jour où j’ai dû danser « tout seul » que je n’ai plus dansé. C’est là, je crois, tout le secret de la neurasthénie dont je me suis abreuvé depuis quelques années. Mais peut-être cette neurasthénie aura-t-elle sur moi un effet salutaire ? Qui sait ? En tout cas, je crois fermement que si j’arrive à prendre « le dessus » de cette mauvaise passe, j’en ressortirai beaucoup plus fort, beaucoup plus solide et qu’alors je serai en « meilleure posture » pour écrire les œuvres que je rêve d’écrire. Petit à petit je tâcherai de retracer ce qu’a été ma vie jusqu’alors. Cela me servira d’enseignement pour l’avenir (en admettant bien entendu que je persiste dans la tenue de mon Livre)". Ce journal ne sera pas poursuivi, semble-t-il au-delà de 36 pages et s'arrête au 26 février. Il est reproduit intégralement dans le livre publié par la Société française de musicologie au chapitre "Caplet par lui-même" (p. 457-473).
26 octobre : Lettre de Debussy à Georges Jean Aubry : «  J’ai vu Mr André Caplet dont le goût m’a paru assez sûr pour que je lui laisse toute liberté  d’organiser l’audition que vous voulez bien réserver à Claude Debussy ». 
17 novembre
:  Caplet vient diriger deux cantates (n° 72 et ?)  et le Concerto Brandebourgeois n° 3 de Bach au temple protestant du Havre. C’est une révélation pour le jeune Arthur Honegger qui d’emblée entame la composition de son Oratorio du Calvaire.
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30 ans 29 février : Debussy à Jacques Durand : « La mer est complètement démontée, Caplet va de pianiste en pianiste, comme on va de plage en plage »
2 mars :
Cercle Amicitia, œuvres diverses dont une de Caplet
5 mars
 : Debussy à Jean-Aubry : « On joue demain l’arrangement que Caplet a fait de La Mer pour deux pianos (six mains). Il a déployé  à cette occasion une énergie et un entrain purement admirables. »
6 mars : Dans le cadre d’un Cercle musical fondé en 1906 par le jeune violoniste Charles Domergue, les pianistes Marcel Chadeigne, Auguste Delacroix et Roger Ducasse jouent la transcription de Caplet dans une relative indifférence. Dans la revue Comœdia, cependant,  « L’Ouvreuse », toujours à l’affût, remarque que cette transcription « est tout à fait remarquable pour ce qu’on y retrouve presque les sonorités de l’archet. » Debussy avait lui-même réalisé une réduction pour piano à 4 mains qui avait été déclarée injouable après l’exécution du Dialogue du vent et de la mer le 6 février 1906 par Auguste Delacroix et Armand Petit.
Lettre de son maître Xavier Leroux qui demande à Caplet de le remplacer pour donner un cours au Conservatoire
1er avril :
Debussy à Jean-Aubry : "Hier, pour la première fois, j’ai entendu deux mélodies[1] d’André Caplet sur des vers de G. Jean-Aubry.J’en aime beaucoup la musique et ne désespère pas d’en aimer autant les vers, quand Madame Mellot-Joubert [2] qui a pourtant une jolie voix voudra bien y joindre une articulation plus nette. Ce Caplet est un artiste. Il sait trouver l’atmosphère sonore et, avec une jolie sensibilité, a le sens des proportions ; ce qui est beaucoup plus rare qu’on ne le croit, à notre époque de musique bâclée, ou hermétique comme un bouchon ! ».
2 avril : mariage de Maurice Caplet, frère d'André avec Blanche Weil à Paris 9ème.
22 avril : Sous l’égide du Cercle de l’art moderne, un concert hommage à Debussy est donné au Havre avec le concours de Jane Bathori et Ricardo Viñes.
24 avril : Debussy remercie Jean-Aubry de l'hommage rendu par les Havrais et ajoute en post-scriptum : « L’illustre Caplet m’a bien apporté des cigarettes, mais il est en possession d’une sœur ; celle-ci me vaut de ne plus le voir du tout… ». A cette époque Caplet habitait 29, rue du Château à Neuilly. Mais lorsqu'il allait au Havre, peut-être logeait-il chez sa sœur Jeanne.
18 mai : Debussy à Caplet : "Caplet vous êtes très gentil...mais : "Caplet vous n'êtes qu'un vilain" comme disait Charles d'Orléans en parlant de "l'Yver". M'expliquerez-vous jamais cette disparition subite ? A moins que vous n'ayez été enlevé par des femmes turques ou que vous mettiez le Bottin en musique , je ne vois aucune excuse ?"
21 mai : Debussy et Caplet assistent
à l’Opéra à une représentation de Boris Godounov organisée par Diaghilev et Gabriel Astruc. Chaliapine tenait le rôle titre tandis que les chœurs du Grand Théâtre impérial de Moscou et l’orchestre de l’Opéra étaient sous la direction de Félix Blumenfeld. On imagine combien les deux amis discutèrent de la partition quand on sait que Debussy, si l'on en croit Ravel, encourageait à aller écouter Boris en ces termes : « Allez voir ça, tout Pelléas s’y trouve ! »
18 juin : Debussy rapporte à Jacques Durand qu’il a vu Caplet afin de revoir l’orchestration de la cantate qui lui a valu de remporter le Prix de Rome en 1884 : "J’ai vu Caplet qui veut bien m’aider un peu à revernir l’Enfant Prodigue ; cela ira donc assez vite et nous serons débarrassés de cet illustre revenant." Deux exemplaires de l’édition piano-chant de la cantate avaient été effectivement annotés par Caplet [3] en vue de revoir l’orchestration originelle. Effectivement, Durand publiera le 27 novembre cette nouvelle version de l’œuvre. On peut donc dire que c’est à partir de cette année 1908 que Debussy trouve en Caplet non plus seulement un ami mais un collaborateur dévoué dont il avait pu déjà apprécier la qualité du travail à l’occasion de la transcription de La Mer. Le « donc assez vite » n’est-il pas révélateur ?   
Composition à Criquebeuf-en-Caux de l'Etude symphonique pour harpe et cordes d'après le Masque de la mort rouge d'Edgar Poë. Cette partition sera reprise en 1923 pour harpe et quatuor à cordes sous le titre de Conte fantastique. Cette partition répondait à une commande de Gustave Lyon qui avait mis au point pour la maison Pleyel une harpe chromatique sans pédales mais avec deux rangées de cordes. Gustave Lyon a également commandé pour son instruments des partitions à Debussy (Deux Danses, profane et sacrée, 1904), à Florent Schmitt (Andante et Scherzo pour harpe chromatique et quatuor à cordes, 1906).  

[1] Extraits des Paroles à l’absente : Ce sable fin et Angoisse.
[2] Cette même chanteuse reprendra ces mélodies dans leur version avec orchestre sous la direction de Rhené-Baton à l’occasion d’un concert organisé par l’éditeur Durand, le 9 mars 1910.
[3] Cette collaboration explique sans doute le fait que par la suite Caplet dirigera à plusieurs reprises cette cantate, notamment à Boston.

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31 ans 7 mars : création de Légende, Etude symphonique d'après le Masque de la mort rouge de Poë aux Concerts Colonne, Mme Lucille Wurmser-Delcourt (harpe), direction Gabriel Pierné. Création mal accueillie par la presse comme par le public.
8 mars : Louis Schneider (Gil Blas) : « Je crois que M. Caplet fait fausse route : cet élève de MM. Th. Dubois et Xavier Leroux, prix de Rome, a voulu se libérer de la forme de l'école et il verse maintenant dans l'imitation de Debussy. C'est à nous de crier "casse-cou" ! M. André Caplet est un excellent musicien, mais sa Légende n'est pas de la musique, c'est du bruit, c'est tout ce qu'on voudra, sauf de l'idée ; cela peut être du Debussy exaspéré ; et ce n'est que quelque chose de maladif et d'imprécis, aegri somnia [rêve de malade] disait notre bon Horace. Le public a houspillé cette Légende inspirée d'Edgar Poë ; il a fait fête à Mme Wurmser-Delcourt, qui a joué cette page ultra-difficile avec un sens musical étonnant, avec une sûreté impeccable ; elle avait à son service une de ces harpes chromatiques dont nous devons l'invention à M. Gustave Lyon ; l'instrument est sonore, il permet des traits qu'ignore l'autre harpe. En somme, la cause de la harpe chromatique a été gagnée par Mme Wurmser-Delcourt devant le public ; la jeune harpiste n'en a que plus de mérite ; car il était difficle de tirer son épingle du jeu avec une oeuvre telle que cette Légende. »
19 mars : Luc Marcy dans le Monde musical : "On peut s'étonner qu'un jeune Prix de Rome, qui a, par ailleurs, donné des preuves indéniables de sa réelle musicalité, ait songé, à moins d'admettre l'idée d'une paradoxale espièglerie, traduire en œuvre de musique pure, avec partie prépondérante pour la harpe, l'instrument élégiaque et caressant par excellence, le bizarre, diabolique et malsain conte d'Edgar Poë [...]. Il essaya pourtant au prix de dissonances déchirantes, de farouches et raboteux accouplements de timbres suivant un plan musical qui demeure une énigme pour tout esprit non initié".
27 avril : Séance de musique ancienne et moderne pour harpe (Mme Wurmser-Delcourt) salle Pleyel. Au programme des œuvres de Caplet dont Légende, l'Etude Symphonique d'après Poe sous la direction de Caplet. Pour tous les détails concernant cette oeuvre voir la page Conte fantastique.
30 avril : Auguste Mangeot dans le Monde musical tempère la réaction de son confrère Luc Marcy : "On se souvient du tumulte que provoqua le mois dernier au Concert Colonne, dans le public et dans la presse, la Légende pour harpe et orchestre de M. A. Caplet [...] On ne s'explique guère le mauvais accueil qu'elle reçut à son début [...]. Avec un orchestre très réduit et un instrument principal significatif, elle crée bien "l'atmosphère haletante de terreur et d'épouvante" qui prépare l'action ; sans tomber dans les détails inutiles...". Dans son excellente étude sur le Conte fantastique, Claude Hauteneuve [1] fait référence à  une lettre non datée de Caplet à Florent Schmitt  : "J'ai songé déjà à l'illustration musicale de cette histoire extraordinaire d'A. E. Poë en vue du ballet russe (Fokine, Nijinski, Consort et quanti). Il est même entendu que l'on donnera ce ballet à Boston où la troupe russe doit venir en représentation". Ce projet émis vers 1911-1912 n'aboutira pas, hélas.
26 juin : Debussy à Jacques Durand : "Caplet vient de partir pour Criquebeuf-en-Caux avec l'intention de beaucoup travailler. Il va être tout seul pendant trois mois, l'animal !"
9 septembre : Debussy à Caplet : "Je reçois une épreuve de Rondes de Printemps avec une fiche de votre main puissante mais légère, par laquelle vous me demandez des renseignements sur des points douteux...[...]. Ici, on parle de vous, une fois par jour au moins, vous ne direz pas que nous ne pratiquons pas la religion du souvenir. J'espère que vous êtes content de la vie en général et de la musique en particulier"
Dans les mois qui suivent, Caplet corrige les épreuves des Images pour orchestre.
21 septembre : Debussy à Caplet à propos des Rondes de printemps : "Vous êtes : "l'ange des Corrections", "l'Avocat Général des oublis" et vous savez joliment bien compter !  Ne vous ayant pas près de moi je n'ai pu que lire  votre arrangement. Il me semble parfait, accompli, utile, dulci, tutti quanti, merci, merci ! Allez-vous encore pendant longtemps préférer la société de Madame la Mer et de ses filles, Mesdemoiselles les Vagues, à cette délicieuse société parisienne dont le fiévreux dilettantisme est si particulièrement délicieux ? "
A l'automne, Caplet reste en Normandie, Criquebeuf-en-Caux, où il contracte une grave pleurésie : épreuve douloureuse sur le plan physique, mais aussi sur le plan moral. Isolé dans son village normand, Caplet a dû « broyer du  noir », philosopher sur le sens de la vie et de la mort et se poser des questions d’ordre spirituel. Cette même maladie emportera Caplet en avril 1925.
25 novembre : Le courrier que lui envoie Debussy laisse clairement supposer que Caplet vit une crise morale et nous fait regretter de ne pas posséder la lettre qui le motive : "Vous parlez en digne spiritualiste de « notre enveloppe »  mais j’espère que vous voudrez bien nous la précieusement conserver, ne voyant aucune nécessité à ce que nous allions retrouver la poussière des siècles, et faire partie – on ne sait jamais –, d’un de ces vilains monuments que nos petits-fils déclarent d’utilité publique. Avant que ne vous tombe cette fâcheuse maladie, avez-vous pu travailler ?"
Travailler à quoi ? Il s’agit du Septuor pour quatuor à cordes et trois voix de femmes qui sera créé le 20 avril 1910 au premier concert de la SMI.
8 décembre : La lettre de Debussy du 8 décembre adressée à Caplet au Havre, 6, rue Bernardin-de-St.-Pierre montre que la santé de Caplet ne s’arrange guère :  "Votre lettre me peine, plus que je ne puis le dire, cher André Caplet ; les dernières nouvelles données par J. D.[2] étaient si rassurantes que je m’attendais tous les jours à revoir ces sympathiques bottines rouge-jaune dont, depuis si longtemps je n’ai entendu le joyeux rythme. Je sais bien qu’on ne fait pas ce que l’on veut dans la vie, mais ne pouvait-on rendre votre maison supportable pour un temps, pour éviter ce transport fâcheux et l’état de faiblesse forcé qu’il devait vous causer ?".
29 décembre : Debussy à Caplet : «Voilà qui va des mieux, cher André Caplet, votre lettre me remplit d’une joie forte, et si vous n’en percevez pas le bruit, accusez-en la distance mais pas la sincérité. Maintenant il me paraît indispensable que vous suiviez scrupuleusement les conseils de votre médecin pour l’avenir ? Ces gens-là sont subtils et méchants, et à ne pas les écouter on risque de s’attirer leur sourde vengeance. Il faudra que la Maison Madeleine (place Durand) vous aide en cela, naturellement je vous y aiderai comme vous l’entendrez.[…]  N’allez pas vous rendre malade pour cause de Septuor ! Je sais bien qu’il est difficile d’attendre à votre âge ! Certainement vous avez dû trouver des choses ingénieusement belles et vous voulez les cueillir… Pourtant : remerciez le hasard (même fâcheux) qui vous a fait retarder d’en respirer l’odeur."
31 décembre : Debussy à Caplet : "Cher André Caplet, jamais des vœux n’auront plus de sincérité et d’affectueuse sollicitude dont je vous prie d’accepter le pâle reflet, puisque vous n’êtes pas là, et que la lettre adressée à ma femme parle d’un départ prochain pour Beaulieu ? C’est navrant, cher André, de ne pas vous voir avant votre départ, mais je pense que ce la vaut mieux surtout pour vous, et vos amis s’en pourront consoler, en pensant que cela leur fera retrouver ce vieux et solide Caplet, tout neuf ! C’est égal, je ne m’habitue pas à l’idée de ne pas vous voir. Cela gâte singulièrement cette fin d’année."
Dans la lettre que Debussy adresse le même jour à Jean-Aubry, il laisse en revanche percer son inquiétude : "Les dernières nouvelles de Caplet n’étaient pas très rassurantes, d’ailleurs je ne suis pas sûr de leur véracité ; vous seriez mille fois bon si vous pouviez me dire ce qui se passe pour ce pauvre ami… réellement ? Il a écrit à ma femme, des choses pas gaies, et qu’il doit partir pour Beaulieu au plus vite. Je n’aime pas beaucoup que l’on expédie les gens aussi brusquement ; généralement cela cache de mauvaises heures, ou une fin trop triste…
Le convalescent Caplet envisageait donc de se rendre à Beaulieu-sur-Mer profiter en plein hiver d’un climat méditerranéen plus sec que celui de Normandie. L’air et le soleil de la Côte d’Azur devaient se charger de réparer les poumons malades. La commune de Beaulieu était réputée pour offrir un climat hivernal exceptionnel et était fort fréquentée par des têtes couronnées et des personnalités de la haute société. Gustave Eiffel y avait séjourné et en 1902, l’archéologue Théodore Reinach avait fait construire la villa grecque Kérylos que l’on visite encore aujourd’hui. Mais le projet sera écarté au profit d’Arcachon.
[1] in Hauteneuve Claude, voir bibliographie
[2] Jacques Durand.  
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32 ans 29 janvier :  Une lettre de Debussy nous renseigne sur le fait que Caplet s'est installé Villa Riquet à  Arcachon. Cette villa, située dans la « Ville d’hiver » est située sur une dune près du parc Péreire. Arcachon accueillait alors les enfants tuberculeux et disposait de sanatoriums et de préventoriums. Il ne faisait pas bon séjourner à Paris en ce mois de janvier 1910 du fait que la ville subissait d’énormes inondations dues à la crue de la Seine.
10 février : Emma Debussy à Caplet [1] précise : "Pourquoi faut-il que ce séjour à Arcachon ne soit pas ce que vous espériez et que nous souhaitions plein de douceurs pour vous ? J’ai aussi été dans cette même Villa Riquet lorsque j’étais enfant. Elle doit être bien changée depuis… Mais sa situation a dû rester aussi bienfaisante. Vous voyez que je suis toute prête à dire le plus grand bien de ces vieux pins et de ce sable tant nous les aimons – presque à même envier votre sort."
25 février : Lettre de Debussy à Caplet à propos de la création d'Iberia adressée cette fois à la villa « Les Coquelicots » située dans le même quartier que la villa Riquet[2]. Voir les photos de ces 2 villas.
2 mars : Durand inaugure les Concerts Durand. Rondes de Printemps, troisième volet des Images est créé le 2 mars sous la direction de Debussy aux Concerts Durand. Si l’on en croit les Souvenirs de Jacques Durand  [3] c’est probablement Caplet qui aurait été sollicité pour assurer cette création.
7 mars : Exécution de la Suite persane par le Barrère Ensemble à New York.
9 mars :  Dans le cadre des Concerts Durand sont créés Deux Poèmes : Préludes et Angoisse
pour voix et orchestre de Caplet chantés par Charlotte Mellot-Joubert sous la direction de Rhené-Baton. Debussy les avait découverts en 1908 dans leur première version avec piano par la même chanteuse en estimant sa diction imparfaite. Les Poèmes de Caplet Préludes et Angoisse sont  extraits des Paroles à l’absente sur des textes de son ami Georges Jean-Aubry.  
1er avril : Fondation par Maurice Ravel de la SMI (Société Musicale Indépendante). Caplet fait partie du comité fondateur. Cela laisse à penser que Caplet est de retour à Paris après dix mois d'absence.
20 avril : premier concert de la SMI, salle Gaveau. Au programme une transcription pour piano à 4 mains du « Chœur des faucheurs » extrait du Prométhée de Liszt, des mélodies de Maurice Delage, des pièces pour piano de Zoltan Kodaly, le Cahier d’esquisses de Debussy, La Chanson d’Eve de Fauré, Ma mère l’Oye de Ravel et la création du Septuor pour cordes vocales et instrumentales (premier mouvement seulement) de Caplet par Mme Rose Féart, Loth, Chadeigne et le quatuor Geloso.
juin : La couverture du numéro de juin de la revue Musica est consacrée à  "Une lecture à la Société de Musique Indépendante" rassemblant Louis Aubert, Alfred Zunz Mathot, Maurice Ravel, André Caplet, Charles Kœchlin, Emile Vuillermoz, Jean Huré. Assis au piano : Gabriel Fauré et Roger-Ducasse. Voir Iconographie
2 mai : Caplet reçoit 200 francs des éditions Durand pour sa réduction à deux pianos des Images pour orchestre de Debussy.
4 juin : Caplet reçoit des éditions Durand la somme de 1000 francs pour son orchestration de Children's Corner  de Debussy.
28 juin ; Debussy : "Jacques [Durand] m'a informé que vous bostonniez avec passion". C'est, en effet à cette période que Caplet est sollicité par le directeur de l'opéra de Boston Henry Russell pour venir diriger.
Aventure passionnante pour le chef d’orchestre dirigeant à l'opéra de Boston mais qui enlèvera beaucoup de temps au compositeur et qui, de surcroît, éloignera Caplet de Paris de novembre à mars au cours des années 1910 à 1914.
Eté : Caplet, par l'intermédiaire d'Edouard Colonne, est appelé auprès de la danseuse Isadora Duncan pour l'accompagner au piano dans son travail quotidien. Elle résidait alors dans le château de son amant Paris Singer dans le Devonshire. Si l'on en croit l'autobiographie de Duncan, Caplet nourrissait pour elle un sentiment amoureux qui remontait à ses prestations données au début de l'année à la Gaîeté-Lyrique avec le concours des Concerts Colonne. Caplet y tenait le poste de premier violon. Il fut accueilli avec réticence par la danseuse qui détestait son physique "si antipathique que j'éprouvais une véritable répulsion quand le je regardais ou que je touchais sa main". A la faveur d'une escapade rocambolesque, Isadora  Duncan inscrira subitement André Caplet au tableau de chasse très impressionnant de ses amants. Lire le récit sur la notule du dictionnaire.
À l’automne  1910, les choses se précisent. Caplet désireux de « séduire la Gloire une fois pour toute » (Debussy) ne veut pas partir les mains vides et réclame à Debussy une faveur. Celui-ci en fait naturellement écho à son éditeur Durand dans une lettre du 1er octobre :
1er octobre : "Caplet en partance pour l’Amérique est venu me demander s’il était possible de lui réserver la première audition de Children’s Corner (suite d’orchestre) à Boston, où il doit diriger des Concerts symphoniques ? Il attache beaucoup d’importance à cela, et compte séduire la Gloire une fois pour toutes. Y voyez-vous quelqu’inconvénient ? Le premier concert a lieu le 10 Novembre prochain[4], il voudrait donc avoir partition et matériel en temps utile pour le susdit concert. Naturellement, son sort est entre vos mains ! "
17 octobre : Lettre enthousiaste de Caplet adressée de Boston à ses proches : "Mes petits agneaux, Je vous trouve très muffles (sic) !!!? Comment ? Pas un mot à mon arrivée à New-York ! Pas un mot à Boston ? J’aurais pu crever comme un pauvre chien, sans la moindre pensée de votre part ! Mais je ne suis pas mort. Je suis en vie et même très en vie ! Je ne puis m’imaginer avoir dépassé la seconde banlieue de Paris ! C’est vous dire que je ne suis pas le moindrement malheureux. Décidément je n’ai ni le sentiment, ni  la perception du temps et de la distance. Je suis occupé et préoccupé un peu par mes « débuts ». Dès que j’aurai pris le « courant » je trouverai j’en suis sûr… (Lettre incluse dans Zodiaque  n° 107)
10 novembre : Création à New York de Children's Corner de Debussy dans l'orchestration de Caplet.
14 novembre
: Gounod, Faust (NB : les exécutions dans cette couleur se réfèrent à Boston Pour les détails consulter ici)
16 novembre : Debussy, L'Enfant prodigue
21 novembre : Lettre de Debussy à Caplet lui demandant de le renseigner sur l'exécution de Children's Corner qui porte grâce à son orchestration "un si somptueux vêtement. Je me demande même si il saura se bien comporter dans ce nouveau jeu  ? Et je serais désolé qu'il y parût prétentieux ! Malgré cela je garde toute confiance en vous." Un peu plus loin, Debussy fait part de son départ pour Vienne et de Budapest et regrette que Caplet ne soit pas là pour diriger à sa place.
2 décembre : Debussy, L'Enfant prodigue
3 décembre :  Gounod, Faust
5 décembre : Debussy, L'Enfant prodigue
14 décembre : Laparra, La Habanera
19 décembre : Bizet, Carmen
23 décembre : Laparra, La Habanera
30 décembre : Bizet, Carmen
31 décembre : Debussy, L'Enfant prodigue
[1] Les liens d’amitié étaient tels entre Caplet et les Debussy qu’une correspondance était échangée directement entre Caplet et Emma.
[2] La villa Riquet existe toujours et a été transformée en résidence. Elle porte aujourd’hui le nom d’Oceanic. Ce quartier de la Ville d’hiver regroupait autour du Casino mauresque (1863) un grand nombre de villas et… deux laiteries qui distribuaient du lait de vaches aux vaccinées. Cette ville d’hiver était marquée par la musique avec les allées Beethoven, Carmen, Lakmé. On trouvait des villas Mozart, Meyerbeer… Faust, Marguerite, Siebel, traces du séjour de Gounod. Je remercie Noël Courtaigne pour ces informations disponibles sur son très beau site http://leonc.free.fr/ .
[3] Jacques Durand organisa une série annuelle de concerts – les Concerts Durand – qui furent donnés régulièrement en février-mars des années 1910-1913. En 1910, les concerts eurent lieu les mercredis 16, 23 février, 2 et 9 mars. Jacques Durand rapporte dans ses Souvenirs : « D’abord je fis choix, pour ces concerts, des deux orchestres parisiens qui avaient toujours ouvert leurs portes aux manifestations artistiques modernes les plus intéressantes, où la pléiade des musiciens français d’après 1870 avait fait exécuter ses œuvres : les Associations des Concerts Colonne et Lamoureux. Puis, je décidai que les auteurs, qui le voudraient, dirigeraient leurs compositions. Pour chef d’orchestre en titre, je voulais des jeunes. Après mûres réflexions, je portai mon choix sur des compositeurs que je savais avoir le goût et le vif désir de diriger, mais qui cherchaient à faire leurs preuves : André Caplet et Rhené-Baton. […] André Caplet vint à tomber gravement malade, il dut s’absenter de Paris pendant de longs mois ; ce fut Rhené-Baton qui assuma la direction de tous les programmes. »
[4] Nous verrons que Caplet dirigera à cette date son orchestration de Children’s Corner mais à New York. Boston attendra le 5 février 1911. C’est Debussy, lui-même, qui assurera la première parisienne le 25 mars 1911 au Cercle musical.
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33 ans 14 janvier : Bizet, Carmen
19 janvier : Bizet, Carmen à Springfield
25 janvier : Bizet, Carmen
3 février : Gounod, Faust
4 février : Bizet, Carmen
5 février : "First Grand operatic Concert" Seconde partie dirigée par Caplet SaintDebussy, Children's Corner
14 février :
Lettre de Debussy à Caplet adressée à Caplet Hemenways Chambers, Boston, Etats-Unis. Dans cette lettre, Debussy  rapporte qu'il a vu Carmen de Bizet à Vienne que Caplet dirige alors à Boston non sans rencontrer de difficultés "malgré les aides". "Mais vous avez au plus haut degré les belles qualités de ténacité, particulières à votre race, auxquelles vous ajoutez un prodigieux instinct de la musique. Je suis donc sûr que nous pouvons crier : "Vice la France ! et Vive Caplet ! en toute assurance. (Ça fait toujours plaisir.)" Plus loin, Debussy annonce sa collaboration avec Ida Rubinstein et Gabriele d'Annnunzio "une sorte d'irrésistible tourbillon. Le tout s'appellera Le Martyre de Saint-Sébastien. [...] Parmi les bons petits camarades que vous connaissez, on me fait l'honneur d'organiser des paris sur mon peu de chances à réussir une entreprise aussi périlleuse. Pour l'instant je ne peux rien dire de précis mais je crois que cette histoire aura de quoi vous intéresser par la suite." De fait, nous verrons que dès son retour de Boston début avril, Caplet sera littéralement happé par Debussy pour achever la partition du Martyre et en assurer la direction le 21 mai..
15 février : Massenet, Manon
18 février : Debussy, L'Enfant prodigue
20 février : Massenet, Manon
25 février : Delibes, Lakmé
28 février : Concert de musique française
1 et 6 mars : Delibes, Lakmé
11 mars :
Bizet, Carmen 
18 mars : 
Debussy, L'Enfant prodigue
19 mars : concert codirigé avec Wallace Goodrich et Arnaldo Conti
25 mars
: Massenet, Manon ; Debussy assure au Cercle musical la création parisienne de Children's Corner dans l'orchestration de Caplet
? avril : Lettre de Gabriele d'Annunzio à Debussy : "J'ai vu Caplet et il m'a inspiré de suite la plus chaude sympathie"
5 mai : Lettre de Debussy à Caplet à propos du remplacement de Melle Féart par Melle Ninon Vallin dans le rôle de la Vox celestis du Martyre.
22 mai : création au Châtelet du Martyre de Saint-Sébastien de Debussy sous la direction de Caplet, costumes et décors de Léon Bakst, mise en scène d'Armand Bour, chorégraphie de Michel Fokine pour le rôle du Saint, Désiré-Emile Inghelbrecht chef des chœurs et du chant, secondé par Marcel Chadeigne et Emile Vuillermoz, (3 Apaches !). Dix représentations jusqu'au 1er juin (relâche le 25 mai). [1]
24 mai : édition par Durand de l'orchestration par Caplet de Children's Corner de Debussy
15 juin : dédicace de Debussy sur la page de titre de la réduction pour chant-piano du Martyre de Saint-Sébastien parue deux jours plus tôt chez Durand : "Pour André Caplet qui est un merveilleux chef d'orchestre et dont l'amitié m'est précieuse infiniment. Son vieux Claude Debussy, 15 juin 1911".
25 juin : Debussy dirige à Turin l'orchestration de Caplet de Children's Corner
30 juillet, Jeanne, sœur aînée de Caplet, âgée de 41 ans, décède au Havre probablement après une longue maladie si l'on en croit la lettre de Debussy du 31.
31 juillet : Debussy à Caplet : "Enfin voilà votre sœur délivrée de l'odieux cauchemar qu'était la vie pour elle.
15 août : A l'occasion de la réception des épreuves par la maison Durand, Debussy rappelle à Caplet "les instants précieux des premières répétitions - elles où nous étions les maîtres -. Je crois pouvoir assurer que c'est un des mes souvenirs les meilleurs et le plus fort. Cela je vous le dois, sans aucune contestation possible." Caplet sera mis une nouvelle fois "à l'épreuve" - c'est le cas de le dire - et rendra son travail à Debussy début octobre.
Si l'on s'en rapporte au courrier de Debussy, Caplet réside alors à l'Abbaye Saint-Wandrille-Rancon en Seine-Maritime près de Caudebec-en-Caux.
8 septembre : Debussy et Caplet assistent au Théâtre Sarah Bernhardt à une représentation de La Dame de Montsoreau  d'Alexandre Dumas et son nègre Auguste Maquet
22 octobre : Lettre de Debussy à  Henry Russell déclinant, bien malgré lui, son invitation à venir diriger Pelléas à Boston, probablement sur le conseil de Caplet. Debussy qui ajoute : "Lors des représentation de St Sébastien, j'ai vu mon ami André Caplet à l'œuvre et, c'est une aventure assez rare dans la vie d'un "exécuté" que celle où l'on peut assister au travail  des répétitions - généralement si maussade, - sans aucune espèce de crainte ; d'ailleurs vous connaissez ses dons de chef d'orchestre-né, sa merveilleuse entente de cet art si complexe et si délicat ? et il aime profondément Pélléas... Ne vous semble-t-il pas que voilà de bien belles garanties ?"
17 novembre : Dans cette lettre à André Caplet, Debussy démoralisé fait part de son renoncement à venir diriger Pelléas à Boston. Il laisse clairement entendre, sans la nommer, qu'Emma est la cause de son refus. D'où ce post-scriptum : "Pourtant, il ne serait pas impossible, en faisant un léger effort que je puisse partir seul... Mais voilà, je n'ose pas !" Faut-il rappeler que les Debussy n'étaient pas riches et que la pension que touchait Emma Bardac de son premier mari ainsi que les droits sur les œuvres publiées par Jacques Durand  constituaient leurs seuls revenus. C'est donc Caplet qui assurera la direction de Pelléas le 10 janvier prochain.
27 novembre :
Saint-Saëns : Samson et Dalila ; Exécution par le Barrère Ensemble à New York, de l'arrangement pour sept instruments à vent par Caplet de la Danse villageoise (Pièce pittoresque n° 7 pour piano) d'Emmanuel Chabrier. A. Walter Kramer, critique de la revue Musical America, trouva cet arrangement "Delightful", "enjoyable" et "pleasing".
30 novembre :
La revue Le Monde musical (23e année n° 22) fait sa une de couverture illustrée par une photo d'André Caplet.
2 décembre
: Bizet, Carmen
3 décembre : Saint-Saëns : Samson et Dalila (acte I)
6 décembre : Massenet, Thaïs
9 décembre : Saint-Saëns : Samson et Dalila
11 décembre : Bizet, Carmen
13 décembre : Gounod, Faust
15 décembre : Saint-Saëns : Samson et Dalila
16 décembre : Massenet, Thaïs
17 décembre : Concert codirigé avec Wallace Goodrich
22 décembre : Debussy à Caplet : "J'ai lu que vous aviez magnifiquement dirigé Samson et Dalila ! Vous êtes capable de tout, même de ressusciter des crocodiles empaillés.[...] Jacques Durand et moi avons pris la résolution de ne pas donner Gigues cette année... Nous attendrons le printemps prochain, où J. D. doit organiser de nouveaux concerts d'orchestre. Nous espérons que André Caplet voudra bien nous prêter son concours ? Donc les susdites Gigues seront dirigées par lui ? Si vous le voulez bien, nous appellerons cela "une bonne nouvelle." Et Debussy de poursuivre : "Chouchou continue à être une brave petite fille qui n’oublie pas son vieux Caplet. Elle en parle à des gens qui ignorent tout de cet illustre capelmeister (sic), ce qui la fait les juger immédiatement comme une sorte d’Iroquois barbares. Satie n’a pas eu encore les dix minutes nécessaires à son voyage en Amérique, mais il parle de vous et prétend qu’un vrai Normand ne pourra jamais s’habituer à des Américains et que bientôt vous cesserez cette plaisanterie qui consiste à vous croire obligé d’aller passer six mois chez eux – je suis entièrement de son avis [2]. – Vous ne pensez pas avoir  un moment vers Noël pour faire le réveillon avec nous ? Tout de même, c’est vraiment trop au bout du monde, votre Boston ! Pensez qu’à vous, mon ami le plus cher, je suis obligé de vous envoyer, par écrit, de vœux que la longueur du trajet, l’humidité de l’Océan, auront forcément refroidis. Enfin nous aurons notre jour et ce jour-là, nous mettrons les bouchées doubles "
27décembre
: Bizet, Carmen

[1] Pour plus de détails, on se rapportera au numéro spécial 234 de la Revue Musicale consacrée au Martyre de Saint-Sébastien de la création 1911 à la reprise à l'Opéra de Paris 1957.
[2] Dans une lettre à Jacques Durand du 16 janvier relative à la création de Pelléas à Boston, Debussy insiste : « Entre nous, Mr Russell et les gens de Boston m’ont tout l’air d’avoir définitivement  trouvé, la seule manière de représenter Pelléas. Que voulez-vous, je me défie encore, les Américains ne sont peut-être que des Marseillais d’outre-mer. N’ont-ils pas inventé le « Bluff » qui est si voisin de l’esprit du Midi. »

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34 ans

Tout l’hiver, Caplet est pris par ses nombreuses activités à Boston et ses liens avec la capitale française sont réduits.
4 janvier : Maeterlinck à Russell  : "La piété avec laquelle M. Caplet recherche les plus subtiles, les plus fugitives nuances de ma pensée sous la musique qui la recouvre m'a ému plus que je ne saurais le dire".
10 janvier : Debussy, Pelléas et Mélisande. Georgette Leblanc, maîtresse de Maurice Maeterlinck, chantait enfin le rôle de Mélisande après avoir été écartée au profit de Mary Garden de la création en 1902 à l'Opéra comique et des représentations de janvier 1907 au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles.
13 janvier : Debussy, Pelléas et Mélisande
19 janvier : Debussy, Pelléas et Mélisande
21 janvier : Concert codirigé avec Wallace Goodrich
22 janvier : Debussy, Pelléas et Mélisande ; Le flûtiste Georges Barrère joue avec le Barrère Ensemble la Suite Persane de Caplet à New York.
26 janvier : Gounod, Faust
28 janvier : Concert Co-direction Wallace Goodrich et Roberto Moranzoni
30 janvier : Fauré, Pelléas et Mélisande. Représentation scénique du drame de Maeterlinck
2 février : Massenet, Manon
5 février : Massenet, Manon
10 février : Gounod, Faust
24 février : Saint-Saëns : Samson et Dalila
1 mars : Massenet, Werther
2 mars : Bizet, Carmen
4 mars : Massenet, Werther
6 mars : Debussy, L'enfant prodigue
7 mars : Gounod, Faust
8 mars : Massenet, Thaïs
11 mars : Debussy, L'enfant prodigue
13 mars : Bizet, Carmen
16 mars :  Massenet, Thaïs
22 mars : Laparra, La Habanera
23 mars : Saint-Saëns : Samson et Dalila
25 mars : Laparra, La Habanera
27 mars :  Bizet, Carmen
30 mars : Debussy, Le Martyre de Saint-Sébastien  (matinée) et Pelléas et Mélisande (soirée)
1,2,3 avril : Caplet dirige au Burlington Music Festival Wagner, Saint-Saëns, Beethoven (Symphonie n° 5)
14 avril :
Georges Barrère donne un concert à New York avec notamment Rêverie et Petite Valse (1897) ainsi que le Quintette pour vents et piano (1899). Rêverie et Petite Valse furent bissées. Le critique de la revue Musical America s'émerveilla de ces "miniatures écrites pour flûte, comme seuls les Français savent en écrire." Quant au Quintette pour vents et piano, il émit des réserves estimant que sans aucun doute il avait du être écrit bien avant les deux pièces pour flûte et que Caplet avait du étudier avec Franck (sic) puis subir son temps en suivant les recherches de Debussy, Ravel et D'Indy.
Début avril
: Retour de Boston. Debussy reprend contact avec Caplet pour mettre à sa disposition le matériel de La Plus que lente, valse que Debussy avait orchestrée en février. Sans doute, Caplet est-il une fois de plus sollicité pour déceler les dernières fautes avant la gravure ?
25 août : lettre de Debussy adressée à Caplet, Hôtel Bertoloni à Naples avec en note (en cas de départ, prière de confier cette lettre aux soins de la « White Star Line »  pour Mr André Caplet, passager à bord du « Cretic [1] ». Cette lettre nous apprend qu’après être passé en Suisse, Caplet s’est embarqué sur le Cretic de  la White Star Line en direction de Boston où il ouvre la saison en dirigeant les Contes d’Hoffmann d’Offenbach le 25 novembre. Ce départ prématuré peut s’expliquer du fait que Caplet occupe désormais la fonction de directeur musical de l’Opéra de Boston et que cette nouvelle fonction nécessite une présence plus grande auprès de Henry Russell. Debussy, une fois de plus, le déplore : "Si je ne savais pas que l’Amérique a pour vous des sourires utiles, je vous avouerais que vous me manquez extrêmement…– Il y a dans ce sentiment une grande part d’égoïsme, n’en doutez pas, ce qui vous permettra de n’en prendre que juste ce qu’il faut de souci. – Vous êtes un des rares hommes avec lesquels j’aime à échanger des idées, parce que vous répondez sans faire de fausses notes… C’est extrêmement rare ! (…extrêmement et rare sont répétés, à dessein). Vous allez vers une vie où, apparemment, le temps manque pour regarder dans ses souvenirs. Et comme il ne serait pas décent que je vous envoie ma photographie pour orner votre table de travail, je ne puis que me recommander aux Dieux qui commandent à la Mémoire des hommes ! Je pense à votre Rameau et suis affectueusement près de vous."
En vue d’un concert prévu le 8 décembre à Boston sous sa direction, Caplet avait demandé à Debussy d’écrire un texte sur Rameau à inclure dans le programme [2] où figuraient quelques œuvres du maître français (Ouverture de Zaïs, extraits des Indes galantes, Indes galantes, Trio des Parques d’Hippolyte et Aricie).
11 octobre : Debussy trouve la tâche délicate mais annonce qu’il a « commencé le prospectus Rameau ». Il répond surtout à Caplet au sujet de l’orchestration que celui-ci désire faire de quelques mélodies à l’intention de Mary Garden : "Malgré mon penchant naturel à vous être agréable j’ai dû tout de même réfléchir et n’ai par conséquent pas pu vous répondre tout de suite…D’abord j’ai toujours refusé d’orchestrer mes mélodies[3], cela avec gentillesse, obstination et férocité ; plusieurs grandes chanteuses, – au moins par la taille – me l’ont demandé et mon avis là-dessus reste le même. Pourtant, envers vous, les positions ne sont plus les mêmes… Si cela vous sert et vous amuse, vous pouvez choisir dans les Ariettes celles que vous trouverez dignes de votre ingéniosité. À ce sujet, vous penserez avec moi, je l’espère, qu’il ne peut être question que Melle Garden choisisse !!! Ce sont là des procédés absolument incompatibles avec la liberté qu’un artiste doit garder de disposer de son œuvre ! […]Si vous voulez bien la question d’anonymat ne sera pas posée !... Si vous orchestrez ces mélodies, elles paraîtront ornées de votre nom. Personnellement cela m’est agréable pour beaucoup de raisons, dont la meilleure est mon affection pour vous !"
Fort de cette autorisation, Caplet put inscrire deux orchestrations des Ariettes oubliées (n° 1 C’est l’extase, n° 5 Green) au programme du 8 décembre dont la seconde partie, après Rameau, était exclusivement réservée à Debussy. Mary Garden [4] chantait ces admirables mélodies. Caplet, pour sa part, avait écrit en 1902 une mélodie sur le poème de Verlaine Green.
19 novembre : Debussy expédie enfin à Caplet l'article sur Rameau avec ses excuses pour le retard/ "Vous savez combien je suis atteint de la maladie de ceux qui ne peuvent pas finir"
25-30 novembre : Offenbach, Les Contes d'Hoffmann
1er décembreConcert de musique russe
4 décembre : Offenbach, Les Contes d'Hoffmann
7 décembre : Massenet, Thaïs
8 décembre : Rameau : Ouverture de Zaïs, extraits des Indes galantes, Indes galantes, Trio des Parques d’Hippolyte et Aricie et Debussy : La Damoiselle élue (Mary Garden), Hommage à Rameau, Pagodes, Danses pour harpe, Ariettes oubliées (2) avec Mary Garden, transcription pour orchestre de Caplet , Children’s Corner
18 décembre : Charpentier, Louise
20 décembre : Verdi, Messa da Requiem
30 décembre : Humperdinck, Hansel und Gretel ; Caplet remplace le chef assistant Charles Strony

[1]Consulter le site sur le Cretic.
[2] Voir Annexe I : Les Programmes de Caplet à Boston saison 1912-1913. Debussy enverra son texte le 19 novembre. Voir Claude Debussy Monsieur Croche et autres écrits, Introduction et notes de François Lesure, Gallimard, Paris, 1987, p.210 et sq.
[3] Il paraît avoir oublié son orchestration du troisième des Cinq Poèmes de Charles Baudelaire, Le Jet d’eau réalisée en 1907
[4] Elle avait enregistré  les Ariettes oubliées n° 1, 3 et 5 avec Debussy au piano en mai 1904

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35 ans 8 janvier : Debussy, Pelléas et Mélisande
5 janvier : Caplet dirige un concert de musique française
10 janvier :
Charpentier, Louise
12 janvier :
Humperdinck, Hansel und Gretel
19 janvier : Concert de musique française
24 janvier :
Lettre de Caplet à Michel Calvocoressi révélant son intense activité à l'opéra de Boston : "Deux répétitions d'orchestre par jour - ou répétition d'orchestre et spectacle (y compris dimanche et jours fériés !!) et sans compter, les répétitions au piano : artistes, chœurs, scène etc. etc... et encore etc... - Et je ne parle pas de l'organisation matérielle de ces "performances et concerts". Les quatorze heures consacrées quotidiennement à ce dur labeur n'étaient pas suffisantes. Heureusement voici venir Weingartner, et ce chef d'orchestre de relais va m'alléger la besogne."
26 janvier
: Exécution de l'intégrale des Images de Debussy dont la création de Gigues sous la direction du compositeur à la tête des Concerts Colonne. Il avait été dans les intentions de Debussy d’en confier la direction à André Caplet qui, rappelons-le, avait établi la réduction pour piano du premier volet Gigues. On a même avancé qu’il avait pu seconder Debussy dans l’orchestration sans que l’on puisse l’affirmer. Gabriel Pierné, Camille Chevillard écartés, Caplet à Boston, c’est finalement Debussy qui dût tenir la baguette. Caplet avait réalisé deux transcriptions du triptyque complet (Gigues, Iberia et Rondes de printemps), une pour piano à 4 mains et l'autre pour 2 pianos à 4 mains  parues chez Durand respectivement en 1912 et 1913.
19 février :
Bizet, Carmen
22 février : Charpentier, Louise
23 février :
Concert codirigé avec les chefs assistants Anthony Dubois et Edouard Tournon
2 mars :
Concert
6 mars :
Bizet, L'arlésienne
8 mars :
Aubert, La Forêt bleue, première américaine. La création avait été donnée à Genève le 7 janvier. Paris, en raison de la guerre, devra attendre le 10 juin 1924.
12 mars :
Saint-Saëns, Samson et Dalila
14 mars : Aubert, La Forêt bleue
16 mars : Concert
17 mars :
Aubert, La Forêt bleue  et Wolf-Ferrari, Le Secret de Suzanne
18 mars : Wolf-Ferrari, Le Secret de Suzanne
20 mars : Humperdinck, Hansel und Gretel
26 mars : Wagner, Tristan et Isolde
28 mars : Offenbach, Les Contes d'Hoffmann
29 mars : Wolf-Ferrari, Le Secret de Suzanne
Mai (3 jours ?) au festival de Syracuse (Etat de New York) selon Quaintance Heaton. Mais une lettre de Debussy à André Caplet l'invite à venir au Théâtre des Champs-Elysées le 5 mai ???
5 mai : Théâtre des Champs-Elysées, adaptation chorégraphique des deux premiers Nocturnes  dans une chorégraphie de Loë Fuller. Debussy invite chaleureusement Caplet à partager sa loge pour assister au spectacle.
15 mai : création du ballet Jeux de Debussy - auquel on imagine que Caplet a dû assister - par la compagnie des Ballets Russes au Théâtre des Champs-Elysées sous la direction de Pierre Monteux. La chorégraphie de Michel Fokine ne plut pas à Debussy qui explique dans un article du journal Le Matin comment il a conçu sa partition. Il envoie une coupure de cet article à Caplet.
16 mai : Lettre de Debussy à Henry Russell faisant état du prêt de 5000 francs que celui-ci lui avait accordé et pour lequel Debussy réclame de nouvelles échéances. Ceci ne concernerait pas notre sujet si, à la fin de cette lettre, il ne précisait : "Vous seriez aimable de confier votre réponse à Caplet pour des raisons que vous devinerez aisément." Comme le laisse entendre la note de bas de page de l’édition de la correspondance « André Caplet servait d’intermédiaire afin que la réponse de Russell ne tombât pas sous les yeux d’Emma. On en déduit qu’elle ouvrait les lettres adressées à son mari. » On en déduit aussi le degré d’amitié et de confiance mutuelle qui unissaient Caplet et Debussy.
28 mai : Debussy envoie un mot à Caplet précisant que Stravinsky n'a pu lui "donner trois places ensembles" mais qu'il lui "offre un fauteuil à côté de sa femme".  Parmi les amis de Debussy, et donc de Caplet, figurait également Stravinsky. La lettre datée probablement du 28 mai – date de la répétition générale du Sacre du printemps – est précieuse sur les rapports entre les trois hommes. Ce mot précieux nous confirme donc la présence de Caplet à la création du Sacre, tout au moins à la générale. Si l’on a pu sauvegarder de très nombreux témoignages en réaction à cette « musique sauvage avec tout le confort moderne » (Lettre de Debussy à Caplet du 29 mai), on reste pour le moment condamné au silence quant à celui de Caplet. Faut-il déduire du fait qu’il n’a jamais dirigé (à notre connaissance) une œuvre de Stravinsky un aveu de désapprobation ? Pourtant, on verra plus tard que Caplet était tout à fait intéressé par la musique de son temps.
3 juin : Debussy recommande Caplet auprès du banquier et mécène anglais Lord Edgar Speyer, ainsi qu'auprès de Percy Pitt directeur artistique du Covent Garden. A ce dernier il précise : "Permettez-moi de profiter de cette lettre pour vous recommander tout particulièrement mon ami André Caplet qui vient diriger Pélléas pendant la « season ». C’est un musicien de grande valeur et un chef d’orchestre dont vous pourrez, mieux que tout autre, apprécier la maîtrise. Il connaît Pélléas aussi bien que moi-même ; vous pouvez avoir une confiance absolue en lui..! Ce qui, d’ailleurs, ne fait qu’augmenter mes regrets de manquer à ce qui m’aurait été une vraie joie. » Notons au passage, que Caplet ne dirigera jamais Pelléas à Paris et que Debussy n’aura jamais l’occasion d’entendre son opéra sous sa direction. Caplet, au courant des problèmes financiers de Debussy, nous l’avons vu, interviendra auprès de l’administration du Covent Garden pour inviter la famille Debussy à ses frais. Il le remercie dans la lettre suivante :
6 juin : " Ne croyez pas que je suis insensible à ce que vous avez essayé de faire pour notre venue à Londres et faites-moi l’amitié de croire mes raisons valables ! Elles le sont d’autant plus qu’en les employant je me fais du mal."

7juin :
Lettre de Caplet à la Félix Zwobada : "J'ai pris contact avec l'orchestre de Covent-Garden. A l'indescriptible stupéfaction des musiciens, j'ai trouvé beaucoup de fautes dans les parties ! Et Pelléas est joué ici depuis cinq ans !!!... Debussy a paraît-il assisté à trois ou quatre répétitions ! J'ai l'impression que lesdits musiciens - au premier...r...abord - m'ont trouvé un peu... comment dirai-je... chercheur de... je ne sais quoi, dans la tête... Mais qu'(ensuite, cette "minutie" portant ses fruits, la satisfaction qu'ils en recueillaient leur était agréable !... Je sens que leur sympathie pour moi va grandissant et cela n'est pas désagréable".
12,16, 23 juin
:  Debussy, Pelléas et Mélisande à Covent Garden avec Louise Edvina (Mélisande), Alfred Maguenat (Pelléas), Jean Bourbon (Golaud), Gustave Huberdeau (Arkel), J. Royer (Geneviève), Frances Roeder (Yniold), Gaston Sargeant (Un médecin). Les représentations de Pelléas sont un succès. La critique du Times du 13 juin, au lendemain de la première, est très positive à quelques réserves près sur les chanteurs : « Pour une exécution idéale de Pelléas et Mélisande il est essentiel que tous les personnages nous fassent comprendre qu’ils sont conduits par les circonstances, et la seule faute d’exécution d’hier nous emble avoir été un certain excès d’assurance dans la manière de chanter et de jouer, comme si les personnages savaient dès le début ce que serait le dénouement. Mme Edvina [1] n’eut pas tout à fait l’inconséquence rêveuse de Mélisande, et M. Bourbon, au lieu d’être conduit à la violence par son amour jaloux pour Mélisande, semblait se préparer à l’action du quatrième acte. Sans être une représentation idéale, ce fut néanmoins du point de vue musical une extrêmement bonne exécution. Mme  Edvina chanta avec une grande délicatesse et M. Bourbon avec une remarquable puissance. M. Maguenat, bien que sa voix fut un peu trop robuste et qu’elle se rapprochât parfois des qualités du baryton, chanta Pelléas avec une grande intensité, et M. Huberdeau fut, enfin, digne dans le rôle d’Arkel. Mais ce rôle, qui donne la clé de l’œuvre entière, requiert non seulement de la dignité et du beau chant mais aussi le pouvoir d’expression de la voix, et doit refléter l’attitude de quelqu’un qui se contente d’observer la vie et d’y réfléchir. M. Huberdeau n’a pas encore tout à fait atteint cela. L’orchestre, sous la direction de M. Caplet, joua magnifiquement, et les interludes dont nous avons parlé furent interprétés par ce dernier avec une remarquable éloquence." [2] 
16 juin :  Pour sa part, Caplet se réjouit du succès remporté dans une lettre du 16 juin adressée à Horace Britt, violoncelliste de l’Orchestre de Boston : « Je suis enchanté du véritable succès que le public  et l’orchestre m’ont fait ici. Je n’aurais pas osé espérer un aussi heureux résultat ».
20 juin :  Les bonnes critiques de Pelléas arrivent à Debussy qui dans sa lettre  félicite le chef : "Mais tout d’abord, parlons de Pélléas pour lequel j’ai à vous remercier beaucoup plus que je ne peux même le penser… Je devine votre agacement à certains moments […]. Pourtant je suis sûr que votre invulnérable volonté a dû avoir le dessus ? Comme j’aurais voulu entendre cela… comme cela ! Vous avez certainement fait des miracles, que vous n’avouerez jamais parce que vous avez une âme de vieux Normand sceptique. À propos ! dans votre lettre du troisième dimanche de Juin 1913, à la seconde page il y a ceci… « et de plus, je me suis marié ». Est-ce une façon de parler, ou est-ce vraiment pour de vrai ??? Ces trois point d’interrogation contiennent toute l’angoisse du monde et la mienne, qui n’est pas mince, car elle s’augmente de cette affection, sourdement ombrageuse quand il s’agit de votre bonheur !"  En réalité, Caplet annonce prématurément son mariage. Il venait de faire connaissance de la fille du Général Perruchon, Geneviève qu’il n’épousera prudemment qu’après la guerre, le 4 juin 1919. J’y reviendrai.
23 juin : Dans la lettre suivante du 23 juin, Debussy rend compte à Caplet du Gala Debussy du 19 à la Comédie des Champs-Ẻlysées au cours duquel le compositeur et Ricardo Viñes jouent en création Iberia dans la transcription pour deux pianos de Caplet : "On a joué à ce même « Gala Debussy » votre arrangement à deux pianos d’Ibéria. Que n’étiez-vous là, car vous pensez bien que je n’ai cessé de vous regretter, tant, à chaque sonorité dont je connais le précieux arrangement, je tombais sur un bec de gaz..! Et ces trémolos qui semblaient remuer de sourds cailloux ! Décidément, mon vieux Caplet, la musique est un art fermé le Dimanche et les jours de semaine, pour beaucoup trop de gens qui s’intitulent musiciens ! Enfin, n’en parlons plus… et pour oublier tous ces galas comme j’aimerais à me réfugier dans un petit coin de ferme de votre Normandie".Et d'ajouter : "N'avez-vous pas l'intention de venir faire un séjour à Paris ?Songez que je vous ai à peine vu... et vous n'allez pas me jouer le vilin tour de repartir pour cette damnée Amérique, en prenant juste le temps de renouveler votre collection de cravates ? Je vous réserve la lecture du Sacre du printemps qui ne peut vous laisser indifférent."
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e retour à Paris, Caplet réside au 26 rue de la Tour. C’est à cette adresse qu’un billet de Debussy lui est apporté le
13 juillet : Je voudrais bien vous voir au sujet des sons harmoniques du Xylophone qu’on n’a jamais employés – Dieu seul sait pourquoi ! et je vous attends avec l’impatience que comporte un tel sujet. Voilà qui est instructif car cela nous apprend que Debussy se servait de l'expérience de Caplet comme chef d'orchestre.
15 juillet : Debussy invite Caplet à déjeuner
3 septembre : Selon la lettre de Debussy, Caplet est au Havre d’où il lui a envoyé  un nouvel [3] arrangement de Gigues pour deux pianos à 4 mains. Le compositeur exulte : Si les mots ont encore un sens, on peut vraiment lui appliquer celui : d’inimitable ! Il n’y a plus à craindre que l’épaisseur des intelligences contemporaines ! Voudront-elles se donner la peine de comprendre ce qu’il y a : d’ingéniosité poursuivie, de compréhension rigoureuse et fine du texte ! 
Octobre Caplet repart préparer la saison 1913-1914 de l’opéra de Boston qui s’ouvre le 24 novembre.
8 octobre : Le compositeur Henri Février écrit à Caplet son plaisir de voir son opéra Monna Lisa à l'affiche de l'Opéra de Boston sous sa direction

29 novembre
: Wagner, Tristan et Isolde
1er décembre
: Wagner, Tristan et Isolde
5 décembre : Février, Monna Vanna
10 décembre : Février, Monna Vanna
15 décembre : Saint-Saëns, Samson et Dalila
26 décembre : Saint-Saëns, Samson et Dalila
31 décembre : Offenbach, Les Contes d'Hoffmann

[1] La chanteuse canadienne Louise Edvina reprend le rôle de Mélisande qu’elle avait déjà chanté à Londres en 1910 sous la direction de Cleofonte Campanini et en janvier 1913 à Boston sous la direction de Caplet ; Pelléas a été créé en français à Londres le 21 ami 1909 et n'a été représenté au Covent Garden que 45 fois entre 1909 et 1974.  L'Avant-Scène Opéra, n° 9, mars-avril 1977 précise également : "A dirigé également Pelléas au Covent Garden : André Caplat (sic) (1913).
[2] Cité par Denis Huneau, op. cit p. 155-156
[3]
L’arrangement de Caplet pour un piano 4 mains de Gigues était paru chez Durand en 1912. D’après Lesure p. 360.

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36 ans 7 janvier : Saint-Saëns, Samson et Dalila
14 janvier : Charpentier, Louise
17 janvier : Saint-Saëns, Samson et Dalila
23 janvier : Wagner, Les Maîtres chanteurs
On dispose d'un mot de Caplet précisant le trajet à effectuer par les choristes et qui montre son intérêt pour la mise en scène.
24 janvier : Charpentier, Louise
28 janvier : Wagner, Les Maîtres chanteurs
30 janvier : Charpentier, Louise
7 février : Wagner, Les Maîtres chanteurs
11 février : Bizet, Carmen
16 février : Wagner, Les Maîtres chanteurs
20 février : Mozart, Don Giovanni
23 février : Février, Monna Vanna
28 février : Février, Monna Vanna
23 mars :  Charpentier, Louise
Jacques Rouché, directeur de l'Opéra de Paris propose à Caplet de prendre la direction de l'orchestre.
Juillet : Composition des Inscriptions champêtres pour voix de femmes sur un texte de Rémy de Gourmont qui seront créées le 17 novembre 1917. Yvonne Gouverné rencontre pour la première fois Caplet : "Un jour où j'allais à Criquebeuf-en-Caux chez les Georges Dieterle, rejoindre leurs filles Alice et Yvonne, inséparables de leur ami Geneviève [1], j'entrais dans le salon de leur jolie maison. Une très grande baie y favorise  la vue sur les hautes falaises surplombant la mer, alors que le ciel, jusqu'à l'infini, en éclaire les eaux mouvantes. C'est sur cette perspective caractéristique de la Normandie et de la mer dont les vagues ourlées d'écume se succèdent par un rythme éternel, que se profilait le dos à la fenêtre une silhouette masculine, revêtue d'une veste en velours sombre. Les cheveux paraissaient blonds dans la lumière alors que la figure était à contre-jour ?. Comme j'arrivais à l'improviste, mon amie à qui André Caplet avait récemment confié les manuscrits des mélodies qu'il venait de composer (sur quatre poèmes de Rémy de Gourmont)  intervint aussitôt pour me présenter à celui qui m'était inconnu... "Mon amie Yvonne Gouverné qui travaille la partie de piano de vos dernières mélodies pour m'aider à mieux les connaître ". Toujours sans distinguer le visage de l'homme immobile, j'entendis une voix sympathique au timbre chaud nuancée d'une pointe d'ironie, me dire avec conviction : "Ah, je vous plains, Mademoiselle ! ". J'étais loin de prévoir l'enrichissement que je devrais à une telle rencontre !"
1er août : Déclaration de guerre et mobilisation générale. Parmi les mobilisés, des musiciens qui vont côtoyer Caplet :  le violoniste Lucien Durosoir affecté au 129e Régiment d'Infanterie, le violoncelliste Maurice Maréchal au  274e Régiment d'Infanterie. Les musiciens mobilisés sont affectés à des tâches telles que chauffeurs, brancardiers, cyclistes, colombophiles. Remarqués par l'autorité militaire, il leur sera donné le moyen d'exercer leur art. En ce qui concerne Caplet et ses amis, Le colonel Valzi, violoniste amateur et le général Mangin mélomane faciliteront le regroupement des musiciens et l'organisation de concerts de musique de chambre..
1er octobre : Debussy à Caplet : "Avec ou sans patriotisme, la guerre c'est du désordre accumulé. J'ai horreur du désordre, donc :  je n'aime pas la guerre"
4 octobre :
André Caplet écrit au Commandant du recrutement du Havre pour s'engager dans la guerre. Dans l'année, Caplet compose la mélodie En regardant ces belles fleurs (Charles d'Orléans)

14 novembre : Intègre le 24e régiment d'infanterie comme caporal puis sergent.
[1]
Que Caplet épousera en juin 1919. La scène est également racontée par Gouverné avec détails dans l'Hommage à André Caplet de la  Revue Zodiaque de 1978. => Bibliographie 
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37 ans

Lucien Durosoir, éminent violoniste, a consciencieusement écrit à sa mère des Lettres du front d'août 1914 à novembre 1918. Ces lettres constituent un témoignage remarquable et souvent émouvant sur la vie quotidienne des soldats et plus particulièrement des musiciens qui l'ont entouré. A la demande du colonel Valzi, Durosoir sera chargé en octobre 1915 de constituer un quatuor à cordes. C'est précisément le moment où Caplet, sergent dans une compagnie du 3e bataillon, rejoint le 129e régiment d'infanterie situé à Neuville. A partir de cette période, les musiciens donneront irrégulièrement, suivant leurs moments de repos, des concerts de musique de chambre dans les lieux occupés par l'état-major ou dans les églises voire chez des particuliers invitant militaires et civils à partager un moment artistique. Si Durosoir s'impose, semble-t-il, comme l'élément organisateur du groupe, Caplet apparaît comme la référence musicale en tant que Prix de Rome, compositeur et chef d'orchestre auréolé de ses quatre saisons outre Atlantique. Auprès de ses camarades, il jouera alternativement du piano comme accompagnateur et de l'alto au sein du Quatuor formé par Durosoir.
Janvier :
le flûtiste Georges Barrère et le pianiste Walter Damrosch jouent à New York un programme consacré à des pièces françaises pour flûte et piano dont la Petite Valse de Caplet
9 mars
:  Caplet compose la mélodie Nuit d'automne (Henri de Régnier)
22 avril :
Les Allemands utilisent pour la première fois des gaz asphyxiants à Ypres (Belgique) qui, au cours de la guerre, tueront près de 100 000 soldats
7 septembre :
Debussy à Jacques Durand : J'ai appris que Rouché avait eu une entrevue avec Caplet, au sujet de concerts pour la réouverture de l'Opéra... Comme Caplet ne me donne plus de ses nouvelles, et comme, d'ailleurs, il ferait le coffre-fort selon son habitude, je ne sais rien de plus [...] à propos de Caplet, il a été nommé sergent chef et chef de musique (?) quant à ses désirs de partir au front, ils paraissent refroidis , momentanément".

Caplet est envoyé sur le front
17octobre :
Durosoir : "Il est arrivé hier matin, dans un nouveau renfort, André Caplet le Prix de Rome [...]. Je lui ai longuement causé hier et je l'ai même présenté au colonel,. il est sergent, on va lui trouver un filon, d'autant plus qu'il est malingre. Il fait partie de ces renforts douteux que nous recevons maintenant. Il faut vraiment avoir besoin d'hommes pour prendre des gens comme lui. Enfin bref, il jouerait de l'alto dans le quatuor ; inutile de dire qu'il sera intéressant comme musicien. Il paraît fort timide, il faut dire qu'il était désorienté de se trouver au front, c'est la première fois qu'il y venait".
3 novembre : Durosoir : "Caplet est un musicien passionné et fin. C'est un garçon très naturel et très franc. Il était heureux de faire de la musique car depuis longtemps il en est privé. Il est très intime avec Debussy et Ravel et je pense qu'ultérieurement il y aura quelque chose à faire avec lui. Il veut monter les quatuors à cordes de ces derniers. Je ne demande pas mieux. Il m'intéresse vivement et est très sympathique. Caplet va faire venir un alto...". Concerts chez le colonel Viennot.
15 novembre
: Journal Durosoir : "Caplet est toujours sergent à la 9e compagnie, c'est un bien gentil garçon, je crois que nous nous plaisons mutuellement. Il me connaissait de nom, mais il ne s'attendait pas à trouver un aussi bon violoniste."
17 novembre : Durosoir : "Si nous avons besoin de musique moderne, Caplet s'en chargera. Ce dernier, qui d'habitude dirige à Boston et à Covent Garden, avait, d'Amérique, un congé de deux ans, et avait accepté à l'Opéra, avec le nouveau directeur Rouché, la place de premier chef d'orchestre. C'est un musicien excellent et très fin, il est chaleureux. J'ai donc joué hier avec lui devant le général Mangin, la Sonate de Franck, celle de Beethoven en fa, et les Airs bohémiens de Sarasate, Berceuse  de Fauré, aria de Bach et un caprice de Paganini. Caplet a joué au piano, la mort d'Iseult. Notre succès a été considérable. [...]"Pour demain, chez Mangin, nous jouerons le trio de Haydn qui est délicieux et la Sonate à Kreutzer, en dehors d'un certain nombre de pièces que je jouerai aussi. Mangin, qui est logé dans une superbe propriété, a, dans le salon de cette maison un bel Erard tout neuf. Caplet était aux anges".  
22 novembre : Durosoir : "Nous allons commencer l'étude du quatuor dès que l'alto de Caplet sera arrivé, d'ici deux ou trois jours au plus. [...] Je vais, avec le pianiste Magne, monter des sonates concurremment avec Caplet. [...]. Je jouerai la Kreutzer avec Magne et la Sonate de Lekeu avec Caplet."
30 novembre : Durosoir : "Caplet, qui a déjà plus qu'assez de la compagnie qui l'entoure à la popote, c'est çà dire les autres sous-officiers, me parlait ce matin à ce sujet et me disait : pourquoi dans le repos prochain ne trouverions-nous pas un endroit où, pour une somme fixe par jour, nous serions nourris, le quatuor ensemble, c'est à dire moi, Caplet, Lemoine, Niverd ; cela nous éviterait les conversations stupides, et au contraire nous serions plongés dans une atmosphère musicale. C'est une excellente idée..."
5 décembre : Durosoir : "Caplet a reçu du Havre un alto gigantesque, il au moins 42 centimètres. Il éprouve de grandes fatigues à le jouer."  Le quatuor à cordes constitué de Durosoir, Lemoine, violons, Caplet alto et Niverd violoncelle se produit chez le général Mangin ou en public (le 6 décembre) "devant au moins trois cents personnes (militaires), une centaine d'officiers et, ce qui est mieux, un public attentif et que nous avons su intéresser".
Au milieu du mois très froid et humide, Caplet et Lemoine, agents de liaison du 3e bataillon, sont dans la boue des tranchées. 
7 septembre : Lettre de Debussy à Jacques Durand : « Pour quitter les Allemands, j'ai appris que Rouché avait eu une entrevue avec Caplet, au sujet de concerts pour la réouverture de l'Opéra... Comme Caplet ne me donne plus de ses nouvelles, et comme, d'ailleurs, il ferait le coffre-fort selon son habitude, je ne sais rien de plus - ce sont des gens qui ne laissent rien « transpirer » - à propos de Caplet, il a été nommé sergent et chef de musique (?) quant à ses désirs de partir au front, ils paraissent refroidis, momentanément.» En définitive, et malgré l'existence d'un contrat jamais honoré, c'est Alfred Bachelet qui assura la direction de l'orchestre de l'Opéra durant la guerre.
7 décembre :   Concert avec Durosoir, notamment la Sonate de Lekeu.. Caplet est  toujours agent de liaison au 3ème bataillon du 129e de même que Henri Lemoine. A propos de l'Elégie de Caplet jouée à ce concert, Durosoir écrit : La musique de Caplet est bien écrite, moderne mais sans très grande originalité à mon avis. Maintenant ce sont des oeuvres qui ont quinze ans d'existance et il a pu beaucoup évoluer depuis. [...] Enfin cette petite pièce m'a beaucoup intéressé, c'est très moderne. Et cependant tout en constatant que c'est de la musique bien faite et qu'il connaît son métier, je ne suis pas enthousiaste de sa nature musicale. La sonorité de ce qu'il écrit est un peu dure et rauque. »
Après le 25 décembre, Durosoir, parti en permission, laisse son violon à Caplet qui lui a demandé de le lui prêter.
Dans l'année, Caplet compose la mélodie Solitude (Julien Osché)

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38 ans Janvier : Durosoir : "J'ai vu ce matin Lemoine et Caplet, ce dernier surtout est méconnaissable après ces quatre jours d'épreuves ; ils ont chargé à la baïonnette".
Février : Caplet rejoint la 5e division ainsi que le violoncelliste Maurice Maréchal à la demande du pianiste Henri Magne pour former un groupe de cinq musiciens devant jouer pour le général Mangin.
21 février : Début de la bataille de Verdun sous le commandement du général Philippe Pétain remplacé par le général Nivelle en mai. 1200 canons allemands 300 000 morts : (140 000 Allemands, 160 000 Français)  7 à 800 000 hommes mis hors de combat.
28 février : photo montrant le cheval Robert tirant "une confortable bagnole avec bâche" sur laquelle se trouvent Caplet, Lemoine, Durosoir et Maréchal se déplaçant de Loeilly à Francastel sur une route enneigée.
Mars : le quintette constitué de Durosoir, Lemoine, Caplet, Maréchal et Magne se produit devant le colonel Valzi (le 13), le colonel Viennot (le 18) soit en quatuor à cordes soit violon-piano, violoncelle-piano. Il joue aussi chez des particuliers ou lors d'offices religieux. 
24 mars : Lettre de Durosoir : « Caplet ne voit guère que Debussy dans els modernes, il rapporte à lui toute la musique. Pour Caplet, on n'est pas moderne si on ne pense pas comme Debussy : il le place au-dessus de Bach, comme importance musicale. Il y a là une exagération manifeste. »
Mai : Le général Mangin commande à Caplet une Marche pour la 5e division. Durosoir prépare le matériel d'orchestre en recopiant les parties instrumentales et précise : "Nous en avons donné à six une exécution devant le général Mangin, le colonel et tous les officiers entourant ces personnalités. Le succès a été grand. Maintenant il reste à copier les parties et à faire apprendre cette nouvelle marche aux différentes musiques de la division, ce qui ne sera pas l'affaire d'un jour...". Henri Dutheil [1] : "Le jour où il reçut la commande d'une Marche héroïque de la 5e division ...  il trouva me moyen de lui imprimer sa friffe, la marque personnelle de son talent. Elle avait ma foi ! fière allure. Lancée vers le ciel meusien, à pleins cuivres, gueulée sur la petite place de Stainville, à pleines voix, entre deux séjours effroyables dans la fournaise de Verdun, par des survivants épiques de deux brigades décimées. Sous la direction de Caplet lui-même, elle n'avait rien d'une production d'embusqué, je vous prie de le croire. Et l'on pouvait sans honte frissonner à l'entendre."  
Attaque du fort de Douaumont. "Caplet a été enfoui deux fois sous les éboulements, mais ce ne sera rien, il n'a pas de contusions et se remettra en peu de jours".
7 juin : Caplet, Durosoir, Maréchal jouent des trios de Beethoven dans la chambre de Caplet. "Impressions d'obscurité baignée de musique, note Maréchal, Le vieux lit à armoire. Les piles de linge mouillé. La simplicité de Beethoven. Les présences invisibles"
9 juin : Caplet et Maréchal déchiffrent la Sonate pour violoncelle de Debussy
12 juin : A l'occasion du départ du Général Mangin, exécution à Stainville de la Marche de la division de Neuville [2] exécutée par trois régiments de la division sous la direction de Caplet. Voir Iconographie. Lettre de Debussy à André Caplet Officier de liaison au 3e Bataillon du 129e régiment d'Infanterie, Secteur postal 93 : "Vous êtes un homme étonnant... hardi comme un lion, vous trouvez le moyen d'avoir un piano, un violoncelliste, une sonate, de réunir le tout à quelques mètres des Boches,... c'est bien là cette élégante bravoure qui est et sera toujours  "bien française".  [...] J'ai eu une grande joie à vous revoir, car si je ne vous croyais pas perdu à jamais, je commençais à douter (les malades ont l'âme faible !) [...]Pour moi, pauvre loque humaine, c'était un réconfort que de contempler un homme qui avait passé à travers les obus, sans y rien laisser d'important"
20 juin : Maréchal note : "Caplet nous explique au piano le Quintette de Franck. Quelle merveilleuse compréhension musicale ! Quelle valeur ! Comme tout semble lumineux et simple lorsqu'il parle."
22 juillet : Debussy à Caplet : "Je voudrais qu'il me soit possible d'être à côté de vous, remarquez que je ne vous serais utile en rien, je vous embarrasserais plutôt... Tout de même : s'il y a des bruits désagréables, il doit y avoir des "silences" admirables ! Hein ? vieux Caplet, vous devez apprécier la valeur de ces silences-là ?"
août
: Caplet écrit une réduction pour piano de sa Marche de la division de Neuville qu'il compte offrir au général Mangin. Caplet reçoit la partition des Douze Etudes pour piano de Debussy.
6 août : Dîner à la ferme d'Amblonville (photo) réunissant Caplet, Durosoir, le lieutenant Lyon, Magne et Guimaud. Maréchal note dans son carnet " La table, sous des arbres, à mi-hauteur sur une colline, près d'une source. Après le dîner, Durosoir a joué des airs de Bach et nous écoutions assis un peu à l'écart."
13 août : Citation militaire de Caplet
27 août :
Caplet compose la mélodie Quand reverrai-je, hélas ! de mon petit village fumer la cheminée d'après Joachim Du Bellay. La partition porte en exergue : "Quelques vers de Joachim du Bellay exprimant un état d'âme ; mis en musique par André Caplet, Sergent de liaison ; juillet 1916, ferme d'Amblonville (les Eparges)"
4 septembre
: Debussy à Robert Godet : "Tenez, je reçois des lettres d'un de mes amis - André Caplet - qui est un agent de liaison du côté de Verdun. Cet homme joue depuis le matin jusqu'au soir avec la mort, et il trouve le moyen d'être plein d'entrain. Il est suivi dans les tranchées par un piano démontable ! l'autre jour il a été interrompu par une rafale de 105 qui a failli le rendre aussi démontable que le piano... Il a continué à quelques mètres sous terre : c'est un héros, n'en doutez pas ?" "
5 novembre
: Debussy à Jacques Durand : "J'ai vu le sergent André Caplet. Il a la croix de guerre, deux citations, deux blessures. Il est beau !"
25 décembre :  Henri Dutheil [1] se souvient : "Je l'ai vu, à Génicourt-sur-Meuse (secteur des Eparges) diriger les répétitions d'une Messe de minuit que nous chantâmes à Noël en l'an de disgrâce 1916 : la baguette à la main, une flamme le transfigurait, le transformait physiquement même".
Dans l'année, Caplet compose la mélodie Prière normande (Jacques Hébertot)
[1] in La Mouette, Revue Normande de littérature et d'art, Le Havre, juin 1925.
[2] Sera publiée ultérieurement en 1924 sous le titre Douaumont, Marche héroïque de la Ve division dédiée au Général Mangin et aux soldats de la Ve Division.
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39 ans Janvier-Février : froid hivernal jusqu'à - 25°. Mort de Henri Martel, aumônier du 129e très aimé des poilus, des musiciens en particulier, de Caplet en particulier dont on connait la foi. Il écrit à ses amis Zwoboda : "La ferme d'Amblonville où j'avais passé quelque temps a été littéralement écrasée. Il y a eu forcément quelques victimes. Entre autres, l'aumônier de notre régiment, tué sur le coup au moment où il se rendait dans la voiture d'ambulance au poste de secours. Sa mort laissera un grand vide et plus particulièrement dans le 3e bataillon (le mien) où il était brancardier. Quand verrons-nous l'aurore se lever ? Quand les hommes seront-ils tous des frères ? Quel profond dommage que les hommes n'aient pas la grande sagesse des préceptes qui forment la base du catholicisme. Que d'êtres vivent sans religion, sans idéal. Je ne fais pas allusion aux pratiques relieuses mais bien à la beauté qui devraient illuminer la vie..."
17 janvier
: Caplet et Maréchal jouent la Sonate pour violoncelle chez Debussy qui porte une dédicace sur la partition du violoncelliste.
25 janvier :
Les Annales politiques et littéraires n° 1757 - 25 février 1917 publient la chanson Les Gas de Mangin, paroles de Théodore Botrel "A nos chers camarades de la 5e division et du groupement Mangin" pour voix, choeur à deux voix et piano. (voir actualité novembre 2011)
27 janvier :
Maréchal ne pouvant pratiquer son violoncelle par un tel froid "sibérien" suit des cours d'harmonie avec Caplet.
29 mars : Debussy à Caplet : [...] Lorsque toutes les injures faites à notre beau pays de France seront effacées et que vous retrouverez la musique écrite pour les vers de J. du Bellay, vous vous étonnerez non pas de l'avoir écrite, mais qu'elle ait pu être si belle parmi le sang et la fumée [...] 
Avril : André Caplet offre sa photo à Debussy avec la dédicace : "A mon bon maître Claude Debussy, son tout affectueusement dévoué André Caplet, Avril 1917"
C'est peut-être lors de ce séjour que Caplet apporte aux dimanches musicaux organisés par la chanteuse Jane Bathori les Trois Chansons a capella  de Maurice Ravel. Etaient présents : Ricardo Vines, Francis Poulenc, Arthur Honegger, Charles Koechlin. Poulenc [1] se souvient :  "Naturellement, Bathori et quelques élèves faisaient le soprano et les mezzos, et on avait pris comme basse et comme baryton mon maître, Charles Koechlin, à la barbe de Dieu Fleuve, Honegger, moi".  Poulenc confiait encore Claude Rostand : Chère grande Bathori; que n'a-t-elle fait pour la musique moderne ?... André Caplet, récemment revenu du front, dirigeait chez elle une étrange chorale où l'on voyait parmi les basses mes deux maîtres Charles Koechlin et Ricardo Vines, et, dans je ne sais quel emploi, Honegger et moi-même  Il s'agissait de chanter les Trois chansons a cappella de Ravel encore inédites. Le résultat n'était pas brillant mais la bonne volonté y était"
5 avril
: Debussy à Caplet : "Vous êtes là, près du piano sur ce petit meuble anglo-viennois, sous le regard mouillé du bon Moussorgski, et celui plus sévère du terrible Baudelaire. Sans vaines phrases, je suis content de vous avoir et vous remercie de cette preuve photographique de votre affection...En plus de l'émotion vraie qui accompagne les vers de J. du Bellay, le décor musical est délicatement exact : on voit la fumée onduler en méandres capricieux sur un fond de ciel clair. Vision familière dont on a subi le charme sans y prêter autrement attention. Vous, vous l'avez fixée une fois pour toute"
6 avril : Les Etats-Unis déclarent la guerre à l'Allemagne. Journal de Durosoir : "Caplet passe chef colombophile, car en cas d'avance on reçoit les dernières nouvelles des troupes en action par pigeon voyageur".
8 avril : Dimanche de Pâques Condé-en-Brie : nouvelle exécution de la Marche Héroïque de la 5 division dirigée par Caplet devant les généraux Lebrun et Hirchauer. Ce dernier allait se distinguer le mois suivant sur le chemin des Dames en enlevant le plateau de Californie.
29 avril : Pétain nommé chef d'état-major général des armées.
18 mai : Debussy à Gabriel Fauré : "Ceci est une "supplique" en faveur du sergent André Caplet, actuellement au front où - comme les autres, il se ronge... Pour des raisons louables il voudrait que vous ayez la bonté de le mettre sur la liste des membres du jury des prochains concours, et que vous en avisiez le Général Lebrun, Commandant le 3 Corps : Secteur Postal : 95. Il est impossible que l'on vous refuse ! Je vous assure à l'avance de la reconnaissance du sergent Caplet, il a pour vous - d'ailleurs, les sentiments d'admiration que tout musicien, digne de ce nom, doit avoir. Ce sergent aime la musique avant tout, cela est assez rare pour tâcher de le conserver."
Juin / Juillet : rébellion de certains poilus pour se rendre au combat. Pendant toute cette période, Caplet occupe la fonction de chef colombophile.
29 juillet
: Emma Debussy à Saint-Jean-de-Luz à Caplet aux bons soins obligeants de Madame Caplet, 6 ou 8 rue Bernardin-de-St Pierre Le Havre : "Nous ne savions plus ce que vous étiez devenu, cher Ami -Sans adresse, je vais envoyer des lignes à votre chère Maman qui voudra bien vous les faire parvenir - Ne viendrez-vous pas ici ? Il fait chaud, naturellement, mais pas sans une petite brise que l'on ne doit pas trouver partout... Et puis ce serait un vrai repos pour vous".
29 septembre : Maréchal : "Le soir je travaille avec Caplet. Il orchestre pour musique militaire la Fileuse". [2]
5 octobre : Lettre d'Emma Debussy à Caplet : Mais oui, j'ai reçu votre avant-dernière lettre mon cher Capié (sic) et je suis un peu confuse de ne pas vous avoir dit tout le plaisir que m'on fait ces chères petites plumes !... d'un gris si tendre, d'un effleurement si doux ! Je les garde très précieusement, croyez-le bien...
17 octobre : Caplet et Maréchal se rendent à Paris où ils rejoignent Magne et Durosoir également en permission.
18 octobre :
Debussy au violoniste Gaston Poulet : "André Caplet est ici jusqu'à demain matin, et - sans autre préambule, pouvez-vous trouver le temps de venir lui jouer la Sonate ? 
Novembre : Durosoir jusqu'ici secrétaire devient à son tour colombophile et passe second du sergent Caplet.
1er novembre : Exécution de La Croix douloureuse à l'office de la Toussaint en présence du général Lebrun qui demande que l'œuvre ne soit pas rejouée en son absence le lendemain à la cathédrale Noyon.
9 novembre : Lors d'un concert à Ham, Caplet tombe dans la fosse de l'orchestre et "fend le dos" du violoncelle de Maréchal d'un coup de pied sans se faire de mal.
17 décembre : Création des Inscriptions champêtres au Théâtre du Vieux-Colombier sous la direction de Walther Straram. Selon Jane Bathori, organisatrice du concert, il fallut une trentaine de répétitions pour préparer cette œuvre si difficile pour la justesse mais qui fut chantée par cœur. "On a fait 32 répétitions de cette œuvre difficile ; il y eut bien dix alertes, qui obligeaient les chanteuses à rentrer chez elles, quelque fois très loin, à pied par la voie souterraine du métro (Correspondance de Jacques Copeau à Roger Martin du Gard)
23 ou 30 décembre : A l'initiative de Caplet, un concert spirituel est donné dans la cathédrale de Noyon avec la participation de Rose Féart, R. Plamoudon et Vieulle.. Au programme Franck, Fauré, les Prières et La Croix douloureuse de Caplet
[1] POULENC Francis, Moi et mes amis, La Palatine, 1963 p. 144-145 et Entretiens avec Claude Rostand, Julliard, 1954, p. 40. Selon Yvonne Gouverné, Caplet appréciait le génie naissant de Poulenc : "Il a un langage qui lui appartient, l'intuition du poème choisi."
[2] Mendelssohn : Romance sans paroles op. 67 n°4
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40 ans 19 Janvier : Concert à la Société Nationale  (Salle de la Société des concerts) où sont données en création quatre mélodies de Caplet Le Vieux coffret sur des poèmes de Rémy de Gourmont avec Rose Féart accompagnée au piano par Caplet. Maréchal qui a assisté au concert en rend compte à ses camarades. Durosoir également  : "Maréchal m'a dit que le concert de la Nationale samedi où il était donné les mélodies de Caplet et les Prières avec Rose Féart a été un gros succès. Caplet n'arrête pas de se montrer, c'est d'autant plus amusant qu'il est réellement sur le front."  De son côté Jacques Durand rapporte dans ses Souvenirs : "Pour Le Vieux coffret, écrit sur un texte de Rémy de Gourmont, Caplet désira me réserver la surprise de l'audition publique, afin, probablement, que je pusse goûter son œuvre  dans la plénitude d'une interprétation de choix. J'entendis ces poèmes à un concert de la Société nationale, dans la salle du conservatoire ; C. Croiza [1] les interprétait , accompagnée au piano par l'auteur. La cantatrice se surpassa, Caplet joua encore mieux que d'habitude. L'émotion de l'auditoire fut intense, je la partageai profondément"
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janvier :
Exécution de la Marche héroïque de la Vème Division au camp de Saint-Ouen.
31 janvier
: bombardement aérien de Paris
6 février : Debussy étant très fatigué, c'est Emma Debussy qui écrit à Caplet : "Vendredi, je dois aller entendre vos mélodies par Rose (Féart) - Est-ce que Nostalgie [2] est la chose que j'aime tant ? Il me reste encore un peu de "fourniture" vous appartenant - dès qu'elle sera en état de vous être expédiées je l'enverrai - Si je savais seulement ce qui peut vous être utile ?"16 février : Emma Debussy au Sergent Colombophile : "En grande hâte comme toujours cher Ami - Reçu hier le tabac, vous envoie ce que j'ai pu faire très inhabilement avec deux paquets environ. [...] Il aurait fallu être sourd à jamais pour ne pas souhaiter éditer vos mélodies [3] que j'aimerais tant entendre encore".
26 février : Emma à Caplet : J'ai eu de tristes journées. Notre bon maître a eu de la fièvre - beaucoup - vous devinez mon angoisse- car le docteur paraissait inquiet. Après d'interminables attentes, le mieux est venu - Mais il est fatigué et ne se lève que pendant une heure le matin. [...] Je vous envoie d'autres cigarettes - tant mieux si elles sont fumables - il este encore un peu de tabac - Je vous en enverrai donc encore une petite fois. Demandez-moi ce qui vous est utile - et si je puis me le procurer vous l'aurez. Voilà ! Votre amie. Emma Claude Debussy
8 mars
: Concert Salle Gaveau de la SMI : 5 mélodies de Caplet : Berceuse, Nuit d'automne, Rondel, Nostalgie, Forêt  par Magdeleine Greslé, soprano et Marguerite Rolier piano.
12 mars : Durosoir à sa mère : « Caplet en ce moment est en plein travail, il commence une sonate pour piano, soprano et violoncelle. La voix ne chantant pas sur des paroles, mais étant traitée exactement comme un instrument, et articulant les traits, soit sur des voyelles ou des consonnes, et donnant l'impression de coups d'archets. Cela sera jugé bizarre par bien des gens, mais l'on ne voit pas pourquoi on se priverait du timbre de la voix humaine, considéré comme un instrument. Le hic de cette affaire, c'est qu'il faudra un chanteuse ayant une très jolie voix, un mécanisme vocal très développé et aussi un tempérament musical. Cela fait bien des choses et ne rend pas facile l'exécution de l'œuvre semblable. [...] Si Caplet a choisi le violoncelle pour l'œuvre qu'il écrit actuellement, c'est par contraste avec la soprano et pour avoir une plus grande échelle sonore au point de vue des effets. Ce sera curieux d'entendre une œuvre de ce genre. Il appellera cette œuvre sonate, mais je crois que ce sera d'une forme très fantaisiste. »
15 mars
: Durosoir :  « Je trouve ses Prières et sa Croix douloureuse les meilleures choses, puis  Forêt. Il y a dans cette musique beaucoup de procédés d'"un genre particulier, mais c'est tout de même du procédé, et les accents sont mièvres et tourmentés, je n'ai pas l'impression de l'œuvre forte. »
16 mars : Durosoir : « L'idée de Caplet est assez originale et peut donner lieu à des combinaisons sonores, mais le public habitué à considérer la parole comme le complément indispensable du chant, sera certainement complètement désorienté. Caplet rêverait également l'adjonction de la voix dans les orchestres, voix toujours considérée comme instrument. C'est un point de vue qui flattera peu la gent orgueilleuse des chanteurs, et contre lequel ces derniers lutteront. Je cause beaucoup avec Caplet de toutes ces questions et nous sommes souvent d'accord. »
20 mars
: Emma donne des nouvelles alarmantes de Debussy mourant et continue à envoyer  des vivres à Caplet  : "Votre minuscule envoi s'est encore amoindri, la méchante demoiselle de la poste l'a repesé une première fois le trouvant trop lourd et j'ai enlevé le pâté gêneur... Si vous aviez une adresse où je pourrais vous l'envoyer par le chemin de fer, cela serait plus commode - Mais dites-moi ce que vous aimeriez recevoir-".
25 mars : Mort de Claude Debussy
5 avril : Lettre très émue (et émouvante) de Caplet à Emma : "...Est-ce étrange ! A mesure que s'écoulent les jours, la vision si douloureuse de Claude Debussy torturé par la maladie s'efface ; je le retrouve comme au temps passé - je retrouve son image vivante et alerte, et il me faut faire effort pour accepter l'atrocité de la réalité... Réalité ? Non; Apparence ? Oui : apparence, car Claude Debussy vit ! Claude Debussy vit intensément en mon coeur et en mon esprit, comme il vit et vivra toujours en l'esprit et dans le cœur de tous ceux qui l'on aimé. Je ne pleure pas...je n'ai pas pleuré, et pourtant, je sens, au fond de mes yeux, de grosses larmes..."
8 avril :
Durosoir à sa mère : « Avec Caplet, hier soir nous avons commencé le travail sur la sonate de Debussy. Cela ira très vite car avec Caplet dans l'interprétation de Debussy, il n'y a pas de tâtonnements.»
9 avril :
Durosoir à sa mère : « Je travaille avec Caplet la sonate de Debussy. Elle me plait beaucoup, c'est fin et subtil, d'une jolie sonorité. [...] Caplet est à l'aise dans cette musique, on voit qu'il aime ce genre.»
12 avril
: Durosoir et Caplet jouent la Sonate pour violon de Debussy devant Maréchal qui admire surtout les deux premiers mouvements. Caplet donne des leçons de contrepoint à Durosoir, Petit, trompettiste chez Colonne et Mr Coppet.
14 avril : Nouvelle audition de la Sonate  de Debussy Maréchal note : "Caplet est redevenu adorable. En me quittant devant le DI (devant Durosoir), il m'a dit avec un si joli regard de tendresse et un sourire qui rendait extrêmement jeune tout l'accent de la physionomie : "Au revoir. Je ne vous embrasse pas, mais le cœur y est." C'est de ces petits riens qu'on fait le bonheur..."
15 avril : Durosoir à sa mère :
« Caplet me fait l'effet d'un drôle de professeur. Il ,est fort indépendant et se fiche pas mal des règles. Je crois et du reste j'en ai l'impression, qu'il serait très mauvais éducateur pour de tous jeunes gens. Avec moi il discute beaucoup, car je lui pousse des objections nombreuses, mais si j'avais 18 ans, il est fort probable que j'accepterais benoîtement ce qu'il dirait. Aujourd'hui...»
16avril 16 avril : Durosoir à sa mère :  « Il faut dire que Caplet d'après ce que je vois, ne comprend plus le contrepoint de la même façon. Il le traite musicalement, et non précisément ce qui est admis ou défendu. Toujours au point de vue musical il admettra parfaitement une chose que les règles défendent, si l'effet musical est joli. Alors que le contraire le crispe parfaitement. C'est plus en accord avec la musique certainement. Au fond si on trravaille cette science, ce n'est pas pour le plaisir de faire du contrepoint, c'est surtout pour arriver à la musique. »
23 avril : Caplet à Jane Bathori : "La "direction" ne m'intéresse plus - du moins pour le moment. Je me consacre uniquement à la composition. Comme je n'ai aucune confiance en moi, je me donne cinq ans pour me prouver que je ne fais pas fausse route. Si d'ici cinq ans je n'ai pas produit trois notes, mais trois notes qui soient de la vraie musique, j'abandonne tout... A ce moment-là alors sans doute reprendrai-je le bâton de mesure et pourrons-nous parler des représentations pour l'Amérique"
24 avril :
Durosoir lettre à sa mère : « La Sonate de d'Indy [pour violon op. 59] paraît froide, ossifiée, mort-née et opaque et pesante. Ce n'est pas français et Caplet a raison de dire que c'est boche, c'est une tournure d'esprit qui découle de Leipzick (sic) ».
Mai
: Caplet part deux jours au camp de la Noblette suivre un cours sur les gaz.
19 mai : Caplet poursuit la composition de la Sonate pour voix, violoncelle et piano (qui restera inachevée). Durosoir : « Caplet est d'une humeur de dogue en ce moment, car cela ne va pas, il barre et rature sans arrêt, bref l'enfantement est plus que douloureux. »
24 mai
: Caplet à Durosoir : « On ne peut ignorer les formes classiques, mais on devrait s'efforcer de les oublier et trouver si possible des formes nouvelles. »                                                                                  
25 août : Durosoir à sa mère : « Caplet a reçu hier 12 études de Debussy pour piano. Pendant que nous étions en trzain de les lire, moi assis à côté de lui, il st tombé à moins de 50 mètres de notre ferme 7 obus qui n'ont blessé personne, et qui n'ont rien détruit. Il y a eu un moment de stupeur, car il n'y a jamais rien ici. C'est un petit incident. »
Septembre : Le général Mangin, de retour au commandement de la Division, demande à Caplet d'écrire une autre marche. Durosoir : "Caplet, entrevoyant de nombreuses libertés et faveurs, a accepté. Il m'a expliqué son plan : il aurait l'intention de relier la marche que tu connais à un mouvement lent et funèbre en mémoire de ceux qui sont tombés, et d'enchaîner avec une nouvelle marche, tout cela bien entendu pour les trois musiques".
14 septembre : Durosoir à sa mère : Caplet est arrivé ce matin toujours mystérieux, j'ai à peine le temps de lui causer, mais il va nous quitter d'ici peu d'après ce qu'il m'a dit. Il a finalement accepté d'aller à Chaumont au quartier général Américain, pour diriger une école de chef de musique pour l'armée américaine. Il ne sera peut-être pas si tranquille qu'ici, mais c'est la porte pour ne plus revenir, bien qu'il dise que ce n'e'st que pour quatre mois. Cependant il ne voudrait pas partir avant que sa nouvelle marche soit au point et exécutée. Il va donc tâcher de rester un mois au moins ».
15 octobre :  Durosoir à sa mère : « Est arrivée une note du Grand Quartier général qui envoie Caplet à Chaumont comme directeur de l'École technique américaine de musique militaire. Caplet ne comptait pas plus sur cette chose, puisque j'ai lu les lettres de ses amis parisiens, qui lui disaient carrément que la chose était ratée, et qu'il n'y fallait plus compter. Il est probable que de nouvelles démarches qu'il ignorait furent faites, car l'ordre de mutation arrivait hier vers midi. Ce matin, après avoir trié toutes ses affaires, j'ai conduit Caplet jusqu'à une auto qui devait l'emmener jusqu'à Calais. Ce n'est pas sans émotion que nous nous sommes séparés, après deux années de vie commune et de tous les instants. Je ne puis oublier tous les bons moments de musique et les mille souvenirs qui s'attachent aux lieux parcourus ensemble dans cette vie misérable et pittoresque. Caplet aussi était fort ému.[...]J'avoue que je vais me trouver bien isolé, car, de tous ceux qui m'entourent et qui sont certes de bons camarades, il n'y avait que Caplet avec lequel je pouvais causer de choses élevées et avec lequel je sympathisais. [...] Caplet compte bien rester 5 à 6 jours à Paris avant de gagner Chaumont. »
Les Américains contactent Caplet en vue de diriger l'école des chefs de la musique militaire américaine (American Expeditionary Force) située à Chaumont (Haute-Marne). Cette école a été fondée par le compositeur et chef d'orchestre Walter Damrosch [4] à la demande du Général Pershing. Elle trouvera après la guerre un prolongement avec le Conservatoire américain de Fontainebleau créé le 26 juin 1921. Caplet fréquente alors le chef d'orchestre Albert Stoessel qui publiera en 1920 un ouvrage intitulé The Technic of the baton, "inspiré des entretiens de l'auteur avec André Caplet", avec une préface de Walter Damrocsh. Des notes de Caplet montrent qu 'il avait des idées précises sur l'apprentissage de la direction. Le témoignage d'Yvonne Gouverné [5] montre par ailleurs que Caplet exerçait une autorité tyrannique sur ses musiciens : "Son besoin d'ordre, de clarté, de précision était extraordinaire - Il n'abandonnait rien au hasard. [...] Il y avait des chanteuses qui pleuraient, d'autres qui grinçaient des dents, des violonistes qui se vexaient ! Peu importe - plus les malheureux se défendaient, plus Caplet s'acharnait à les réduire en une sorte de matière sonore dont il se servait ensuite comme un sculpteur se sert de la terre glaise. En somme, il fallait qu'il abrutisse et qu'il fascine son monde avant de commencer son travail de créateur, et puis, quand toute velléité d'indépendance avait été dominée, alors il entreprenait vraiment le modelage ; puis, le jour de l'exécution, quelque chose d'éblouissant, d'inoubliable s'accomplissait, car si Caplet avait toutes les patiences pendant la période des répétitions, une flamme extraordinaire le transfigurait au Concert, et tout l'équipage dépassait ses moyens, confiant en ce sûr pilote qui ne perdait jamais le contrôle de lui-même."
Compte tenu de son mauvais état de santé, Caplet ne dirigera plus guère après la guerre malgré l'offre de diriger l'orchestre de l'opéra Caplet, les Concerts Lamoureux. Tout au plus, sur la pression de ses amis, il acceptera de rediriger le Martyre de Saint-Sébastien. Toutefois, nous verrons qu'il décidera d'entamer la saison 1922-1923 à la tête des Concerts Pasdeloup. Au-delà de ces tentatives, il se consacrera essentiellement à la composition et à la direction de ses propres œuvres. 
9 novembre : Compose Détresse sur un poème de Henriette Charasson.     
11 novembre : Signature de l'armistice.
Décembre : publication chez Durand des mélodies Le Vieux coffret
[1] sic. En réalité Rose Féart.
[2] Mélodie de Caplet non identifiée ! sans doute est-ce une erreur.
[3] Projet de Jacques Durand de publier Le Vieux coffret qui paraîtra en décembre.
[4] Lire ses mémoires Musical Life (New York and London, 1923)
[5] Revue Musicale janvier 1938 => Bibliographie
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41 ans Caplet est démobilisé.
23 janvier :
Dirige à Chaumont, le Bandleaders Band des élèves de l'Ecole des chefs de musique américains : Bizet (L'Arlésienne, ext.), Dvorak (Humoresque), Puccini (La Bohème, fantaisie), Delibes (Coppélia, et Lakmé, fantaisies), Berlioz (Marche hongroise).
14 mai :
Concert à la Société Nationale (Salle Gaveau) Trois mélodies de Caplet extraites de Le Vieux coffret (1- Songe, 3- Forêt, 4 -In una selva oscura) créées dans leur version avec orchestre. Claire Croiza, Orchestre dirigé par Caplet.
28 ou 29 mai :
 Le Havre, Salle de l'Hôtel des Sociétés, rue Kitchener, concert donné au profit de la Société havraise de Rééducation professionnelle des Mutilés : Récital de mélodies de Caplet : Les Prières, Prière normande, Quand Reverrai-je héals, Viens, une flûte invisible soupire, Il était une fois par Plamandon ; Rondel, Le Vieux coffret, Chanson d'automne, Nursery, par Jane Bathori ; Nuit d'automne et Green par Mme Tournié-Herb ; Paroles à l'absente et Détresse par Suzanne Balguerie, ; La Croix douloureuse (avec cordes) par Mme d'Ozouville, ; Duo extrait de Myrrha par Bathori et Plamondon ;  Inscriptions champêtres par Balguerie, Tournié-Herb et Desgenétais-Castelbajac ; solistes et instrumentistes à cordes du Havre. [1]
4 juin
: Caplet épouse à Chaville Geneviève Marie Elisa Perruchon. Le couple s'installe à Saint-Eustache-la-Forêt.
Entame la composition d'une Sonate pour voix, violoncelle et piano qui reste inachevée.
Juin : Composition de la Ballade française n° 1 Cloche d'aube d'après Paul Fort
21 juin : A Walther Straram :
"J'ai improvisé en deux heures un Panis Angelicus pour le faire chanter à Geneviève pendant que la procession s'arrêtait devant la grille de notre jardin où se dressait, par tradition et par les soins de notre propriétaire, un reposoir avec les drapeaux jaunes, verts, rouges, bleus, des papiers dorés et beaucoup de soleil. Francis Jammes en aurait pleuré d'attendrissement - pas du Panis : du spectacle.
31 juillet : Composition de la première des Fables de La Fontaine : Le Corbeau et le renard 
Octobre : Composition de la deuxième des Fables de La Fontaine : La Cigale et la fourmi
Novembre : Composition de la troisième des Fables de La Fontaine : Le Loup et l'agneau
; Diaghilev envoie un télégramme à Caplet Saint Eustache Canton de Bolbec : « Pouvez-vous accepter conduire spectacles Ballets Russes Opéra Paris et Italie fin décembre jusque fin Mars quelles conditions si offre vous intéresse serait indispensable que veniez Décembre Londres voir spectacles.» Diaghilev Savoy Hotel. Projet resté sans suite...
[1]
Concert mentionné par Denis Huneau op. cit p. 845.
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42 ans Mai : Composition des Ballades françaises n° 2 la Ronde n° 3 Notre chaumière en Yveline n° 4 Songe d'une nuit d'été d'après Paul Fort
A l'occasion de la naissance de leur fils Geneviève et André Caplet s'installent à Paris
7 Juin :
Création de la version orchestrale de Socrate d'Erik Satie sous la direction de Félix Delgrange avec Marya Freund. Caplet en assurera également la direction un peu plus tard aux Concerts Wiener avec Jane Bathori.
Septembre
: Composition de la Ballade française n° 5  L'adieu en barque pour voix et piano d'après Paul Fort
24 octobre
: naissance de Pierre Caplet ;  Les Caplet s'installent à Chaville.  Au cours de cette année, le frère d'André, Maurice, décède.
Novembre : Geneviève et André Caplet s'installent à Chaville. Baptême de Pierre : sa marraine Madame de Castelbajac offre à Caplet le recueil de poèmes d'Henri Ghéon Le Miroir de Jésus que Caplet mettra en musique en l'été 1923. Composition de l'Hymne à la naissance du matin (Paul Fort)
18 décembre : Louis Aubert avait demandé à Caplet de collaborer au Tombeau de Debussy [1] à paraître dans la Revue Musicale. Caplet lui répond : "Tout en regagnant mon logis, j'ai pensé à ce que vous m'avez dit au sujet du Tombeau de Debussy. Non vraiment, je persiste à trouver que ce monument, élevé pour la plus grande gloire du Maître, est parfait tel qu'il est. Ceux qui l'ont écrit dans la Revue Musicale étaient certainement tout indiqués pour le faire, car ils ont l'avantage, pour la plupart, de pouvoir se dire : "le seul qui, celui qui a le plus, celui qui a le mieux...etc...etc..." Vraiment, je ne vois pas ce que l'on pourrait être encore "le plus" ! Toutes les places sont prises [...] En tout cas, ce n'est pas à moi que pourrait revenir cet accablant honneur, car rien ne me désigne pour cela. A-t-on dit que j'avais beaucoup fréquenté Claude Debussy ? Mais c'est une légende... je l'ai très peu connu..."On peut se demander pourquoi Caplet se défile. Fut-il agacé par cet hommage ? En tout cas, il montre une mauvaise volonté évidente. 
- Constitution d'un chœur de voix de femmes à l'initiative de Suzanne Nivard dont Yvonne Gouverné prendra la direction et que André Caplet fera travailler notamment pour la création de la Messe à 3 voix et du Miroir de Jésus.
- Publication chez Carl Fischer à New York de l'ouvrage d'Albert Stoessel, professeur de musique à l'Université de New York, intitulé The Technic of the baton avec une préface de Walter Damrosch.  Ce "Manuel à l'usage des élèves chefs d'orchestre" est inspiré des entretiens de l'auteur avec André Caplet dans le cadre de l'école de Chaumont => 1918. Dans son avant-propos, l'auteur précise qu'il "fut assez privilégié pour pouvoir échanger des vues sur ce sujet avec M. André Caplet et c'est à ce dernier qu'il doit l'idée des exercices "gymno-rythmiques" et de plusieurs des graphiques des mouvements." Cet ouvrage sera suivi de plusieurs éditions en 1928 à New York puis en 1930 à Paris aux éditions Maurice Sénart avec une traduction de Mme Frédéric-Moreau. => bibliographie
[1] Le Tombeau de Debussy paru dans la Revue Musicale de décembre 1920. Ont collaboré dix compositeurs : sept écrivirent pour le piano Dukas, Roussel, Malipiero, Goossens, Bartók, Schmitt ; Stravinsky envoya la réduction pour piano du choral final des Symphonies pour instruments à vent à la mémoire de C. A. Debussy dont il avait achevé la composition le 20 novembre ; Falla écrivit une pièce pour guitare, Ravel son Duo pour violon et violoncelle (tout un symbole !), Satie une mélodie de 12 mesures "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé". Le Tombeau de Claude Debussy fut créé à la SMI le 24 janvier 1921, salle des Agriculteurs.
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43 ans 15 janvier : Création à la Société Nationale Salle de la Société des Concerts des Cinq Ballades françaises et de  l'Hymne à la naissance du matin pour soprano et piano sur des texte de Paul Fort avec Claire Croiza et André Caplet.
31 janvier : Walter Straram demande des conseils à Caplet où sujet de La Mer Debussy et d'España de Chabrier et lui demande de mettre à sa disposition les matériels d'orchestre d' España, de l'Ouverture de Gwendoline  de Chabrier ainsi que la Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel 
15 février : Exécution à New York par le Barrière Ensemble de la Suite persane de Caplet
27 février
: Création de l'Hymne à la naissance du matin pour soprano et orchestre sur un texte de Paul Fort aux concerts Lamoureux sous la direction de Paul Paray avec Claire Croiza.
Pressions de Walther Straram, Philippe Gaubert, Emma Debussy pour que Caplet assure la reprise du Martyre de Saint-Sébastien en 1922
12 mars : Création des Trois Fables de La Fontaine par Rita di Pietro ou Mme Candé et Caplet à La Société Nationale
1er novembre
: Philippe Gaubert à Caplet : "Cher Dédé. Tu es gentil de me demander mon avis pour le Martyre - Le voici : accepte de suite - J'irai t'applaudir avec joie dans cette œuvre que tu connais aussi bien que la connaissait notre cher Debussy.19 mai : André Caplet dirige salle Gaveau l'Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire avec le concours de Julia Nessy, notamment la version avec orchestre des 3 extraits du Vieux coffret et Hymne à la naissance du matin.
29 octobre
: Caplet assiste à la création du poème symphonique Pour une fête de printemps op. 22 d'Albert Roussel aux Concerts Colonne sous la direction de Gabriel Pierné.
Novembre :
Commence à écrire des articles critiques au Courrier musical sur les Concerts Pasdeloup, fonction qu'il arrêt en mars 1922.
Le 5
: Walther Straram à Caplet : "Je comprends parfaitement qu'une situation à l'opéra ne vous tente pas et vous avez vraiment mieux à faire ; mais cependant, pour le Martyre, j'accepterai sans aucun hésitation si j'étais à votre place et ceci pour des raisons que je trouve hautement supérieures parmi lesquelles : la piété que l'on doit avoir pour le génie de Claude Debussy, qui pratiquement vous impose de ne pas laisser encore une oeuvre de lui se galvauder au répertoire dans des conditions méprisables, que vous pouvez énormément dans la suite, si vous en dirigez seulement les premières exécutions - [...] Je vois encore une foule d'autres raisons que je vous dirai de vive voix, si vous me le permettez, et qui me sont guidées par ma perspicace affection."

25décembre
: Salle des Agriculteurs, récital de chant de Julia Nessy avec Walther Straram au piano, Mélodies de Caplet, Aubert, Debussy, Ravel, Roussel
1921-1922 : Collaboration de Caplet à la revue Le Courrier Musical
Le 27 /?/1921, Walther Straram dirige la Philharmonie Tchèque avec au programme Détresse de Caplet chantée par Julia Nessy.
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44 ans 7 janvier : Emma Debussy à Caplet : "Ida Rubinstein est engagée de façon "ferme" avec Rouché pour St Sébastien en juin à l'Opéra ! Que va devenir la combinaison d'Hébertot ? Qui conduira en juin ? Pourquoi pas vous, spécialement engagé pour cela ?"
12 janvier : Caplet assiste à la première parisienne [1] du Pierrot lunaire op. 21 de Schoenberg, salle Gaveau (Concerts Jean Wiener), sous la direction de Darius Milhaud avec Marya Freund. Vingt-cinq répétitions auront été nécessaires.
Janvier : Composition de La Cloche fêlée d'après Charles Baudelaire, mélodie créée le 17 novembre 1923
Caplet, Albert Roussel, Roland-Manuel cosignent au Courier musical une lettre en réaction contre la publication d'un article xénophobe rendant compte de la création parisienne du Pierrot lunaire de Schoenberg
25-26 février :
Caplet, nommé vice-président de l'Association des Concerts Pasdeloup et chef d'orchestre adjoint de Rhené-Bathon, dirige son premier concert : Weber (Freischütz), Debussy (La Mer), Mozart (Concerto piano en la avec Braïlowski), Beethoven (Symphonie n°5). Les concerts étaient régulièrement doublés.
18-19 mars : Concert Pasdeloup : Wagner (Maîtres chanteurs), Ravel (Shéhérazade avec Julia Nessy), Lalo (Concerto en fa pour violon avec Enesco), Cras (Âmes d'enfants, création), Debussy (Images, première exécution aux Concerts Pasdeloup).   
Mars-avril :
Henry Prunières à Caplet : "Ce petit mot pour vous confirmer votre invitation à dîner sans cérémonie (veston) avec Béla Bartók, Ravel, Szymanowski et Vuillermoz. Il est possible que Falla soit aussi des nôtres car je l'attends d'un jour à l'autre. [...] N'oubliez pas votre promesse de donner à la Revue Musicale  la primeur d'une de vos œuvres pour chant et piano..."  Un dîner auquel on aurait aimé être invité...
6 avril :
Création à la SMI de Le Pain quotidien (Intimités vocales en quinze exercices)  par Julia Nessy et Caplet au piano. Caplet écrit à Straram : "Mon bon Walther : J'accompagne Madame Nessy parce que c'est elle, parce qu'elle est votre élève et qu'elle a d'énormes qualités".
21 avril :
Lettre de la soprano polonaise naturalisée française Marya Freund demandant à Caplet de venir étudier chez elle la partition d'Erwartung d'Arnold Schoenberg.
22-23 avril :
Caplet dirige Pasdeloup au Théâtre des Champs-Elysées : Mozart (39ème), Roland-Manuel (Barcarolle extraite d'Isabelle et Pantalon), Saint-Saëns (Danse Macabre), Debussy (La Damoiselle élue avec Claire Croiza, Dolorès de Silvera, récitante et la Chorale Nivard), Borodine (Danses polovtsiennes) et, juste après la Danse macabre de Saint-Saëns, la première française [2] des Cinq Pièces pour orchestre op. 16 d'Arnold Schoenberg. Selon le témoignage de Marya Freund, il y avait eu tant de bruits et d'agitation qu'on pouvait à peine entendre. Après la quatrième pièce, quelques personnes en étaient venues aux mains. Florent Schmitt avait courageusement défendu la musique et, à la fin du concert, s'était retrouvé la figure enflée à la suite d'une gifle. Maurice Ravel, Francis Poulenc,, Roland-Manuel, Henri Prunières et Maurice Delage étaient parmi l'assistance. De son côté, Yvonne Gouverné apporte son témoignage : "Or si nous avons entendu les pièces de l'opus 16 sous la direction d'André Caplet dont l'intuition guidait l'inlassable curiosité, je n'oublie pas les cris accueillant cette audition (Théâtre des Champs-Elysées) en 1922. C'était un coup d'audace et j'ai de mes yeux vu un auditeur donner à Florent Schmitt un coup de poing en pleine figure simplement parce que celui-ci lisait la partition d'orchestre pendant que Caplet la faisait entendre. Inutile de dire que celui-ci, interrompu par le chahut provoqué, reprit après cet incident la pièce en question et je le vois encore dire à Florent Schmitt à l'issue de ce concert mouvementé : C'est toi maintenant qui viens faire du scandale quand je dirige !"
Le 20 juin, dans une lettre à Egon Wellesz, Schoenberg revient sur cet incident et qualifia la gifle reçue par Schmitt de "coup à la face de l'humanité" [3] Quant à Schmitt, il écrit à Caplet : "Bravo pour ta belle exécution de Schoenberg. Dans le 1er morceau bien des détails -qu'on lit - ne s'entendent pas. Les 2e et 3e se rendent plus exactement. Quant aux deux autres je ne les ai guère entendus - et les ai à peine lus exaspérés du "gallicisme" des gens - pour le moins..."
Dans Le Ménestrel du 28 avril, René Brancour ne s'en remet pas : 
« Cette séance était en majeure partie consacrée à la musique – le reste du programme était dévolu à des produits de M. Arnold Schoenberg, ceux-ci longuement et pompeusement accompagnés d’un prétentieux boniment nous affirmant leur caractère « harmonique » ou « lyrique ». En réalité, c’est le plus incohérent et le plus vulgaire des charivaris. Que l’on se figure la représentation « musicale » – si j’ose ainsi dire – d’un bal dans une maison d’aliénés ou d’une crise de delirium tremens en un poulailler ! Mis à part une cinquantaine (peut-être moins) d’auditeurs aux masques exotiques et aux applaudissements savamment disciplinés, els autres témoignèrent par des rires, des sifflets, et des huées de leur mépris pour cette méchante cacophonie – d’ailleurs plus bête que méchante… L’un d’eux s’écrira : « Tchitcherine ! » Et l’on ne pouvait mieux qualifier cette élucubration bolchévique…» Il conclut : « M. André Caplet dirigeait l'orchestre avec intelligence et soigneuse attention. Sa mimique, moins apparente que celle de M. Rhené-Baton, est parcontre plus fouillée, et regagne dans le détail ce qu'elle peut perdre quant à l'ensemble.»
11-12 mai
: André Caplet dirige une version de concert du Martyre de Saint-Sébastien de Debussy avec des extraits du poème aux Concerts Pasdeloup
16 mai :
Création de la version avec orchestre des Prières aux Concerts Pasdeloup, direction Rhené-Bâton avec en soliste Louise Matha
18 mai
: Concert Salle des Agriculteurs consacré à des oeuvres de Caplet  (hormis deux scènes de Pelléas) au cours duquel est prévue la création d'Epiphanie, fresque musicale pour violoncelle principal et orchestre d'après une légende éthiopienne avec Maurice Maréchal et Caplet au piano. La partition n'étant pas achevée, elle est remplacée par la Sonate pour violoncelle et piano de Debussy. La création d'Épiphanie avec orchestre aura lieu le 29 décembre 1923. La version avec piano a été crée dans un cercle privé avec la violoncelliste Madeleine Monnier (cousine du compositeur) et André Caplet.
27-28 mai : Concert Pasdeloup partage avec Rhené-Baton car Caplet ne dirige que ses propres œuvres  : Wagner (Maîtres chanteurs), Roger-Ducasse (Nocturne de printemps), Caplet (Songe  et  Forêt extraits du Vieux coffret par Charles Panzera), Saint-Saëns (Symphonie n° 3 avec orgue), Caplet (Inscriptions champêtres avec Mme Romanitza, Nessy, Silvera), Détresse et Hymne à la naissance du matin par J. Nessy), Wagner (Chevauchée des Walkyries).
13 juin : Création à la Sainte-Chapelle de Paris de la "Messe à 3 voix  "Messe des Petits de St Eustache-la forêt" sous la direction de Caplet. Concert donné au profit des veuves de guerre sous la présidence de la Maréchale Foch. André Caplet remercie Mademoiselle Nivard : "Chère Mademoiselle Nivard, C'est une longue lettre que je voudrais adresser à chacune des élèves du cours Nivard pour libérer mon cœur en exprimant toute ma reconnaissance. Cette audition de ma Messe à la Sainte-Chapelle sera pour moi inoubliable. Nous redonnerons cette œuvre sans doute aussi bien. Mieux ? Je ne le crois pas. Soyez mon interprète, je vous prie, pour dispenser autour de vous l'expression chaleureuse de ma gratitude. Acceptez tous mes vifs remerciements, puis, recevez, Chère Mademoiselle et amie, l'hommage de toute ma vive gratitude. A vous; André Caplet. Au même programme, Bach (air de la Cantate n° 47 par Claire Croiza et le quatuor Tourret), Andante da la Sonate n° 5 pour flûte avec Philippe Gaubert, Gaubert (Lamento pour violoncelle avec Maréchal), Caplet ( Les Prières, La Procession), Franck (la Voix du Christ extrait des Béatitudes par Panzéra), Glazounov (Novelettes, extrait par le Quatuor Touret), Caplet (la Croix douloureuse, Pie Jesu, O Salutaris avec Claire Croiza, soliste).  
18 juin
: Reprise du Martyre de Saint-Sébastien à l'Opéra de Paris dans une distribution identique à celle de la création de 1911 au Châtelet. Caplet chargé de la direction devait abandonner le projet lors de la générale (il est remplacé par Defosse) se plaignant auprès de Jacques Rouché, le directeur, de n'avoir qu'une seule répétition avec l'ensemble des participants : "Mon admiration et mon attachement envers la musique de Debussy sont trop grands pour laisser présenter son œuvre dans un tel état de décomposition scénique". De même, Caplet regrette que le "magnifique et lumineux chœur final se transforme, de par l'éloignement, en chant funèbre" et que de ce fait, "il baissait de plus d'un quart de ton". Les critiques très mauvaises du spectacle donneront raison à Caplet. L'œuvre sera reprise en juin 1923 sous la direction de Philippe Gaubert.
Juin : Composition de La Mort des pauvres d'après Charles Baudelaire, mélodie créée le 17 novembre 1923
Eté : Caplet à Y. Gouverné : Dites à votre chère maman, que Schönberg est un petit retardataire ; que pour la saison prochaine, je projette de faire entendre des œuvres vraiment nouvelles. Qu'elle commande sans tarder les chaînes qui doivent la river à son fauteuil et qu'elle me pardonne, à l'avance, le mal que je vais lui faire..."
9 août : L'éditeur Jean Jobert à Caplet : "Vous plairait-il de faire, dans vos instants de loisir, l'orchestration des trois autres morceaux de la Suite bergamasque de Debussy dont vous avez déjà fait le Clair de lune."

11août
: Fondation de la Société Internationale pour la Musique Contemporaine (SIMC) à l'issue du Festival de Salzbourg.

17août
: Roland-Manuel sollicite Caplet pour appartenir à la section française de la SIMC : "Quelques musiciens désireux de former une société de concerts réellement active et réellement librement échangiste, vous demandent par ma plume si vous seriez disposé en principe à vous joindre à eux. Le comité divisé en trois sections qui se partageraient le travail, aurait des représentants dans chaque pays qui recevrait des éléments de concerts par vos soins et rassemblerait pour vous les œuvres étrangères les plus significatives. La société serait à durée limitée [4] afin d'éviter l'immanquable transformation en maison de retraite. Peu de concerts, mais excellents etc."  Caplet exercera un rôle limité au sein de la SIMC en raison de son mauvais état de santé.
11-12 novembre : Concert Pasdeloup : Mozart (Symphonie n° 40), Debussy (L'Après-midi d'un Faune, Le Martyre de Saint-Sébastien extraits, Caplet (L'Adieu en barque, des Cinq Ballades Françaises, création de la version orchestrale avec Claire Croiza),
2-3 décembre : Concert Pasdeloup : Mozart (Don Juan, ouv. Concerto n° 5 pour violon K. 219, Gaston Elcus violon), Beethoven (Symphonie n° 9 avec chœurs Ganna Walska, Madelaine Caron, A. Sabatier, R Gilles). Théâtre des Champs-Élysées.175 exécutants.
12 décembre : Caplet dirige au Trianon-Lyrique la création d'Isabelle et Pantalon de Roland-Manuel.
18 décembre : Salon d'automne, séance de musique sacrée à la section d'art religieux. Œuvres religieuse de Caplet dirigés par lui-même.
22 décembre : Concert Pasdeloup : Beethoven (Symphonie n° 8), Schmitt (Chansons à quatre voix), Chabrier (Bourrée fantasque), E. C. Grassi (La Fête du Zakmoukou), Debussy/Caplet (Children's corner), Rimski-Korasakov (Capriccio espagnol). 
29 décembre : Salle Gaveau Concert sous la direction d'André Caplet hors concert Pasdeloup ce qui provoquera son exclusion de l'Association. Au programme, Beethoven (Léonore 3), Debussy (Images), Ravel (Pavane pour une infante défunte), Mozart (Pavane pour une infante défunte), Mozart (L'Enlèvement au Sérail, air de Constance par Ganna Walska), Ravel (La Valse).
[1] Une exécution partielle avait eu lieu le 15 décembre 1921. D'autres exécutions eurent lieu dans l'année, les 10 mars et 14 décembre au Théâtre des Champs-Elysées par les mêmes interprètes. Cette dernière entraina la réaction du critique Louis Vuillemin => 1er janvier 1923
[2]
Selon Pierre Boulez, l'Opus 16 de Schoenberg ne sera pas rejoué à Paris avant 1957 aux Concerts du Domaine musical où elles seront programmées à deux reprises. Voir AGUILA Jesus, Le Domaine musical, Pierre Boulez et vingt ans de création contemporaine, Fayard, Paris, 1992. Francis Poulenc, Marya Freund et Darius Milhaud se sont rendus à Vienne et, grâce à Alma Mahler, ont rencontré Schoenberg lequel offrit à Milhaud l'exemplaire des Cinq Pièces op. 16 dont il s'était servi lors de la création et sur lequel il avait porté au crayon toutes ses indications. "Quel précieux cadeau ! " s'exclame Milhaud dans ses Notes sans musique (Ed. Julliard), cadeau qu'il a sûrement montré à son ami Caplet. Caplet possédait cinq photographies de Schoenberg
[3] Cité par STUCKENSCHMIDT Hans Heinz - POIRIER Alain, Arnold Schoenberg, Fayard, paris, 1974-1993, p. 295-296
[4] La S.I.M.C. est toujours active en 2008.
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  1er janvier : A l'occasion de l'exécution du Pierrot lunaire de Schoenberg au Théâtre des Champs-Elysées, le 14 décembre, le critique Louis Vuillemin fait paraître dans Le Courrier musical un article sous le titre "Concerts métèques". Il dénonce les "Dadaïstes de la musique" qui "s'empressent, sauf exceptions très rares, à découvrir tout ce que le mauvais goût international a produit, et l'importent au cœur de la capitale, dans l'évident espoir de le faire battre de travers" Dans la même revue, la réaction ne tarde pas au travers d'une lettre commune : "Les soussignés André Caplet, Maurice Ravel, Albert Roussel, Roland-Manuel, se déclarent heureux d'avoir pu entendre, grâce à M. Jean Wiener, le Pierrot lunaire d'Arnold Schoenberg et une série d'œuvres nouvelles, françaises ou étrangères, dont on peut discuter les tendances mais non point l'intérêt. Ils profitent de l'occasion pour émettre le vœu que le patriotisme s'égare un peu moins sur un terrain où il n'a rien à conquérir, mais tout à perdre." Vuillemin répondra cyniquement : "L'absolue sincérité des quatre protestataires ne pouvant faire aucun doute, je ne vois à leur étonnante attitude qu'une explication ; elle est d'ordre héroïque : MM. Ravel, Roussel, Caplet, et Roland-Manuel sont intoxiqués par les gaz !..."
4 janvier :
Caplet dirige aux Concerts Wiener La Belle excentrique et crée la version orchestrale de Socrate de Satie avec Jane Bathori. Au même programme des pièces pour piano de Satie Quatrième Nocturne, Descriptions automatiques et de Poulenc : Mouvement perpétuel, Sonate pour clarinette et basson, Sonate pour cor, clarinette et trombone. Une nouvelle marque d'ouverture de Caplet à la musique de son temps d'une esthétique pourtant bien éloignée de la sienne.
15 février :
Concert Salle des Agriculteurs dédié à Caplet au cours duquel il dirige ses Inscriptions champêtres, Prières, Chabrier (A la musique pour chœur de voix de femmes avec Mme de Kerland soliste) ; au même  concert est jouée la Rhapsodie pour 2 flûtes, clarinette et piano de Honegger.
4 mars :
Récital de mélodies de Debussy et Caplet par Charles Panzera et André Caplet 
3 avril :
Caplet à Claire Croiza : "Je suis sans cesse penché sur le Miroir de Jésus - Je m'y complais car jamais je ne me suis senti en aussi bonnes dispositions de procréation musicale. Je crois que, parmi tout ce que j'ai écrit pour vous, rien n'aura été aussi adéquat à votre nature, à vos moyens, et que l'un par l'autre (je veux dire : vous et moi) nous arriverons à atteindre un sommet très élevé ! Quel orgueil, n'est-ce pas ? La "confiance en soi" s'infiltre en moi et je sens que bientôt je vais éclater de prétention !..."
13 juin :
Caplet assiste à la première représentation  dans le cadre des Ballets Russes des Noces de Stravinsky à la Gaîté Lyrique sous la direction d'Ernest Ansermet.
juillet :
Caplet est fait Chevalier de la Légion d'honneur.
Eté :
Composition d'Epiphanie et du Miroir de Jésus d'avril à septembre
août :
Caplet à sa femme : "Pour Epiphanie comme dédicace, j'ai mis : A mon fils pour le jour de son baptême (je corrigerai : je mettrai : Pour le jour de sa naissance). Pour le Miroir de Jésus  je mettrai : A ma femme, pour le jour de son mariage !... Au fond, ces deux œuvres sont mes premières œuvres. Il est donc normal que je les dédie à mes amours..."
9 octobre : achève l'orchestration d'Épiphanie.

17novembre
: Création de La Cloche fêlée  et de La Mort des pauvres d'après Charles Baudelaire par Suzanne Balguerie dans le cadre d'un concert organisé par la Revue Musicale.
18 et 19 décembre
: Création Salle Erard de la version pour harpe Erard et quatuor à cordes du Conte fantastique d'après le Masque de la mort rouge de Poe avec Micheline Kahn et le Quatuor Poulet. Le Conte fantastique reprend  la Légende "Le Masque de la mort rouge" que Caplet avait composée en 1908 pour la harpe chromatique de Gustave Lyon. "Caplet assista aux répétitions dans un esprit de raffinement, dévoilant la signification de chaque note pourrait-on dire" rapportait Micheline Kahn en 1978 dans la Revue Zodiaque. Voir la page Conte fantastique consacrée à cette partition.
29 décembre
: Création d'Épiphanie, fresque musicale pour violoncelle principal et orchestre d'après une légende éthiopienne  par Maurice Maréchal et les Concerts Colonne sous la direction de Gabriel Pierné au Théâtre du Châtelet. La création avec piano envisagée le 18 mai 1922.n'avait pu avoir lieu.
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46 ans Divers articles critiques à propos d'Épiphanie paraissent dans la presse.
4 janvier : Le Ménestrel : A la séance du samedi, première audition d'Epiphanie de André Caplet, « fresque » pour violoncelle et orchestre. « Melchior, le roi noir et or, se rendit en somptueux cortège à Bethléem : — là, ému, attendri, il s'extasia —puis, pour bien honorer le roi du monde, il fit danser ses petits nègres ». C'est ainsi que s'exprime une notice extraite de la partition. D'où trois épisodes : le cortège, l'extase, qui prend le nom de « cadence », et la danse des petits nègres. De l'ensemble de l'oeuvre ressort une impression assez confuse où le rythme et les timbres semblent dominer. Il y a certainement des recherches intéressantes, de la vie dans le dernier morceau : danse des petits nègres, mais tout cela très morcelé, d'harmonie rude, bien que les dissonances soient habilement enveloppées; quand à la cadence jouée par le violoncelle solo, comme en une sorte d'improvisation, accompagné seulement des battements monotones d'un tambourin, il est difficile d'en suivre les cabrioles, qui obligèrent M. Maréchal à se livrer à de véritables acrobaties où il réussit d'ailleurs parfaitement. Depuis quelque temps nos musiciens dits d'avant-garde paraissent vouloir puiser leur inspiration dans l'art nègre. La Création du Monde de M. Darius Milhaud surgissait d'une civilisation papoue : ce sont de petits nègres que fait danser M. André Caplet. L'art nègre est-il réellement si intéressant ? Ou bien est-ce seulement pour tenter de faire accepter certaines excentricités que les compositeurs s'abritent derrière lui ? Si l'audition d'Fpiphanie nous laisse, à une première exécution, un peu désorientés, il est juste de reconnaître que l'instrumentation en est extrêmement curieuse, le violoncelle ressortant bien : il est malheureux qu'il ne dise pas de choses plus intéressantes ". (Pierre de Lapommeraye).
 Le même jour paraît dans la Revue Pleyel un article de Roland-Manuel : "L'inconvénient de la virtuosité, c'est qu'elle est malaisément expressive. Elle ne brille que pour elle-même [...] Une merveilleuse plasticité, qui est la plus précisue source de l'art de Caplet, permet ici à cette virtuosité de se mouvoir et s'émouvoir dans le cadre précis que le compositeur lui assigne. Le violoncelle, tantôt turbulent et tantôt extatique ne nous écarte point de l'étable de Bethléem : dès que les harmoniques du quatuor ont allumé, en se frottant contre le célesta, une étoile de clinquant dans le ciel pur, c'est le violoncelle qui guide le sompteux cortège avec une expperte vivacité. "
Pour l'analyse d'Epiphanie lire le chapitre que lui consacre Jacques Tchamkerten dans André Caplet compositeur et chef d'orchestre (Société française de musicologie, p. 399-417).
6 janvier : Nouvelle audition d'Epiphanie aux Concerts Colonne sous la direction de Pierné.
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usieurs séjours de Caplet à l'abbaye de Solesmes où il marque un vif intérêt pour le chant grégorien. Entretiens avec Dom Jean Hebert Desrocquettes auteur d'ouvrages sur le chant grégorien et disciple de Dom Mocquereau
1er février :
"Epiphanie de M. André Caplet ; M. Maurice Maréchal" article de Florent Schmitt dans Le Courrier musical.
3 février :
La violoncelliste Madeleine Monnier joue Epiphanie au 14e concert de la Société des Concerts du Conservatoire sous la direction de Philippe Gaubert. Madeleine Monnier créera cette année 1924 les Improvisations pour violoncelle et piano dans le cadre d'un concert de la Revue Musicale. Il semble qu'une certaine rivalité ait existé entre Maréchal et Monnier à propos de l'exécution de d'Epiphanie.
7 février :
Lettre d'Albert Roussel à Caplet le remerciant des conseils qu'il a prodigués à Robert Siohan à l'occasion de la création la veille à la SMI de son œuvre Madrigal aux muses op. 25 pour trois voix de femmes a cappella : C'est vous maintenant, le principal artisan du succès, que je dois remercier d'avoir prodigué pendant les répétitions, vos soins, votre expérience et votre science profonde de la direction et de la préparation des voix. Je sais avec quelle patience, quelle habileté vous avez insinué à toutes la compréhension musicale de ce petit morceau et la justesse du style. Merci de tout cœur, mon cher ami...
22 février
: Société des Grands Concerts de Lyon (Georges-Martin Witkowski) , Salle Rameau : création partielle du Miroir de Jésus avec Claire Croiza en soliste, les chœurs de la Schola Cantorum et un ensemble de cordes, deux harpes, dirigés par André Caplet. A Yvonne Gouverné : "Vous nous avez beaucoup manqué. La catastrophe redoutée s'est muée en une très digne et très belle fête. En somme avec de mauvais chœurs, un orchestre douteux, l'absence des préludes, l'œuvre est sortie victorieuse."
26 février : Caplet à Claire Croiza : "Je suis malheureux de ne pas vous avoir vue assez heureuse après l'audition des Mystères. Vous y avez été merveilleuse - admirable et vous devez être fière de vous et contente de moi."
27 fév à mi-mars : Voyage en Italie : Pise, Sienne, Vintimille, Rome
7 mars :
Caplet à sa femme : "Le Doux Jésus - l'adorable personne de N. S. Jésus - Amour - tout cela me fait l'effet d'un bonbon fondant qui n'en finirait pas de fondre... Je voudrais un Dieu coléreux - sans pitié - le Dieu de la foudre - un Dieu que l'on ne nommerait pas"
17 mars
: Lettre de Rome à son épouse : "J'ai revu la Villa Médicis avec beaucoup de tristesse... sur moi-même... mais avec beaucoup d'espoir en l'avenir. Quelle chose regrettable de ne se découvrir que si tardivement." [...] Pourquoi ai-je écrit les Mystères du Rosaire ? Les Prières ? La Messe ? le Pie Jesu ? ... Parce que le christianisme est un jardin merveilleux qui apporte à mon âme, à mon esprit : l'enchantement poétique le plus précieux, le plus intense."
27 mars ; Audition privée du Miroir de Jésus chez Madame Frédéric Moreau avec Claire Croiza, la Chorale Nivard, orchestre à cordes et harpes.
8 avril :
Composition de Doux fut le trait (Ronsard) pour voix avec piano ou harpe. Ecrit pour le supplément de mai 1924 de la Revue musicale (Tombeau de Ronsard). Contribuaient à ce même hommage : Honegger, Dukas, Roussel, Louis Aubert, Roland-Manuel, Maurice Delage et Ravel
1er et 2, 16, 19 mai :
Premières parisiennes au Théâtre du Vieux-Colombier du Miroir de Jésus avec Claire Croiza, les chœurs de Suzanne Nivard préparés par Yvonne Gouverné sous la direction de Caplet. Version avec quatuor à cordes.
3 mai :
Caplet assiste au Théâtre des Champs-Elysées à la reprise du Roi David d'Arthur Honegger qui avait déjà été donnée avec succès salle Gaveau le 14 mars au moment où Caplet était en Italie. Honegger dirige, Jacques Copeau est le récitant. Au même programme Prométhée de Fauré.
15 mai : Création des Divertissements pour harpe par Micheline Kahn au Théâtre du Vieux Colombier
17 mai :
Création des Improvisations pour violoncelle et piano d'après de Pain Quotidien avec Madeleine Monnier (violoncelle) et Caplet (piano)
1er juin : 
M. J. Pillois dans Revue Musicale à propos du Miroir de Jésus : "L'écriture est proprement médiévale : c'est le règne de la quarte et de la quinte, du déchant et des mouvements parallèles, c'est celui du moyen âge stylisé par un visionnaire."
fin juin début Juillet :
séjour à Solesmes
1er juillet :
Caplet à sa femme : Je me réjouis grandement d'être revenu à Solesmes car l'impression de beauté si profonde que j'avais déjà ressentie s'est pour ainsi dire plus affirmée encore.
Eté :
Entreprend la composition de la Sonata da chiesa  pour violon et orgue qui restera inachevée
15 août :
Lettre de Marya Freund à Caplet lui précisant qu'elle travaille le Miroir de Jésus. Elle a rencontré Edgar Varèse débarqué au Havre depuis le 11 juin et qui séjourne l'été à Paris chez le peintre Fernand Léger. Elle lui a parlé avec enthousiasme du Miroir et Varèse lui fait part de son désir de faire exécuter l'œuvre à New York.
19 septembre :
Composition de Ecoute pour cœur d'après Rabindranath Tagore pour flûte et voix
4 novembre
: Lettre de l'organiste Joseph Bonnet à Caplet : "Je suis heureux et fier que vous ayez pensé à écrire votre sonate de violon et orgue pour moi. On finit justement de monter un orgue à trois claviers dans ma nouvelle maison. Nous aurons là tout ce qui sera nécessaire pour la régistration de votre œuvre que je suis impatient de connaître."
5-9 novembre :
A la demande de la reine Elisabeth, André Caplet dirige le Miroir de Jésus à Bruxelles dans le cadre des Concerts Populaires (Henry Le Boeuf)
21 novembre :
Concerts Populaires d'Angers (Jean Gay) : exécution du Miroir de Jésus (? )
13 décembre
: Récital de Madeleine Dirix avec le concours de la harpiste Micheline Kahn, Maurice Maréchal et André Caplet qui accompagne au piano la chanteuse dans ses mélodies et le violoncelliste dans Epiphanie.
21 décembre : Exécution  (Théâtre du Châtelet) du Miroir de Jésus aux Concerts Colonne avec Claire Croiza, Chorale Suzanne Nivard, les Petits Chanteurs à la Croix de Bois, direction Caplet. Suivaient La Valse de Ravel dirigée par lui-m^me, La Damoiselle élue de Debussy et L'Apprenti sorcier de Dukas dirigés par Gabriel Pierné.
Yvonne Gouverné : "Avait-il le pressentiment de sa fin prématurée ?... J'en ai l'intime conviction. Toujours est-il qu'une hâte étrange, - significative chez ceux qui vont mourir - le prit pendant cette ultime période.Une solitude absolue lui ayant toujours été nécessaire pour composer - il voulut les deux derniers étés de sa vie, rester dans on pavillon de Neuilly - et put finir le Miroir de Jésus ainsi qu'Epiphanie en 1923, puis commencer Saint Catherine de Sienne et sa Sonate pour orgue, violoncelle et voix, que nous n'entendrons jamais et qu'il considérait comme presque achevée en 1924... A partir de ce moment-là, ce fut la course à l'abîme - il fallait tout faire à la fois - on eût dit qu'il voyait la route se raccourcir devant lui [...] : "C'est le "temps" c'est à dire la division du temps de l'existence en heures en minutes et jours fixes, qui empoisonnent ma vie".
Co
mposition de la mélodie La part à Dieu "pour le jour des Rois, telle qu'on la chantait encore en Normandie en 1884 près du "havre de grâce", recueillie par André Caplet, musicien normand"
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Caplet meurt à 46 ans,
son anniversaire étant le
23 novembre
A la demande de Jacques Rouché [1]et à l'occasion du cinquantenaire de l'Opéra, Caplet révise l'orchestration du Triomphe de l'amour de Jean Baptiste Lully et va en diriger les 7 représentations entre janvier et mars. 5 représentations seront données ultérieurement à l'Opéra en 1932-1933. A cette dernière occasion, Armand Machabey estimait qu'il s'agissait d'une recontitution documentaire "qui s'adressait surtout aux historiens de la musique" (Le Théâtre musical en France. Rapport présenté au Congrès international de Florence, mai 1933, Paris, Le Ménestrel, 1933, p. 29). Voir à ce sujet la thèse de Camille Rondeau in Bibliographie
Janvier : Caplet fait travailler la chanteuse Régine de Lormoy [2] : "Son clair et profond regard était très intimidant pour la jeune cantatrice que j'étais alors. Le musicien me fit travailler le Miroir ainsi que les Cinq Ballades Françaises (sur des poèmes de Paul Fort) que j'avais l'intentions de donner à mon récital du 2 avril de la même année 1925. Les répétitions étaient passionnantes. Je retrouvais chez Caplet tout ensemble le compositeur et le chef d'orchestre. C'est ainsi qu'il recommandait que je respire souvent et à fond, assimilant cet indispensable exercice aux coups d'archet du violon, qu'il voulait larges et fréquents. Il ne laissait passer aucune faiblesse, soignait le moindre détail, exigeait un rythme exact, une fidélité absolue au texte dont on sait qu'il était châtié. Notre travail poursuivi avec rigueur était l'objet d'une grande minutie et ce fut une véritable joie pour moi de le voir aussi satisfait de mon interprétation. C'est alors qu'il me proposa de m'accompagner au piano pour les Cinq Ballades, œuvres certes difficiles dans leur synthèse, leur originalité, mais si agréables à interpréter ! [...] Hélas, les répétitions furent interrompues par la maladie du musicien."
6 janvier et 4 février :
Représentations du Triomphe de l'Amour de Lully dans la révision de Caplet et sous sa direction à l'Opéra de Paris à l'occasion du cinquantenaire du Palais Garnier. Chorégraphie  de Léo Staats, décors et costumes d'après les maquettes de Max. Dethomas. Cesbron-Viseur (Vénus), Campredon (Diane), Jane Laval (La Nuit), Madeleine Caron (Le Mystère), Madlen et Guyard (Le Silence). 
10 janvier :
Festival André Caplet
15 janvier :
Exécution Salle Gaveau d'Epiphanie avec André Maréchal sous la direction de Caplet à la tête de la Société des Concerts du Conservatoire. Le reste du programme est dirigé par d'autres chefs, notemment le Conte légendaire pour violoncelle principal et orchestre de Daniel Jeisler créé sous la direction du compositeur ou encore le Cortège d'Amphitrite de Philippe Gaubert sous sa direction.
février : le 7
Exécution des Divertissements pour harpe par Micheline Kahn à la Société nationale, salle Erard ; 15 février : Audition privée chez Madame André de l'Adieu en barque et de l'Hymne à la naissance du matin par Caplet et Veria + Extraits du Miroir de Jésus version pour 3 voix de femmes et deux pianos (Caplet et Gouverné).
27 février :
Caplet à Cannes
9 mars :
Le Havre, Festival André Caplet en l'église Saint-Michel : Le Miroir de Jésus est redonné avec Claire Croiza sous la direction de Caplet ainsi que la Messe, et les Prières (dans la version chant et orgue).
 "Le lundi 9 mars 1925,
rapporte Yvonne Gouverné, un festival des œuvres d'André Caplet avait lieu à l'église Saint-Michel au Havre, avec les instrumentistes du Havre bien entendu, la chorale locale à laquelle se joignaient quelques fidèles. Whita et moi-même reçûmes l'ordre de nous rendre immédiatement au Havre pour la répétition générale. Madeleine pour remplacer Mme Croiza venant seulement pour le concert. Moi, parce qu'André Caplet avait fait mettre un piano dans l'orchestre et j'avais comme mission  de renforcer les basses qui, dans cette église, paraissaient sonner de façon insuffisante. Donc ce qui fut dit fut fait. A l'issue de cette répétition, l'auteur éprouvait le besoin de se détendre... Vers minuit, après avoir quitté les uns et les autres, André Caplet nous amenait Madeleine et moi vers la mer ! Comment pourrais-je oublier cette promenade nocturne au bord des vagues houleuses, qui fut la dernière de toutes avec lui ?  Il nous tenait chacune par un bras, devant cette immensité marine dont nous longions les vagues, et, comme s'il nous proposait une aventure merveilleuse : "Mais pourquoi ne pas partir sur une de ces barques ? "Vous savez que je rame très bien", nous dit-il. Poursuivant son rêve, il se mit à fredonner presque joyeusement "On s'embarquerait sur la mer et l'on ne reviendrait plus".
11-16 mars :
Reprises du Triomphe de l'Amour au Palais Garnier. Dernières apparitions de Caplet au pupitre.
14 mars :
Yvonne Gouverné : "Nous devions jouer à deux pianos le Miroir de Jésus, dans une matinée qui réunissait tout Paris - quarante de fièvre le matin même, l'empêchait de se lever - à midi, il me fit savoir qu'il tenait absolument à ce que l'œuvre soit donnée quand même. La matinée eut donc lieu..."
2 avril :
Récital de Régine Lormoy. Caplet prévu pour l'accompagner est remplacé par Pierre Maire.
Caplet tombe malade. Paul Landormy précise : « Au mois de mars 1925, en revenant du Havre, où il avait dirigé un concert, il prit froid dans le train. On crut d'abord à un simple rhume. Le mal augmenta peu à peu et devint en définitive une pleurésie purulente. Une intervention chirurgicale, tenté en dernière heure, ne sauva pas Caplet ». Gouverné : L'homme encore si jeune que la mort guettait, pensait toujours aux horizons marins lorsqu'il fut arrivé à son Golgotha... Dévoré par une fièvre qui ne devait plus le quitter, il disait souvent : "je voudrais tremper mes mains dans la mer".
22 avril :
décès d'André Caplet dans son appartement du boulevard d'Inkermann des suites d'une hémoptysie. Caplet avait toujours été fragile des poumons. À l'automne 1909, il avait déjà contracté une pleurésie. La fragilité des poumons fut encore accentuée par le fait qu'il ait été gazé à deux reprises au cours de la guerre comme des milliers d'autres poilus.
23 avril  :
Article ému de Henri Woollett : "Un terrible et bien triste événement vient endeuiller tout l'art musical et sera vivement ressenti par tous nos concitoyens. La main me tremble en écrivant ces lignes. Celui que je considérais comme mon fils artistique, dont j'avais guidé les premiers pas dans la carrière qu'il devait illustrer si grandement et si noblement, André Caplet, le jeune et déjà célèbre compositeur, est mort hier après une douloureuse et rapide maladie. Récemment, nous avions la joie de le fêter après la superbe exécution de son œuvre Le Miroir de Jésus, à Saint-Michel, qui sous sa direction si vivante, avait brillé d'une radieuse beauté."
10 mai :
Henri Dutheil, pour sa part,  écrit  [3] : "Caplet, ton grand cœur a cessé de battre, mais tu survis ici-bas par tes œuvres, par le culte que nous garderons de ta glorieuse et sainte mémoire. Et surtout, tu survis, nous en avons la certitude, au-delà de ce monde périssable, dans le Mystère de Jésus"
24 mai :
Concert à la mémoire de Caplet en l'Eglise Saint-Eustache
8 juin
: Exécution d'Epiphanie avec Maurice Maréchal aux Concerts Straram dans le cadre de la S.I.M.C. au Théâtre de l'Exposition internationale des Arts décoratifs ; Hôtel Majestic, Mélodies de Caplet par Pierre Bernac qui est son élève depuis 1922.
11 juin : Salle Gaveau Festival Chausson-Debussy-Caplet
1er juillet :
La Revue musicale n° 9 publie trois articles en hommage à Caplet signés d'Alexis Roland-Manuel, Maurice Brillant et Arthur Hoerée. "La mort prématurée d'André Caplet, écrit Hoerée, donne la signification à son œuvre : c'est en le perdant qu'on mesure l'étendue de cette perte. Avec lui disparaissent non seulement le compositeur, notre plus grand chef d'orchestre, l'orchestrateur raffiné, le magicien des sonorités du piano ; mais c'est aussi l'ami de la musique, l'animateur à l'œil magnétique, soutien des interprètes ; c'est le thaumaturge qui fait chanter juste et pianissimo, les chœurs les moins exercés, qui du regard aide le flûtiste, du geste façonne jusqu'à la perfection une voix de femme ; c'est aussi notre seul musicien religieux qui puisait au plus pur mysticisme le secret de son inspiration; l'auteur du Miroir de Jésus dont la magnificence suffirait à perpétuer son nom ; ce sont enfin toutes les pages irrévocablement perdues d'une maturité qui s'annonçait féconde"
4 Juillet
: décès de la mère de Caplet.
27 novembre : Conférence de Roland-Manuel sur André Caplet
17 décembre : Concert salle Gaveau au profit du monument Caplet
[1] Qui semble ne pas avoir tenu rancune à Caplet des difficultés rencontrés pour la reprise du Martyre en juin 1922.
[2] La voix de Régine de Lormoy dans le Septuor op. 3 pour voix de mezzo quatuor à cordes, flûte et piano d'Arthur Hoerée.
[3] in La Mouette, juin 1925 Revue Normande de littérature et d'art, Le Havre.
1926   25 janvier : Exécution du Miroir de Jésus au Conservatoire Royal de Bruxelles avec Claire Croiza
21 juin : Exécution du Miroir de Jésus  à Zurich avec Claire Croiza sous la direction de Walther Straram
1927 23 mars : La Havre, Messe anniversaire à la mémoire de Caplet