Homme discret, Caplet n'était pas homme à se raconter. Sa correspondance -
quoique limitée - et les divers témoignages de ceux qui l'on approché parviennent
tout de même à restituer une image assez juste d'un adolescent très doué, d'un
homme très exigeant sur le plan musical aussi bien pour lui comme compositeur
que pour les autres comme chef d'orchestre. La musique aura occupé toute sa vie
au service d'une brillante mais trop brève carrière brisée par la guerre. Issu
d'un milieu provincial modeste mais aux valeurs morales rigoureuses, Caplet fera
preuve toute sa vie d'une grande intégrité ce qui n'exclura pas des moments
dépressifs de doute. Après la guerre, notamment, la dimension mystique enrichit encore cette personnalité complexe
mais éminemment sympathique et attachante.
J'ai privilégié les témoignages issus des correspondances de Claude Debussy,
Lucien Durosoir, Maurice Maréchal, les déclarations de Caplet lui-même
rapportées par son amie Yvonne Gouverné (voir références en
bibliographie). Les créations sont mentionnées en noir
ANNEE
AGE
ÉVÈNEMENTS
1878
Lundi 23 novembre : naissance au
Havre à 14 heures chez ses père et mère, 23 rue de la Comédie
d'André Léon Caplet, fils légitime de Léon Henry Caplet employé de
commerce, âgé de 39 ans et de Marie Françoise Antoinette Betton, sans
profession âgée de 35 ans. (voir
l'acte de naissance) Pour ceux qui croient dans les astres on trouve sur
http://www.astrotheme.fr/portraits/jwJ8Z57282e3.htm le thème astrologique de ce Sagittaire ascendant Bélier. Pour les
autres, contentons-nous de préciser qu'il est le dernier né d'une
famille de six enfants (et non sept !) dont trois seulement survécurent :
Jeanne qui avait alors 8 ans et
Maurice 5 ans et lui-même.
=> dictionnaire pour détails généalogiques
« Cet homme blond, au regard vague, avec une tête énorme plantée sur de
larges épaules, aimait à dire à ceux qu’il sentait avides de précisions,
qu’il était né sur un bateau entre le Havre et Honfleur » rapporte
Yvonne Gouverné. Milieu familial modeste, principes rigides
chez un père
Léon Henri Caplet
qui avait songé à rentrer dans les ordres. "Quand on arrive le
septième enfant [1] dans une famille où l’on ne souhaitait pas votre venue,
quand on doit se débrouiller pour gagner quelques pièces de monnaie à
dix ans, jouant du piano d’un côté, du violon de l’autre, et, que le
soir, rentrant tard, il faut partager un matelas avec son frère pour
dormir, on s’aperçoit que peu de gens savent ce que c’est que la
pauvreté… J’entends la pauvreté décente de ceux qui ne demandent rien à
personne. Mon père était la bonté même, très sensible et respectant les
siens… Il a fait ce qu’il pouvait pour nous orienter mon frère et moi
vers la musique qu’il aimait naïvement (vague sourire) ; il ne
pouvait s’en passer, seulement il était incapable de dominer la
faiblesse de son caractère qui venait sans doute de sa santé
déficiente (silence)... et pour subvenir au budget de toute da
famille, il avait une situation tellement modeste que nul ne saurait
s’en contenter aujourd’hui. Ma mère, très énergique, a eu le mérite de
tenir tête à des années difficiles et même des épreuves terribles, ayant
perdu plusieurs de ses enfants en bas âge… mais… sans le vouloir… elle
nous éloignait d’elle par son autorité. Intelligente, courageuse,
capable, seulement il fallait se laisser dominer par elle ou lui
répondre, comme elle le faisait elle-même par des mots cinglants. Tout ce que je dis là
n’est pas pour me plaindre, ces détails n’ont d’intérêt que pour vous
faire sentir dans quel climat s’est déroulée mon enfance… Il faut que
vous sachiez combien j’ai été ballotté.
(rapporté par Yvonne Gouverné, voir
Bibliographie)
[1] Caplet défigure ici la réalité
puisqu'il n'a jamais connu qu'une sœur et un frère. Les autres enfants
sont morts en bas âge.
La
musique
ou
la mer
Deux échappatoires vont aider l’enfant à surmonter
ses problèmes : la mer et la musique."Ce qu’il faut mettre en relief
d’abord, parce que là réside l’essentiel, c’est du plus loin que je me
souvienne, l’attirance toujours exercée sur moi par la mer. Enfant, je
passais des heures à flâner au bord des grands bassins du Havre pou
écouter le rythme des vagues déferlant sur la grève et, bien avant que
je ne puisse partir seul, quand un marin m’emmenait dans sa barque,
j’étais heureux…je m’adaptais aux mouvements proposés par les flots…
j’entendais des voix dans les voiles. Elles changeaient d’intensité,
selon la force du vent et semblaient répondre à quelque interrogation
venant de moi… Je ne saurais expliquer ce que je ressentais alors, mais,
revenu sur terre, j’étais en exil… J’attendais toujours je ne sais quel
motif d’émerveillement… La musique seule comblait ce vide… »(Y.G.)
Quelques années plus tard, un autre garçon Havrais d’adoption sera
également fasciné par la mer. C'est ainsi qu’Arthur Honegger évoque ses
jeunes années : « Ce que je dois au Havre ? Mes années d’enfance, et ce
qui fut ma passion de cet heureux pays : la mer. J’aimais les bateaux,
surtout les voiliers. Je connaissais par leur nom les différents modèles
de navires et les pièces de leurs gréements : les trois-mâts carrés, les
bricks, les goélettes, les schooners… La mer a eu sur mon esprit une
influence très profonde, elle a agrandi l’horizon de mon enfance. »
Rimski-Korsakov, Debussy, Caplet, Honegger, Jean Cras, Maurice Emmanuel,
Albert Roussel et tant d'autres compositeurs furent sensibles à la
mer et à l'appel du large.
formation
Poussés par leur père, Maurice et son jeune frère manifestent très
tôt des dons pour la musique. Au Conservatoire du Havre, André reçoit
l'enseignement d'Henri
Madelaine
(solfège), Gérard
Hekking et
Michel Aquilina
(violon) et surtout
Henry Woollett
(piano puis composition). Woollett s'en souvient : "J’ai
eu la joie d’initier à la musique le jeune cerveau d’André Caplet. Il
pouvait avoir une dizaine d’années. Avec quel enchantement découvrait-il
les maîtres dont je lui enseignais les traditions ! [...] La
carrière de professeur peut avoir des moments pénibles, elle a aussi ses
récompenses. J'en ai goûté le charme à plusieurs reprises. Jamais
davantage qu'en ces jours où nous commençâmes d'explorer ensemble
les mystères de l'harmonie, leur union, leurs sonorités changeantes,
mouvantes... En cet art il progressait avec une rapidité surprenante,
avide de tout savoir, de tout connaître... de tout comprendre... Je
n'avais qu'à le guider, il devançait parfois mon enseignement." Yvonne
Gouverné souligne ses dons musicaux
: "Doué d'une étonnante facilité
de lecture, son entourage lorsqu'il était encore tout enfant appréciait
l'étendue de ses capacités en lui mettant sous les yeux, quand il était
au piano, n'importe quelle musique pour le soumettre à des expériences
convaincantes. Imperturbablement, Caplet lisait à première vue et
lorsque les difficultés à vaincre dépassaient ses moyens l'esprit
malicieux du petit Normand, aidé de sa musicalité, remplaçait le
déchiffrage par une adroite et trompeuse improvisation qui, sans
troubler la quiétude de ceux qui l'écoutaient, leur laissait la joie de
tourner les pages indéfiniment."
1882
4 ans
Premières leçons de piano
1888
10 ans
Premier Prix de violon
1890
12 ans
Pianiste répétiteur au Folies-Bergères du Havre
Premières compositions :
Rêverie enfantinepour violon et piano (1890 ?)
1892
14 ans
Violoniste dans l'orchestre du Grand Théâtre Municipal du Havre.
Yvonne Gouverné : "Il remplit à
quatorze ans l'emploi de premier violon au grand théâtre et se
familiarise alors au contact de l'orchestre avec la valeur des timbres ;
s'assouplit à des rythmes de danse, souvent par de vulgaires
réalisations, cependant qu'un sommaire schéma de l'art théâtral l'initie
aux épanchement d'un lyrisme hétéroclite".
1893
15 ans
Premières
mélodies : Contemplation(N. Clauzes, 1893 ?), la
Sérénade de l’écolier(P.- J. Pain, 1893 ?) qui remporte le second prix de
composition de la ville de Tourcoing.
"Il n'était pas rare,
rapporte Y. Gouverné, de voir
André Caplet jouer en plein air les jours de fête dans les bals publics.
Souvent, il écrivit pour des chansonniers de café-concert de ces
refrains qui obsèdent toutes les mémoires"
1895
17 ans
Premier violon et pianiste répétiteur au Grand Théâtre du Havre,
Caplet découvre les ouvrages lyriques qu’on donnait alors couramment :
Guillaume Tell, Les Huguenots, Faust, Carmen… « Il n’était pas
rare, rapporte Yvonne Gouverné,
de voir André Caplet jouer en plein air
les jours de fêtes dans les bals publics. Souvent il écrivit pour des
chansonniers de cafés-concerts de ces refrains qui obsèdent toutes les
mémoires. » Devenu musicien parmi les musiciens, Caplet ne devait pas
manquer le passage en province des grands artistes de l’époque comme
Raoul Pugno et Eugène Ysaye…
Il compose
Sous la
voûte étoilée (1895 ?), une cantate La Vision de Jeanne d’Arc(A. Millard, 1895 ?) pour soprano,
ténor, chœur de femmes et orchestre, Haïti, valse pour
piano (1895 ?).
1896
18 ans
Automne : Admission au Conservatoire de
Paris dans les classes d'harmonie de
Xavier Leroux,
ancien élève de Jules Massenet comme
Henry Woollet, et la classe d'accompagnement de
Paul Vidal. C’est donc en pleine affaire Dreyfus que Caplet
rentre au Conservatoire. Ambroise Thomas mort en février, c’est Théodore
Dubois qui est nommé à la tête de l’établissement alors que Jules
Massenet, par dépit, abandonne sa classe de composition au profit de
Gabriel Fauré.
Caplet entame par ailleurs une carrière de chef d'orchestre.
Son maître, Xavier Leroux, occupait la fonction de chef d’orchestre au
Théâtre de la Porte-St-Martin à Paris. En 1896, ne pouvant toujours
assurer sa fonction, il demande à son nouvel élève Caplet de le
remplacer par exemple dans la musique de scène qu'il a écrite pour
Les Perses d'après Eschyle créée à l'Odéon le 5 novembre
1896. C'est aussi une occasion de fournir à son protégé le moyen de
subvenir au coût de la vie parisienne.
1897
19 ans
Février :
Xavier Leroux intervient pour faire obtenir une bourse à son brillant
élève : « Je déclare avec le
plus grand empressement qu’André Caplet, élève dans ma classe au
Conservatoire National de Musique, est une nature d’artiste sur laquelle
on peut sans crainte fonder les meilleurs espérances – que soutenir et
encourager ses études et lui permettre de les achever à l’abri des
préoccupations matérielles, c’est assurer le développement d’un
tempérament de musicien dont seront fiers ceux qui l’auront aidé. »
12 avril : Xavier Leroux dirige la
musique de scène qu'il avait écrite en collaboration avec André Messager
pour La Montagne enchantée d'Albert Carré et Emile Moreau auThéâtre de la Porte-Saint-Martin. La pièce étant un fiasco,
Leroux cède la direction - pour toutes les représentations suivantes
jusqu'au 11 mai - à son élève qui le remplace ainsi au pied-levé. «Tout
de suite, Caplet dirigea avec l'habileté et l'autorité d'un vieux
routier. La moitié de l'orchestre avant la représentation, le
traitait en gamin, le plaisantait, le tutoyait,. Mais quand il prit la
baguette, on ne vit plus en lui qu'un maître devant lequel chacun
s'inclinait respectueusement. Dès lors, le renom du jeune musicien
commença de se répandre dans le milieu des professionnels. Et il
trouvait à l'employer comme chef d'orchestre ». Paul
Landormy, La Musique française après Debussy, Paris, Gallimard,
1943, p. 265. Pièces dans le style ancienpour piano Rêverie et Petite Valse pour flûte et piano incorporées en
1901 dans les Feuillets d'album n° 2 et 5. Publication au Havre
chez Hurstel. Dédicace à Georges Barrère.
1898
20 ans
Il est nécessaire de revenir sur l’erreur souvent
reproduite à propos de la photo portant la légende « Classe
de Gabriel Fauré au Conservatoire, 1898 » où André Caplet
figure aux côtés des réels disciples du maître assis au piano avec Jean
Roger-Ducasse : Louis Aubert, Jean Huré, Emile Vuillermoz, Alfred Mathot,
Florent Schmitt. Lors de sa publication dans la revue Musica n°
93, juin 1910, la légende est pourtant claire : « Une lecture à la
Société musicale indépendante » en 1908. En effet, Caplet ne fut
jamais l’élève de Fauré.
20 février :
Pour subvenir à ses besoins, Caplet assure la partie de timbale ou de
piano d'orchestre aux Concerts Colonne, une bonne place pour apprendre
le métier de direction d'orchestre. Colonne exerçait également des
activités à l’Opéra de Paris et accessoirement au Théâtre de l’Odéon où
il dirige notamment la musique de scène de L’Arlésienne de
Bizet. Ceci peut expliquer la nomination de Caplet comme directeur
musical du Théâtre de l’Odéon en cette année1898 : il a tout juste vingt
ans.
Juillet : Premier Prix d'harmonie
Entame la composition du
Quintette
pour piano, flûte, hautbois, clarinette et basson : Allegro et
Adagio 6 décembre : Théâtre de l'Odéon,
Caplet dirige la musique de scène de de Paul Vidal pour La reine Fiammette de Catulle Mendès. .
1899
21 ans
Entre dans la classe de fugue et de contrepoint de
Charles Lenepveu.
Caplet est nommé directeur de la musique au Théâtre National de
l'Odéon dirigé alors par l'homme de lettre Paul Ginisty de 1896 à 1906.
Le jeune Caplet occupe cette fonction de 1899 jusqu'à son départ pour Rome en
1901.La musique occupait une place importante dans ce théâtre où Berlioz
avait vécu bien des émotions en découvrant Harriet Smithson (voir
Berlioz) et où
avait été repris en 1885 le mélodrame d'Alphonse Daudet L'Arlésienne
avec la musique de Georges Bizet. Caplet dirige la musique
de scène de Bizet au cours de cette période.
A cette époque, Caplet appartient au Groupe Les Quinze, société
de musique de chambre à laquelle adhèrent également le violoniste
Jacques Thibaud, l'altiste et compositeur Henri Casadesus. Les deux
frères Maurice et André Caplet se produisent à La Basoche
19 avril : Exécution de l'Allegro
du
Quintette
pour piano, flûte, hautbois, clarinette et basson , Salle des Quatuors
Pleyelpar les membres de la
Société de Musique Moderne pour Instruments à vent avec Caplet au piano.
30 avril : Arthur Dandelot dans le Monde musical
rend compte du concert du 19 et souligne la présence de Caplet "un
des plus brillants élèves venant de la classe de Xavier Leroux, [...]
Puisse-t-il poursuivre son travail comme il a commencé car cette pièce
atteste de rares qualités d'inspiration de science harmonique. Que dire
de plus, M. Caplet montre qu'il a une parfaite connaissance des
ressources des instruments qu'il utilise : la flûte, le hautbois, la
clarinette, le basson et piano." Achève le
Quintette
pour piano, flûte, hautbois, clarinette et basson : Scherzo et
Finale allegro con fuoco . Compose Prélude pour piano à 4 mains la mélodie Le Livre ou je veux lire
1900
22 ans
22-24 mars : Dirige la musique de scène
de L'Arlésienne de Bizet à l'Odéon (Concerts Colonne).
30 mars : Création du
Quintette
pour vents et piano
de 1898
et de Deux Piècespour flûte et pianotrès probablementRêverie et Petite
valse(1897) à la 2e séance de la Société de
Musique Moderne pour Instruments à vent (fondée en 1895 sous le nom de "Petits vents"). Caplet au piano est entouré de Messieurs Barrère, Gaudard, Richardot et Flament.
Georges Barrère était alors flûte solo
aux Concerts Colonne et gardera des liens d'amitié avec Caplet. Le
critique du Ménestrel relève une distinction du sentiment, une souplesse
du métier remarquable chez un jeune compositeur. Dans la Suite
persane, Caplet montre les ressources variées d'un tempérament
artistique déjà joint à une technique sûre et des qualités personnelles
qui placent Caplet parmi les espoirs de sa génération. Le journal le
Soir prédit que Caplet est appelé à un grand avenir. Le Prix de Rome
de 1901 confirmera cette prédiction. La Société des Compositeurs de Musique offre un prix de 500
francs à Caplet pour son Quintette
pour piano et vents,
500 francs offerts par le ministre de l'instruction publique et des
beaux-arts.
août : compose la mélodie
Viens ! une flûte invisible soupire pour voix, piano et flûte ad
libitum
24 Novembre : Festival Caplet au
Théâtre-Cirque du Havre auquel
participent le flûtiste Georges Barrère,
des instrumentistes et chanteurs de l'Opéra et de l'Orchestre
Colonne. De Caplet sont joués L'Eté pour solistes chœurs
et orchestre, trois (Babillage, Rêverie, Petite valse) des Feuillets d'album, la création (?) de
Pâques citadines
pour chœur et orchestre, la cantate de Rome Myrrha pour 3 solistes et orchestre et diverses œuvres de
Xavier Leroux (Devant la mer, Offrande) de Charles Lenepveu ((La
Jeune captive, Matinée) de Paul Vidal (Flux et reflux, Lied),
de Doppler (Fantaisie Pastorale hongroise pour flûte, de Berlioz (Marche
hongroise). L'orchestre est constitué des musiciens havrais. Compose la Suite persane pour double quintette à vent
et la Suite d'orchestre sur des mélodies populaires persanes, les mélodies :Bébé premier prix d’innocence, Les pleurs de bébé,
Chanson d'automne
1
9
0
1
23 ans
9 mars : La Société de Musique Moderne pour instruments à vents
organise pour sa deuxième séance un concert entièrement consacré à
Caplet. Le programme s’ouvre sur une reprise du Quintette
avec MM Barrère, Gaudard, Guyot, Flament et Chadeigne au piano. Il se
poursuit avec deux créations : un recueil de cinq pièces pour flûte et
piano
Feuillets d’album et la Suite persane pour double
quintette à vent. Sans prétention, laSuite persane
s’inscrit dans le courant orientaliste lancé notamment par Félicien
David avec son ode-symphonie
Le Désert (1844) et illustré par bien d’autres compositeurs tel
Johan Strauss dans sa Marche persane
op. 289 ou Camille Saint-Saëns dont La Nuit persane avait été
donnée en création à la Société des Concerts du Conservatoire en 1897.
Caplet orchestrera sa Suite persane pour un petit ensemble. Cette
Suite d’orchestre sur les mélodies persanes fut exécutée aux
Concerts Lefort cette même année 1901. Enfin, Caplet regroupe quatre mélodies antérieures dans un
premier recueil
Le Livre rose sur des textes de P. –J. Pain.: Le
livre où je veux lire, Bébé premier prix d’innocence, Les pleurs
de bébé, et Le furet du bois, mesdames. Le
Livre rose
est créé à Honfleur en 1901. Le recueil sera révisé à l’occasion de la
naissance de son fils Pierre en 1920.
Premiers Prix de fugue et contrepoint, d'harmonie et d'accompagnement.
Nadia Boulanger se souvient :
"C'est à la classe d'accompagnement au piano, dirigée par Paul Vidal
(qui semblait avoir lu toute la musique), que j'ai connu André Caplet
aux environs de 1900. Il nous éblouissait par sa facilité, son
entendement, sa faculté de se plier à toutes les disciplines de cette
étude si difficile : être prêt à tout faire tout de suite"
mais surtout Grand Prix de Rome
devant Gabriel Dupont et Maurice Ravel recalé pour la deuxième fois.
4 mai : « concours d’essai » au
Palais de Compiègne. Outre la fugue à quatre voix, les candidats doivent
composer un chœur à quatre voix avec orchestre sur un texte de Victor
Hugo. Il s’agit de quatre strophes empruntées au poème Spectacle
rassurant extrait du recueil Les Rayons et les ombres publié
en 1840 et dont l’incipit est Tout est lumière. Aux côtés
de Camille Saint-Saëns, président du concours 1901, on trouve Théodore
Dubois, directeur du Conservatoire (1896-1905), Emile Paladilhe,
Charles Lenepveu,
Ernest Reyer et Jules Massenet. Ils occupent les six fauteuils de la
section de musique et sont donc chargés d’établir la première sélection
d’admissibles à l’épreuve principale. À l’issu de cette première
épreuve, cinq candidats sont retenus parmi lesquels Aymé Kunc et André
Caplet (élèves de Lenepveu), Albert Bertelin (élève de Théodore Dubois
et Charles-Marie Widor), Maurice Ravel (classe de Fauré) ainsi que
Gabriel Dupont (classe de Widor).
18 mai : les
cinq élus se retrouvent en loge à Compiègne pour composer « la »
cantate (voir
iconographie). Il s’agit cette fois de Myrrha sur un texte de
Fernand Beissier. Deux exécutions publiques des cantates furent données
afin de départager les concurrents : le
28 juin au Conservatoire et le
29 juin à l’Institut des Beaux-arts par la Société des Concerts
et des artistes de l’Opéra de Paris. On connaît les résultats : Premier
Grand Prix attribué à André Caplet, Premier Second Grand Prix alla à
Gabriel Dupont et le Deuxième Second Grand Prix à Maurice Ravel, élève
de Gabriel Fauré. On relève que le deuxième Premier Grand Prix ne fut
pas attribué ce qui était une manière de creuser la différence
d’appréciation entre Caplet et ses rivaux. Les membres de la Commission
musicale des Beaux-arts estimèrent que la cantate de Caplet se
distinguait « par la justesse de la déclamation, une instrumentation
soignée et intéressante » et soulignèrent « le charme mélodique, la
sincérité du sentiment dramatique » de la cantate de Ravel. Dans une
lettre du 4 juillet 1901 adressée à Charles
Lecocq, Saint-Saëns notait avec discernement : « Le 3ème récompensé, le
nommé Ravel, me paraît appelé à un sérieux avenir. » Dans une lettre
adressée le
26 juillet 1901à Lucien Garban, Ravel
confiait : « Jasons un peu de concours : le prix de Caplet a surpris
tout le monde. Sa cantate, certes, était des plus médiocres, comme
composition, j’entends, car l’orchestre en était tout à fait
remarquable. La presque totalité de l’assistance me donnait le prix.
(Massenet a même voté tout le temps en ce sens.) Il m’a été révélé une
chose bien curieuse : c’est que je possède un robinet mélodique à un
endroit que vous me permettrez de ne pas vous désigner plus clairement
et qu’il en coule de la musique sans effort. Cette gracieuse métaphore
est de votre cher maître X. Leroux qui s’est, ainsi que Vidal, montré
très emballé sur mon compte. L’on m’a même assuré – horresco referens – que Lenepveu avait fort prisé ma cantate, pas au
point, cependant, de la préférer à celle de son élève. « Pourquoi
n’avez-vous pas obtenu l’ultime récompense ? » me direz-vous.
C’est, qui l’eût cru ? mon orchestre qui m’a joué ce vilain tour. Bien
que ma composition fut terminée l’une des premières, j’étais arrivé à me
mettre en retard et il ne m’était resté que fort peu de temps pour mon
orchestre, qui s’en est trouvé quelque peu bâclé. C’est à recommencer,
voilà tout. » Et Caplet d'affirmer de son côté :
"On peut se moquer du
Prix de Rome, soit, de ce qu’il a de conventionnel dans une certaine
façon d’enseigner au Conservatoire ou ailleurs… On peut critiquer les
professeurs qui pendant deux ans ne vous font faire que des
enchaînements d’accords parfaits. Mais, avant d’accuser la pauvreté de
certaines méthodes, ne vaut-il pas mieux passer sous les fourches
caudines d’un enseignement soigneusement contrôlé que d’avoir à
combattre les lacunes très respectables d’un autodidacte qui bénéficie
d’une forme de liberté ?Temps perdu pour temps perdu, c’est toujours par
soi-même que l’on comprend, souvent trop tard, les insuffisances
de toute formation. On y remédie comme on peut. Mais il vaut mieux se
moquer du Prix de Rome après l’avoir obtenu…Qu’on veuille mettre le feu
au derrière de tous les membres de l’Institut…soit… mais ce qu’il
faudrait avant tout c’est que les œuvres nouvelles ne portent pas le nom
de l’auteur et qu’on puisse juger la musique, l’esprit entièrement
détaché de toute influence même inconsciente, ou de ce snobisme auquel
n’échappent pas toujours les plus clairvoyants. Toute tentative d’un
être doué doit être encouragée, d’où quelle vienne." 6 juillet :La revue La Cloche illustrée fait paraître un article sur
Caplet avec une caricature du compositeur 16 juillet :
La Palme d'honneur est offerte à Caplet par les Havrais à
l'occasion de son Prix de Rome
24 novembre : Un festival
André Caplet est organisé au Havre salle du Théâtre-Cirque au cours duquel sont
joués L’Eté pour deux solistes, chœur mixte et
orchestre d’après Victor Hugo,Pâquescitadines pour chœur mixte
et orchestre/piano sur un texte du compositeur
Bernard
Crocé-Spinelli,
et la cantate Myrrha. L'orchestre et
les chœurs de la Société Sainte-Cécile, de l'Association Artistique des
Concerts Populaires et de la Société chorale de La Lyre Havraise sont
placés sous la direction de Caplet.
1902
24 ans
Séjour à la Villa Médicis à Rome. Caplet y retrouve les
pensionnaires français notamment Florent Schmitt ou Aymé Kunk dont Caplet
dessine une caricature. Il fréquente également les autres pensionnaires
tels Pierre-Victor Dautel (1873-1951) graveur sur médaille ou
Victor-Oscar Guetin (1873-1916), peintre orientaliste (voir
Iconographie)
A cette époque, Caplet a pour "petite amie" la fille naturelle d'Abraham
Sylvestre (?). Suivant le règlement
de l'Institut de France, Caplet compose son premier "envoi" le poème
symphonique Salammbô pour orchestre d'après Flaubert.
Debussy avait projeté une partition sur le même sujet en 1886.
7 mars : La Société de musique moderne avec
Georges Barrère joue à Paris la Suite persane 14 mai: La Société de musique
moderne avec Georges Barrère donne un long programme au Havre : le Quintette pour piano et vents de Caplet est joué au-delà de
minuit. Au même programme, le Quintette sur des thèmes populaires
de Henry Woollett.
Compose les mélodies Poème de mai (Tu nous souriais)
d'après le havrais Robert de la Villehervé et Green
d'après le poème de Verlaine. En 1912, Caplet orchestrera Green (Ariettes oubliées
n° 5) de Debussy
1903
25 ans
18 avril : Marche triomphale et
pompière pour le centenaire de la Villa Médicis dédiée au
Membres de l’Institut. Caplet dirige l'Orchestre de l'Académie
Sainte-Cécile avec la participation de Théodore Dubois. Outre des œuvres
d'anciens Prix de Rome, le concert débutait par la Marche musulmane
sur des thèmes populaires marocains de Florent Schmitt (Prix de Rome
1900). Les deux Marches sont dirigées par leurs compositeurs en
présence des souverains italiens. Avec Florent Schmitt, Caplet s'adonne
à des séances pianistiques que Schmitt relate avec enthousiasme : « Il y
avait là André Caplet. Je revis avec joie ce charmant camarade. Alors
radieux de force et de gaieté, l'esprit enclin à une mystification qui
n'allait pas encore jusqu'au mysticisme, je ne me doutais guère qu'un
jour, hélas ! il dût nous quitter si prématurément. Nous aimions la
musique. Nous en abattîmes comme des forcenés, jouant et rejouant de nos
quatre mains et à tour de bras les symphonies de Borodine et de
Glazounov, voire celles, fort sérieuses de Bruckner et de Mahler, les
poèmes de Strauss, de Balakirev, de Rimsky, les Nocturnes [de
Debussy], toutes oeuvres qu'à cette époque, en dehors de mérites plus
durables, avaient encore celui d'être un peu méprisées de leurs
fanatiques d'aujourd'hui. » (L. Rohozinski, Cinquante ans de musique
française, de 1874 à 1925, Editions musicales de la Librairie de
France, Paris, 1928, tome 2, p. 414).
21 avril : Paris, exécution par des membres
de la Société Moderne du Quintette pour vents et piano
Composition de Légende pour hautbois, clarinette,
saxophone, basson et quintette à cordes (version de chambre) et pour
piccolo, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, tuba, batterie, harpe et
cordes (version orchestrale). Mélodies Il était une fois
(Jean Richepin) ; Dans la fontaine et Papillons (Paul Gravollet) André Caplet se lie d'amitié avec Florent
Schmitt qui l'appelle son « charmant camarade » : « Nous aimions la
musique, rapporte Schmitt. Nous en abattîmes comme des forcenés, jouant
et rejouant de nos quatre mains et à tour de bras les symphonies de
Borodine et de Glazounov, voire celles fort sérieuses de Bruckner et de
Mahler, les poèmes de Strauss, de Balakirev, de Rimsky, les
Nocturnes [de Debussy], toutes œuvres qui à cette époque, en dehors
de mérites plus durables, avaient acore celui d'être un peu méprisées de
leurs fanatiques d'aujourd'hui. » (Cité par Catherine Laurent in
Florent Schmitt, Bleu nuit éditeur, 2012, p. 29)
1904
26 ans
C’est toujours en tant que lauréat du Prix de Rome
que Caplet quitte l’Italie pour l’Allemagne. Il s’y rend pour suivre les
cours de direction des grands chefs de l’époque : à Berlin Arthur Nikisch
(1855-1922) alors chef permanent de l'Orchestre Philharmonique
Philharmonique de Berlin et à Dresde le wagnérien Félix Mottl
(1856-1911), à Hambourg. Cet apprentissage du chef d'orchestre à l'étranger se fait
au détriment des obligations du compositeur auquel l’Institut inflige un blâme pour ne pas avoir respecté le règlement concernant les
« envois » de Rome. Trait d'indépendance de Caplet qui marque
son hésitation entre la carrière de compositeur et celle de chef
d'orchestre.
24 mars : La Société Moderne et Georges
Barrère ouvre leur saison avec la Suite Persane : c'est la
sixième exécution par cet ensemble. Aux Etats-Unis, Barrère inscrira
régulièrement cette œuvre à ses programmes.
1905
27 ans
19 janvier : Création à Boston (?) de
Légende (version orchestrale)
[1]
Retour à la vie Parisienne. Caplet fréquente le groupe des
Apaches
fondé peu après la création de Pelléas et Mélisande de Debussy, le
30 avril 1902.
On
imagine qu’il fréquenta le groupe par intermittence compte tenu de ses
absences et de ses engagements comme chef d’orchestre à l’époque. Mais
le seul fait qu’il ait été Apaches, à ses heures, suffit à montrer qu’il
recherchait la compagnie de ceux qui, à un titre ou un autre, allaient
marquer leur époque.
1er décembre : décès à 11 heures du soir de Léon
Henry Caplet au 87 rue Victor Hugo - Le Havre, âgé de 66 ans et 8 mois.
[1] D'après Michel Fleury, note du CD Naxos voir
discographie
1
9
0
6
28 ans
11 juin "Monsieur, Si vous
le voulez bien, je vous attendrai demain matin (Mardi), à 11h.Mes
remerciements et cordialement vôtre. Claude Debussy".
François Lesure et Denis Herlin,
dans la dernière édition de la correspondance
de
Claude Debussy[1]
font remonter à l'année 1906 ce mot jusqu'alors daté du 19
février 1908.
Le ton poli laisse en effet supposer qu’il s’agit là de l’époque à
laquelle les deux hommes ont probablement commencé à se fréquenter
même si l’on peut imaginer facilement que Debussy devait connaître,
au moins de nom, le jeune Caplet. Quel pouvait être le sujet de ce
rendez-vous ? À cette date, on l’ignore. Ce qui importe, c'est que ce
mot marque le début d'une amitié qui va marquer la vie et l'œuvre
des deux hommes. Consultez
Debussy pour des détails sur les
rapports entre les deux hommes et surout le chapitre "Transcrire et
orchestrer : l'amitié d'André Caplet et de Claude Debussy" par Denis
Herlin in le livre publié par la
Société française de musicologie (p. 75-114). [1] Debussy
Claude, Correspondance, 1872-1918. NRF Gallimard, Paris,
2005, édition établie par François Lesure et Denis Herlin et annotée
par François Lesure, Denis Herlin et Georges Liébert.
1
9
0
7
29 ans
1er janvier : Caplet commence à rédiger
un journal qui témoigne de ses doutes et de son état dépressif.
"Je voudrais chaque
soir faire le bilan de la journée et ainsi mieux me rendre compte de ce
que je fais, et peut-être aussi trouver là un encouragement pour les
jours qui suivent. J’en ai tant besoin d’encouragement ! Je me rends
fort bien compte que je joue en ce moment dans la vie le rôle d’un
pantin dont la ficelle aurait été cassée. Depuis mon enfance cette
ficelle s’est passée de main en main, et ce n’est pas que depuis le jour
où j’ai dû danser « tout seul » que je n’ai plus dansé. C’est là, je
crois, tout le secret de la neurasthénie dont je me suis abreuvé depuis
quelques années. Mais peut-être cette neurasthénie aura-t-elle sur moi
un effet salutaire ? Qui sait ? En tout cas, je crois fermement que si
j’arrive à prendre « le dessus » de cette mauvaise passe, j’en
ressortirai beaucoup plus fort, beaucoup plus solide et qu’alors je
serai en « meilleure posture » pour écrire les œuvres que je rêve
d’écrire. Petit à petit je tâcherai de retracer ce qu’a été ma vie
jusqu’alors. Cela me servira d’enseignement pour l’avenir (en admettant
bien entendu que je persiste dans la tenue de mon Livre)".
Ce journal ne sera pas poursuivi, semble-t-il au-delà de 36 pages et
s'arrête au 26 février. Il est reproduit intégralement dans le livrepublié par la Société française de musicologie
au chapitre "Caplet par lui-même" (p. 457-473). 26 octobre: Lettre de Debussy à
Georges Jean Aubry
: « J’ai vu Mr André
Caplet dont le goût m’a paru assez sûr pour que je lui laisse toute
liberté d’organiser l’audition que vous voulez bien réserver à
Claude Debussy».
17 novembre : Caplet vient diriger deux cantates (n° 72 et
?) et le Concerto Brandebourgeois n° 3 de Bach au temple protestant du Havre. C’est une révélation pour le
jeune Arthur Honegger qui d’emblée entame la composition de son
Oratorio du Calvaire.
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8
30 ans
29 février : Debussy à Jacques Durand : «
La mer est complètement démontée, Caplet
va de pianiste en pianiste, comme on va de plage en plage »
2 mars : Cercle Amicitia, œuvres diverses dont une de Caplet
5 mars : Debussy à Jean-Aubry : « On joue demain l’arrangement
que Caplet a fait de La Mer pour deux pianos (six mains). Il a
déployé à cette occasion une énergie et un entrain purement
admirables. »
6 mars : Dans le cadre d’un Cercle musical
fondé en 1906 par le jeune violoniste Charles Domergue, les pianistes
Marcel Chadeigne, Auguste Delacroix et Roger Ducasse jouent la
transcription de Caplet dans une relative indifférence. Dans la revue
Comœdia, cependant, « L’Ouvreuse », toujours à l’affût, remarque
que cette transcription « est tout à fait remarquable pour ce qu’on y
retrouve presque les sonorités de l’archet. » Debussy avait lui-même
réalisé une réduction pour piano à 4 mains qui avait été déclarée
injouable après l’exécution du Dialogue du vent et de la mer le 6
février 1906 par Auguste Delacroix et Armand Petit.
Lettre de son maître Xavier Leroux
qui demande à Caplet de le remplacer pour donner un cours au
Conservatoire
1er avril : Debussy à Jean-Aubry
: "Hier, pour la première fois, j’ai entendu deux mélodies[1]
d’André Caplet sur des vers de G. Jean-Aubry.J’en aime beaucoup la
musique et ne désespère pas d’en aimer autant les vers, quand Madame
Mellot-Joubert [2] qui a
pourtant une jolie voix voudra bien y joindre une articulation plus
nette. Ce Caplet est un artiste. Il sait trouver l’atmosphère sonore et,
avec une jolie sensibilité, a le sens des proportions ; ce qui est
beaucoup plus rare qu’on ne le croit, à notre époque de musique bâclée,
ou hermétique comme un bouchon ! ».
2 avril : mariage de Maurice Caplet, frère
d'André avec Blanche Weil à Paris 9ème.
22 avril :
Sous l’égide du Cercle de l’art moderne, un concert hommage à
Debussy est donné au Havre avec le concours de Jane Bathori
et Ricardo Viñes.
24 avril : Debussy remercie Jean-Aubry
de l'hommage rendu par les Havrais et ajoute en post-scriptum :
« L’illustre Caplet m’a bien apporté des cigarettes, mais il est en
possession d’une sœur ; celle-ci me vaut de ne plus le voir du
tout… ». A cette époque Caplet habitait 29, rue du Château à
Neuilly. Mais lorsqu'il allait au Havre, peut-être logeait-il chez
sa sœur Jeanne.
18 mai : Debussy à Caplet :
"Caplet vous êtes très
gentil...mais : "Caplet vous n'êtes qu'un vilain" comme disait
Charles d'Orléans en parlant de "l'Yver". M'expliquerez-vous jamais
cette disparition subite ? A moins que vous n'ayez été enlevé par
des femmes turques ou que vous mettiez le Bottin en musique , je ne
vois aucune excuse ?"
21 mai : Debussy et Caplet assistent
à l’Opéra à une représentation de Boris Godounov
organisée par Diaghilev et Gabriel Astruc. Chaliapine tenait le rôle
titre tandis que les chœurs du Grand Théâtre impérial de Moscou et
l’orchestre de l’Opéra étaient sous la direction de Félix Blumenfeld.
On imagine combien les deux amis discutèrent de la partition quand
on sait que Debussy, si l'on en croit Ravel, encourageait à aller
écouter Boris en ces termes : « Allez voir ça, tout
Pelléas s’y trouve ! »
18 juin : Debussy rapporte à Jacques
Durand qu’il a vu Caplet afin de revoir l’orchestration de la
cantate qui lui a valu de remporter le Prix de Rome en 1884 : "J’ai
vu Caplet qui veut bien m’aider un peu à revernir l’Enfant
Prodigue ; cela ira donc assez vite et nous serons débarrassés de
cet illustre revenant." Deux exemplaires de l’édition piano-chant de
la cantate avaient été effectivement annotés par Caplet
[3] en vue de revoir l’orchestration
originelle. Effectivement, Durand publiera le 27 novembre cette
nouvelle version de l’œuvre. On peut donc dire que c’est à partir de
cette année 1908 que Debussy trouve en Caplet non plus seulement un
ami mais un collaborateur dévoué dont il avait pu déjà apprécier la
qualité du travail à l’occasion de la transcription de La Mer.
Le « donc assez vite » n’est-il pas révélateur ?
Composition à Criquebeuf-en-Caux de l'Etude symphonique pour
harpe et cordes d'après le Masque de la mort rouge d'Edgar
Poë. Cette partition sera reprise en 1923 pour harpe et quatuor à
cordes sous le titre de Conte fantastique.Cette
partition répondait à une commande de Gustave Lyon qui avait mis au
point pour la maison Pleyel une harpe chromatique sans pédales mais
avec deux rangées de cordes. Gustave Lyon a également
commandé pour son instruments des partitions à Debussy (Deux
Danses, profane et sacrée, 1904), à Florent Schmitt (Andante et
Scherzo pour harpe chromatique et quatuor à cordes,
1906).
[1] Extraits des Paroles à l’absente :
Ce sable fin et Angoisse. [2]
Cette même chanteuse reprendra ces mélodies dans leur version
avec orchestre sous la direction de Rhené-Baton à l’occasion
d’un concert organisé par l’éditeur Durand, le 9 mars 1910. [3]
Cette collaboration explique sans doute le fait que par la suite
Caplet dirigera à plusieurs reprises cette cantate, notamment à
Boston.
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31 ans
7 mars : création de
Légende, Etude symphonique
d'après le Masque de la mort rouge de Poë aux Concerts Colonne,
Mme Lucille Wurmser-Delcourt (harpe), direction Gabriel Pierné.
Création mal accueillie par la presse comme par le public. 8 mars :
Louis Schneider (Gil Blas) : « Je crois que M.
Caplet fait fausse route : cet élève de MM. Th. Dubois et Xavier Leroux,
prix de Rome, a voulu se libérer de la forme de l'école et il verse
maintenant dans l'imitation de Debussy. C'est à nous de crier
"casse-cou" ! M. André Caplet est un excellent musicien, mais saLégende
n'est pas de la musique, c'est du bruit,
c'est tout ce qu'on voudra, sauf de l'idée ; cela peut être du Debussy
exaspéré ; et ce n'est que quelque chose de maladif et d'imprécis, aegri
somnia [rêve de malade] disait notre bon Horace. Le public a houspillé
cette Légende inspirée d'Edgar Poë ; il a fait fête à Mme
Wurmser-Delcourt, qui a joué cette page ultra-difficile avec un sens
musical étonnant, avec une sûreté impeccable ; elle avait à son service
une de ces harpes chromatiques dont nous devons l'invention à M. Gustave
Lyon ; l'instrument est sonore, il permet des traits qu'ignore l'autre
harpe. En somme, la cause de la harpe chromatique a été gagnée par Mme
Wurmser-Delcourt devant le public ; la jeune harpiste n'en a que plus de
mérite ; car il était difficle de tirer son épingle du jeu avec une
oeuvre telle que cette Légende. »
19 mars : Luc Marcy dans le Monde
musical : "On peut s'étonner
qu'un jeune Prix de Rome, qui a, par ailleurs, donné des preuves
indéniables de sa réelle musicalité, ait songé, à moins d'admettre
l'idée d'une paradoxale espièglerie, traduire en œuvre de musique pure,
avec partie prépondérante pour la harpe, l'instrument élégiaque et
caressant par excellence, le bizarre, diabolique et malsain conte
d'Edgar Poë [...]. Il essaya pourtant au prix de dissonances
déchirantes, de farouches et raboteux accouplements de timbres suivant
un plan musical qui demeure une énigme pour tout esprit non initié".
27 avril : Séance de musique ancienne et
moderne pour harpe (Mme Wurmser-Delcourt) salle Pleyel. Au programme des œuvres de
Caplet dont Légende, l'Etude Symphonique d'après Poe sous
la direction de Caplet. Pour tous les détails concernant cette oeuvre
voir la page Conte fantastique.
30 avril : Auguste Mangeot dans le Monde
musical tempère la réaction de son confrère Luc Marcy :
"On se souvient du tumulte que provoqua le mois dernier au Concert
Colonne, dans le public et dans la presse, la Légende pour harpe et
orchestre de M. A. Caplet [...] On ne s'explique guère le mauvais
accueil qu'elle reçut à son début [...]. Avec un orchestre très réduit
et un instrument principal significatif, elle crée bien "l'atmosphère
haletante de terreur et d'épouvante" qui prépare l'action ; sans tomber
dans les détails inutiles...". Dans son excellente étude sur le
Conte fantastique, Claude Hauteneuve [1]
fait référence à une lettre non datée de Caplet à Florent Schmitt
: "J'ai songé déjà à
l'illustration musicale de cette histoire extraordinaire d'A. E. Poë en
vue du ballet russe (Fokine, Nijinski, Consort et quanti). Il est même
entendu que l'on donnera ce ballet à Boston où la troupe russe doit
venir en représentation". Ce projet émis vers 1911-1912
n'aboutira pas, hélas.
26 juin : Debussy à Jacques Durand : "Caplet
vient de partir pour Criquebeuf-en-Caux avec l'intention de beaucoup
travailler. Il va être tout seul pendant trois mois, l'animal !"
9 septembre : Debussy à Caplet
: "Je reçois
une épreuve de Rondes de Printemps
avec une fiche de votre main
puissante mais légère, par laquelle vous me demandez des renseignements
sur des points douteux...[...]. Ici, on parle de vous, une fois par jour
au moins, vous ne direz pas que nous ne pratiquons pas la religion du
souvenir. J'espère que vous êtes content de la vie en général et de la
musique en particulier" Dans les mois qui suivent, Caplet corrige les épreuves des Images
pour orchestre. 21 septembre : Debussy à Caplet à
propos des Rondes de printemps : "Vous
êtes : "l'ange des Corrections", "l'Avocat Général des oublis" et vous
savez joliment bien compter ! Ne vous ayant pas près de moi je
n'ai pu quelire votre
arrangement. Il me semble parfait, accompli, utile, dulci, tutti quanti,
merci, merci ! Allez-vous encore pendant longtemps préférer la société
de Madame la Mer et de ses filles,
Mesdemoiselles les
Vagues, à cette délicieuse société parisienne dont le fiévreux
dilettantisme est si particulièrement délicieux ?
" A l'automne, Caplet reste en Normandie, Criquebeuf-en-Caux, où il
contracte une grave pleurésie : épreuve douloureuse sur le plan physique,
mais aussi sur le plan moral. Isolé dans son village normand, Caplet a
dû « broyer du noir », philosopher sur le sens de la vie et de la mort
et se poser des questions d’ordre spirituel. Cette même maladie
emportera Caplet en avril 1925.
25 novembre : Le courrier que lui envoie
Debussy laisse clairement supposer que Caplet vit une crise morale et
nous fait regretter de ne pas posséder la lettre qui le motive : "Vous
parlez en digne spiritualiste de « notre enveloppe » mais j’espère que
vous voudrez bien nous la précieusement conserver, ne voyant aucune
nécessité à ce que nous allions retrouver la poussière des siècles, et
faire partie – on ne sait jamais –, d’un de ces vilains monuments que
nos petits-fils déclarent d’utilité publique. Avant que ne vous tombe
cette fâcheuse maladie, avez-vous pu travailler ?"
Travailler à quoi ? Il s’agit du Septuor pour quatuor à cordes et
trois voix de femmes qui sera créé le 20 avril 1910 au premier
concert de la SMI.
8 décembre : La lettre de Debussy du 8
décembre adressée à Caplet au Havre, 6, rue Bernardin-de-St.-Pierre
montre que la santé de Caplet ne s’arrange guère :
"Votre lettre me peine, plus que je ne puis le dire, cher André
Caplet ; les dernières nouvelles données par J. D.[2]
étaient si rassurantes que je m’attendais tous les jours à revoir ces
sympathiques bottines rouge-jaune dont, depuis si longtemps je n’ai
entendu le joyeux rythme. Je sais bien qu’on ne fait pas ce que l’on
veut dans la vie, mais ne pouvait-on rendre votre maison supportable
pour un temps, pour éviter ce transport fâcheux et l’état de faiblesse
forcé qu’il devait vous causer ?".
29 décembre : Debussy à Caplet :
«Voilà
qui va des mieux, cher André Caplet, votre lettre me remplit d’une joie
forte, et si vous n’en percevez pas le bruit, accusez-en la distance
mais pas la sincérité. Maintenant il me paraît indispensable que vous
suiviez scrupuleusement les conseils de votre médecin pour l’avenir ?
Ces gens-là sont subtils et méchants, et à ne pas les écouter on risque
de s’attirer leur sourde vengeance. Il faudra que la Maison Madeleine
(place Durand) vous aide en cela, naturellement je vous y aiderai comme
vous l’entendrez.[…] N’allez pas vous rendre malade pour cause de
Septuor ! Je sais bien qu’il est difficile d’attendre à votre âge !
Certainement vous avez dû trouver des choses ingénieusement belles et
vous voulez les cueillir… Pourtant : remerciez le hasard (même fâcheux)
qui vous a fait retarder d’en respirer l’odeur."
31 décembre : Debussy à Caplet :
"Cher
André Caplet, jamais des vœux n’auront plus de sincérité et
d’affectueuse sollicitude dont je vous prie d’accepter le pâle reflet,
puisque vous n’êtes pas là, et que la lettre adressée à ma femme parle
d’un départ prochain pour Beaulieu ? C’est navrant, cher André, de ne
pas vous voir avant votre départ, mais je pense que ce la vaut mieux
surtout pour vous, et vos amis s’en pourront consoler, en pensant que
cela leur fera retrouver ce vieux et solide Caplet, tout neuf ! C’est
égal, je ne m’habitue pas à l’idée de ne pas vous voir. Cela gâte
singulièrement cette fin d’année." Dans la lettre que Debussy adresse le même jour à Jean-Aubry, il
laisse en revanche percer son inquiétude : "Les dernières nouvelles de
Caplet n’étaient pas très rassurantes, d’ailleurs je ne suis pas sûr de
leur véracité ; vous seriez mille fois bon si vous pouviez me dire ce
qui se passe pour ce pauvre ami… réellement ? Il a écrit à ma femme, des
choses pas gaies, et qu’il doit partir pour Beaulieu au plus vite. Je
n’aime pas beaucoup que l’on expédie les gens aussi brusquement ;
généralement cela cache de mauvaises heures, ou une fin trop triste… Le convalescent Caplet envisageait donc de se rendre à
Beaulieu-sur-Mer profiter en plein hiver d’un climat méditerranéen plus
sec que celui de Normandie. L’air et le soleil de la Côte d’Azur
devaient se charger de réparer les poumons malades. La commune de
Beaulieu était réputée pour offrir un climat hivernal exceptionnel et
était fort fréquentée par des têtes couronnées et des personnalités de
la haute société. Gustave Eiffel y avait séjourné et en 1902,
l’archéologue Théodore Reinach avait fait construire la villa grecque
Kérylos que l’on visite encore aujourd’hui. Mais le projet sera écarté
au profit d’Arcachon.
[1]
in Hauteneuve Claude,
voir bibliographie [2]
Jacques
Durand.
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32 ans
29 janvier : Une lettre de
Debussy nous renseigne sur le fait que Caplet s'est installé Villa
Riquet à Arcachon. Cette villa,
située dans la « Ville d’hiver » est située sur une dune près du parc
Péreire. Arcachon accueillait alors les enfants tuberculeux et disposait
de sanatoriums et de préventoriums. Il ne faisait pas bon séjourner à
Paris en ce mois de janvier 1910 du fait que la ville subissait
d’énormes inondations dues à la crue de la Seine.
10 février : Emma Debussy à Caplet
[1] précise :
"Pourquoi faut-il que ce séjour à Arcachon ne soit pas ce que vous
espériez et que nous souhaitions plein de douceurs pour vous ? J’ai
aussi été dans cette même Villa Riquet lorsque j’étais enfant. Elle doit
être bien changée depuis… Mais sa situation a dû rester aussi
bienfaisante. Vous voyez que je suis toute prête à dire le plus grand
bien de ces vieux pins et de ce sable tant nous les aimons – presque à
même envier votre sort."
25 février : Lettre de Debussy à Caplet à
propos de la création d'Iberia adressée cette fois à
la
villa « Les Coquelicots » située dans le même quartier que la villa
Riquet[2].Voir les photos de ces
2
villas.
2 mars :
Durand inaugure les Concerts Durand. Rondes de Printemps,
troisième volet des Images est créé le 2 mars sous la direction
de Debussy aux Concerts Durand. Si l’on en croit les Souvenirs de
Jacques Durand[3] c’est
probablement Caplet qui aurait été sollicité pour assurer cette
création.
7 mars : Exécution de laSuite
persanepar le Barrère Ensemble à New York.
9 mars : Dans le cadre des Concerts
Durand sont créés Deux Poèmes : Préludes et Angoissepour voix et
orchestrede Caplet chantés par Charlotte Mellot-Joubert sous la
direction de Rhené-Baton. Debussy les avait découverts en 1908 dans leur
première version avec piano par la même chanteuse en estimant sa diction
imparfaite.
Les Poèmes de Caplet Préludes et Angoisse sont extraits des Paroles à l’absente sur des textes de son ami
Georges Jean-Aubry. 1er avril : Fondation par Maurice Ravel
de la SMI (Société
Musicale Indépendante).
Caplet fait partie du comité fondateur. Cela laisse à penser que Caplet
est de retour à Paris après dix mois d'absence.
20 avril :
premier concert de la SMI, salle Gaveau. Au programme
une transcription pour piano à 4 mains du « Chœur des faucheurs »
extrait du Prométhée de Liszt, des mélodies de Maurice Delage, des pièces
pour piano de Zoltan Kodaly, le Cahier d’esquisses de Debussy, La
Chanson d’Eve de Fauré, Ma mère l’Oye de Ravel et la création du Septuor pour cordes vocales et instrumentales (premier
mouvement seulement) de
Caplet par Mme Rose Féart, Loth, Chadeigne et le quatuor Geloso.
juin : La couverture du numéro de juin de
la revue
Musica est consacrée à "Une lecture à la
Société de Musique Indépendante"
rassemblant Louis Aubert, Alfred Zunz Mathot,
Maurice Ravel, André Caplet, Charles Kœchlin, Emile Vuillermoz, Jean
Huré. Assis au piano : Gabriel Fauré et Roger-Ducasse. Voir
Iconographie
2 mai : Caplet reçoit 200 francs des
éditions Durand pour sa réduction à deux pianos des Images pour
orchestre de Debussy.
4 juin : Caplet reçoit des éditions Durand
la somme de 1000 francs pour son orchestration de Children's Corner
de Debussy.
28 juin ; Debussy : "Jacques [Durand] m'a
informé que vous bostonniez avec passion". C'est, en effet à cette
période que Caplet est sollicité par le directeur de l'opéra de Boston
Henry Russell pour venir diriger. Aventure passionnante pour le
chef d’orchestre dirigeant à l'opéra de
Boston mais qui enlèvera beaucoup de temps au compositeur et
qui, de surcroît, éloignera Caplet de Paris de novembre à mars au cours
des années 1910 à 1914.
Eté : Caplet, par l'intermédiaire d'Edouard
Colonne, est appelé auprès de la danseuse
Isadora Duncan pour l'accompagner au piano dans son travail
quotidien. Elle résidait alors dans le château de son amant Paris Singer
dans le Devonshire. Si l'on en croit l'autobiographie de Duncan, Caplet
nourrissait pour elle un sentiment amoureux qui remontait à ses
prestations données au début de l'année à la Gaîeté-Lyrique avec le
concours des Concerts Colonne. Caplet y tenait le poste de premier
violon. Il fut accueilli avec réticence par la danseuse qui détestait
son physique "si antipathique que j'éprouvais une véritable répulsion
quand le je regardais ou que je touchais sa main". A la faveur d'une
escapade rocambolesque, Isadora Duncan inscrira subitement André
Caplet au tableau de chasse très impressionnant de ses amants. Lire le
récit sur la notule du dictionnaire.
À l’automne 1910, les choses se précisent. Caplet désireux de « séduire
la Gloire une fois pour toute » (Debussy) ne veut pas partir les mains vides et réclame à Debussy une
faveur. Celui-ci en fait naturellement écho à son éditeur Durand dans
une lettre du 1er octobre :
1er octobre :
"Caplet en partance pour l’Amérique est venu me demander s’il
était possible de lui réserver la première audition de Children’s
Corner (suite d’orchestre) à Boston, où il doit diriger des Concerts
symphoniques ? Il attache beaucoup d’importance à cela, et compte
séduire la Gloire une fois pour toutes. Y voyez-vous quelqu’inconvénient ?
Le premier concert a lieu le 10 Novembre prochain[4],
il voudrait donc avoir partition et matériel en temps utile pour le
susdit concert. Naturellement, son sort est entre vos mains ! "
17 octobre : Lettre enthousiaste de Caplet
adressée de Boston à ses proches : "Mes petits agneaux, Je vous trouve
très muffles (sic) !!!?
Comment ? Pas un mot à mon arrivée à New-York ! Pas un mot à Boston ?
J’aurais pu crever comme un pauvre chien, sans la moindre pensée de
votre part ! Mais je ne suis pas mort. Je suis en vie et même très en
vie ! Je ne puis m’imaginer avoir dépassé la seconde banlieue de Paris !
C’est vous dire que je ne suis pas le moindrement malheureux. Décidément
je n’ai ni le sentiment, ni la perception du temps et de la distance.
Je suis occupé et préoccupé un peu par mes « débuts ». Dès que j’aurai
pris le « courant » je trouverai j’en suis sûr…
(Lettre incluse dans Zodiaque n° 107)
10 novembre : Création à New York de
Children's Corner de Debussy
dans l'orchestration de Caplet.
14 novembre : Gounod,
Faust
(NB : les exécutions dans cette couleur se réfèrent à Boston Pour
les détails consulter ici) 16 novembre :
Debussy, L'Enfant prodigue
21 novembre : Lettre de Debussy à Caplet
lui demandant de le renseigner sur l'exécution de Children's Corner
qui porte grâce à son orchestration "un
si somptueux vêtement. Je me demande même si il saura se bien comporter
dans ce nouveau jeu ? Et je serais désolé qu'il y parût
prétentieux ! Malgré cela je garde toute confiance en vous." Un peu plus loin,Debussy fait part de son
départ pour Vienne et de Budapest et regrette que Caplet ne soit pas là
pour diriger à sa place.
2 décembre : Debussy,
L'Enfant prodigue 3 décembre:Gounod, Faust 5 décembre
:Debussy, L'Enfant prodigue 14 décembre
:Laparra, La Habanera
19 décembre : Bizet,
Carmen 23 décembre
:Laparra, La Habanera
30 décembre : Bizet, Carmen 31 décembre:
Debussy, L'Enfant prodigue
[1] Les liens d’amitié étaient tels entre Caplet et
les Debussy qu’une correspondance était échangée directement entre
Caplet et Emma.
[2] La villa Riquet existe toujours et a été
transformée en résidence. Elle porte aujourd’hui le nom d’Oceanic. Ce
quartier de la Ville d’hiver regroupait autour du Casino mauresque
(1863) un grand nombre de villas et… deux laiteries qui distribuaient du
lait de vaches aux vaccinées. Cette ville d’hiver était marquée
par la musique avec les allées Beethoven, Carmen, Lakmé. On trouvait des
villas Mozart, Meyerbeer… Faust, Marguerite, Siebel, traces du séjour de
Gounod. Je remercie Noël Courtaigne pour ces informations disponibles
sur son très beau site
http://leonc.free.fr/ . [3] Jacques Durand organisa
une série annuelle de concerts – les Concerts Durand – qui furent donnés
régulièrement en février-mars des années 1910-1913. En 1910, les
concerts eurent lieu les mercredis 16, 23 février, 2 et 9 mars. Jacques
Durand rapporte dans ses Souvenirs : « D’abord je fis choix, pour
ces concerts, des deux orchestres parisiens qui avaient toujours ouvert
leurs portes aux manifestations artistiques modernes les plus
intéressantes, où la pléiade des musiciens français d’après 1870 avait
fait exécuter ses œuvres : les Associations des Concerts Colonne et
Lamoureux. Puis, je décidai que les auteurs, qui le voudraient,
dirigeraient leurs compositions. Pour chef d’orchestre en titre, je
voulais des jeunes. Après mûres réflexions, je portai mon choix sur des
compositeurs que je savais avoir le goût et le vif désir de diriger,
mais qui cherchaient à faire leurs preuves : André Caplet et Rhené-Baton.
[…] André Caplet vint à tomber gravement malade, il dut s’absenter de
Paris pendant de longs mois ; ce fut Rhené-Baton qui assuma la direction
de tous les programmes. » [4] Nous verrons que Caplet
dirigera à cette date son orchestration de Children’s Corner mais
à New York. Boston attendra le 5 février 1911. C’est Debussy, lui-même,
qui assurera la première parisienne le 25 mars 1911 au Cercle musical.
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33 ans
14 janvier :
Bizet, Carmen 19 janvier :Bizet, Carmen
à Springfield
25 janvier :
Bizet, Carmen 3 février :Gounod, Faust 4 février
:
Bizet, Carmen 5 février :
"First Grand operatic Concert" Seconde partie dirigée par Caplet SaintDebussy, Children's Corner
14 février : Lettre de Debussy à Caplet adressée à Caplet
Hemenways Chambers, Boston, Etats-Unis. Dans cette lettre,
Debussy rapporte qu'il a vu Carmen de Bizet à Vienne que
Caplet dirige alors à Boston non sans rencontrer de difficultés
"malgré les aides".
"Mais vous avez au plus
haut degré les belles qualités de ténacité, particulières à votre race,
auxquelles vous ajoutez un prodigieux instinct de la musique. Je suis
donc sûr que nous pouvons crier : "Vice la France ! et Vive Caplet ! en
toute assurance. (Ça fait toujours
plaisir.)"
Plus loin, Debussy annonce sa collaboration avec Ida
Rubinstein et Gabriele d'Annnunzio "une sorte d'irrésistible
tourbillon. Le tout s'appellera Le Martyre de Saint-Sébastien.
[...] Parmi les bons petits camarades que vous connaissez, on me fait
l'honneur d'organiser des paris sur mon peu de chances à réussir une
entreprise aussi périlleuse. Pour l'instant je ne peux rien dire de
précis mais je crois que cette histoire aura de quoi vous intéresser par
la suite." De fait, nous verrons que dès son retour de Boston début
avril, Caplet sera littéralement happé par Debussy pour achever la
partition du Martyre et en assurer la direction le 21 mai..
15 février :
Massenet, Manon 18 février
:Debussy, L'Enfant prodigue 20 février
:Massenet,
Manon 25 février
:Delibes,
Lakmé 28 février:Concert de musique française 1 et 6 mars:Delibes, Lakmé
11 mars : Bizet, Carmen
18 mars : Debussy, L'Enfant
prodigue 19 mars
:concert codirigé
avec Wallace
Goodrich et Arnaldo
Conti
25 mars : Massenet,
Manon ; Debussy assure au Cercle musical la création parisienne de
Children's Corner dans l'orchestration de Caplet
? avril : Lettre de Gabriele d'Annunzio à
Debussy : "J'ai vu Caplet et il m'a inspiré de suite la plus chaude
sympathie"
5 mai : Lettre de Debussy à Caplet à propos
du remplacement de Melle Féart par Melle Ninon Vallin dans le rôle de la
Vox celestis du Martyre.
22 mai : création au Châtelet du
Martyre de Saint-Sébastien
de Debussysous
la direction de Caplet, costumes et décors de Léon Bakst, mise en scène
d'Armand Bour, chorégraphie de Michel Fokine pour le rôle du Saint, Désiré-Emile
Inghelbrecht chef des chœurs et du chant, secondé par Marcel Chadeigne
et Emile Vuillermoz, (3
Apaches !). Dix représentations
jusqu'au 1er juin (relâche le 25 mai).
[1]
24 mai : édition par Durand de l'orchestration par Caplet de
Children's Corner de Debussy
15 juin : dédicace de Debussy sur la page de titre de la réduction pour
chant-piano du Martyre de Saint-Sébastien parue deux jours plus
tôt chez Durand : "Pour André Caplet
qui est un merveilleux chef d'orchestre et dont l'amitié m'est
précieuse infiniment. Son vieux Claude Debussy, 15 juin 1911".
25 juin : Debussy dirige à Turin
l'orchestration de Caplet de Children's Corner 30 juillet,
Jeanne,
sœur aînée de Caplet, âgée de 41 ans, décède au Havre
probablement après une longue maladie si l'on en croit la lettre de
Debussy du 31.
31 juillet :Debussy à Caplet : "Enfin voilà votre sœur délivrée de
l'odieux cauchemar qu'était la vie pour elle.
15 août : A
l'occasion de la réception des épreuves par la maison Durand, Debussy
rappelle à Caplet "les
instants précieux des premières répétitions - elles où nous étions les
maîtres -. Je crois pouvoir assurer que c'est un des mes souvenirs les
meilleurs et le plus fort. Cela je vous le dois, sans aucune
contestation possible."
Caplet sera mis une nouvelle fois "à l'épreuve" - c'est le cas de le
dire - et rendra son travail à Debussy début octobre.
Si l'on s'en rapporte au courrier de
Debussy, Caplet réside alors à l'Abbaye Saint-Wandrille-Rancon en
Seine-Maritime près de Caudebec-en-Caux.
8 septembre :
Debussy et Caplet assistent au Théâtre Sarah Bernhardt à une
représentation de La Dame de Montsoreau d'Alexandre Dumas
et son nègre Auguste Maquet
22 octobre :
Lettre de Debussy à Henry
Russell
déclinant, bien malgré lui, son invitation
à venir diriger Pelléas à Boston, probablement sur le
conseil de Caplet. Debussy qui ajoute :
"Lors
des représentation de St Sébastien, j'ai vu mon ami André Caplet à
l'œuvre et, c'est une aventure assez rare dans la vie d'un "exécuté" que
celle où l'on peut assister au travail des répétitions -
généralement si maussade, - sans aucune espèce de crainte ; d'ailleurs
vous connaissez ses dons de chef d'orchestre-né, sa merveilleuse entente
de cet art si complexe et si délicat ? et il aime profondément
Pélléas... Ne vous semble-t-il pas que voilà de bien belles
garanties ?"
17 novembre :
Dans cette lettre à André Caplet, Debussy démoralisé fait part de son
renoncement à venir diriger Pelléas à Boston. Il laisse
clairement entendre, sans la nommer, qu'Emma est la cause de son refus.
D'où ce post-scriptum : "Pourtant,
il ne serait pas impossible, en faisant un léger effort que je puisse
partir seul... Mais voilà, je n'ose pas !" Faut-il rappeler que les Debussy n'étaient pas
riches et que la pension que touchait Emma Bardac de son premier mari
ainsi que les droits sur les œuvres publiées par Jacques Durand
constituaient leurs seuls revenus. C'est donc Caplet qui assurera la
direction de Pelléas le 10 janvier prochain.
27 novembre : Saint-Saëns : Samson et
Dalila ; Exécution par le Barrère Ensemble à New York, de
l'arrangement pour sept instruments à vent par Caplet de la Danse
villageoise (Pièce pittoresque n° 7 pour piano) d'Emmanuel
Chabrier. A. Walter Kramer, critique de la
revue Musical America, trouva cet arrangement "Delightful", "enjoyable"
et "pleasing".
30 novembre : La revue Le Monde musical (23e année
n° 22) fait sa une de couverture illustrée par une photo d'André Caplet.
2 décembre : Bizet,
Carmen 3 décembre :
Saint-Saëns : Samson et Dalila (acte I)
6 décembre :
Massenet, Thaïs 9 décembre
: Saint-Saëns : Samson et Dalila
11 décembre : Bizet,
Carmen 13 décembre
: Gounod, Faust 15 décembre
:Saint-Saëns : Samson et Dalila 16 décembre
:Massenet, Thaïs 17 décembre
:Concert codirigé avec Wallace Goodrich
22 décembre
: Debussy à Caplet : "J'ai lu que
vous aviez magnifiquement dirigé Samson et Dalila ! Vous êtes
capable de tout, même de ressusciter des crocodiles empaillés.[...]
Jacques Durand et moi avons pris la résolution de ne pas donner
Gigues cette année... Nous attendrons le printemps prochain, où J.
D. doit organiser de nouveaux concerts d'orchestre. Nous espérons que
André Caplet voudra bien nous prêter son concours ? Donc les susdites
Gigues seront dirigées par lui ? Si vous le voulez bien, nous
appellerons cela "une bonne nouvelle."Et Debussy de
poursuivre : "Chouchou continue
à être une brave petite fille qui n’oublie pas son vieux Caplet. Elle en
parle à des gens qui ignorent tout de cet illustre capelmeister (sic),
ce qui la fait les juger immédiatement comme une sorte d’Iroquois
barbares. Satie n’a pas eu encore les dix minutes nécessaires à son
voyage en Amérique, mais il parle de vous et prétend qu’un vrai Normand
ne pourra jamais s’habituer à des Américains et que bientôt vous
cesserez cette plaisanterie qui consiste à vous croire obligé d’aller
passer six mois chez eux – je suis entièrement de son avis
[2]. –
Vous ne pensez pas avoir un moment vers Noël pour faire le réveillon
avec nous ? Tout de même, c’est vraiment trop au bout du monde, votre
Boston ! Pensez qu’à vous, mon ami le plus cher, je suis obligé de vous
envoyer, par écrit, de vœux que la longueur du trajet, l’humidité de
l’Océan, auront forcément refroidis. Enfin nous aurons notre jour et ce
jour-là, nous mettrons les bouchées doubles " 27décembre :
Bizet,
Carmen
[1] Pour plus de détails, on se rapportera au numéro spécial 234 de
la Revue Musicale consacrée au Martyre de Saint-Sébastien de la
création 1911 à la reprise à l'Opéra de Paris 1957.
[2] Dans une lettre à Jacques Durand du 16 janvier relative à la
création de Pelléas à Boston, Debussy insiste : « Entre
nous, Mr Russell et les gens de Boston m’ont tout l’air d’avoir
définitivement trouvé, la seule manière de représenter Pelléas. Que
voulez-vous, je me défie encore, les Américains ne sont peut-être que
des Marseillais d’outre-mer. N’ont-ils pas inventé le « Bluff » qui est
si voisin de l’esprit du Midi. »
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34 ans
Tout l’hiver, Caplet est
pris par ses nombreuses activités à Boston et ses liens avec la capitale
française sont réduits. 4 janvier : Maeterlinck à
Russell :
"La piété avec laquelle M.
Caplet recherche les plus subtiles, les plus fugitives nuances de ma
pensée sous la musique qui la recouvre m'a ému plus que je ne saurais le
dire". 10 janvier
:Debussy, Pelléas et Mélisande.
Georgette Leblanc, maîtresse de Maurice Maeterlinck, chantait
enfin le rôle de Mélisande après avoir été écartée au profit de Mary
Garden de la création en 1902 à l'Opéra comique et des représentations
de janvier 1907 au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles.
13 janvier
:Debussy, Pelléas et Mélisande 19 janvier
: Debussy, Pelléas et Mélisande 21 janvier
: Concert codirigé avec
Wallace Goodrich
22 janvier
: Debussy, Pelléas et Mélisande ;
Le flûtiste Georges Barrère joue avec le Barrère Ensemble la
Suite Persane de Capletà New York.
26 janvier :
Gounod, Faust 28 janvier
: ConcertCo-direction Wallace Goodrich et
Roberto Moranzoni
30 janvier : Fauré,
Pelléas et Mélisande. Représentation scénique du drame de Maeterlinck
2 février :
Massenet, Manon
5 février :
Massenet, Manon 10 février
:Gounod, Faust 24 février
: Saint-Saëns : Samson et Dalila 1 mars :Massenet, Werther 2 mars :Bizet,
Carmen 4 mars :
Massenet, Werther 6 mars :Debussy, L'enfant prodigue 7 mars :Gounod, Faust 8 mars :Massenet, Thaïs 11 mars :
Debussy, L'enfant prodigue 13 mars
:Bizet,
Carmen 16 mars :
Massenet, Thaïs 22 mars :Laparra, La Habanera
23 mars :
Saint-Saëns : Samson et Dalila 25 mars:Laparra, La Habanera 27 mars :Bizet,
Carmen 30 mars
: Debussy, Le Martyre de Saint-Sébastien (matinée)
et Pelléas et Mélisande (soirée)
1,2,3 avril
: Caplet dirige au Burlington Music Festival Wagner, Saint-Saëns,
Beethoven (Symphonie n° 5) 14 avril :
Georges Barrère donne un concert à New York avec notamment
Rêverie et Petite Valse (1897) ainsi que le Quintette pour vents
et piano (1899). Rêverie et Petite Valse furent bissées. Le
critique de la revue Musical America s'émerveilla de ces
"miniatures écrites pour flûte, comme seuls les Français savent en
écrire." Quant au Quintette pour vents et piano, il émit des
réserves estimant que sans aucun doute il avait du être écrit bien avant
les deux pièces pour flûte et que Caplet avait du étudier avec Franck
(sic) puis subir son temps en suivant les recherches de Debussy, Ravel
et D'Indy. Début avril : Retour de Boston.
Debussy reprend contact avec Caplet pour mettre à sa disposition le
matériel de LaPlus que lente, valse que Debussy avait
orchestrée en février. Sans doute, Caplet est-il une fois de plus
sollicité pour déceler les dernières fautes avant la gravure ?
25 août : lettre de Debussy adressée à
Caplet, Hôtel Bertoloni à Naples avec en note (en cas de départ, prière
de confier cette lettre aux soins de la « White Star Line » pour Mr
André Caplet, passager à bord du « Cretic [1] ». Cette lettre nous
apprend qu’après être passé en Suisse, Caplet s’est embarqué sur le
Cretic de la White
Star Line en direction de Boston où il ouvre la saison en
dirigeant les Contes d’Hoffmann d’Offenbach le 25 novembre. Ce
départ prématuré peut s’expliquer du fait que Caplet occupe désormais la
fonction de directeur musical de l’Opéra de Boston et que cette nouvelle
fonction nécessite une présence plus grande auprès de Henry Russell.
Debussy, une fois de plus, le déplore :
"Si
je ne savais pas que l’Amérique a pour vous des sourires utiles, je vous
avouerais que vous me manquez extrêmement…– Il y a dans ce sentiment une
grande part d’égoïsme, n’en doutez pas, ce qui vous permettra de n’en
prendre que juste ce qu’il faut de souci. – Vous êtes un des rares
hommes avec lesquels j’aime à échanger des idées, parce que vous
répondez sans faire de fausses notes… C’est extrêmement rare !
(…extrêmement et rare sont répétés, à dessein). Vous allez vers une vie
où, apparemment, le temps manque pour
regarder dans ses souvenirs. Et comme il ne serait pas décent que je
vous envoie ma photographie pour orner votre table de travail, je ne
puis que me recommander aux Dieux qui commandent à la Mémoire des
hommes ! Je pense à votre Rameau et suis affectueusement près de vous." En vue d’un concert prévu le 8 décembre à Boston
sous sa direction, Caplet avait demandé à Debussy d’écrire un texte sur
Rameau à inclure dans le programme [2]
où figuraient quelques œuvres du maître français (Ouverture de Zaïs,
extraits des Indes galantes, Indes galantes, Trio des Parques d’Hippolyte
et Aricie).
11 octobre : Debussy
trouve la tâche délicate mais annonce qu’il a « commencé le prospectus
Rameau ». Il répond surtout à Caplet au sujet de l’orchestration que
celui-ci désire faire de quelques mélodies à l’intention de Mary
Garden : "Malgré mon penchant
naturel à vous être agréable j’ai dû tout de même réfléchir et n’ai par
conséquent pas pu vous répondre tout de suite…D’abord j’ai
toujours refusé d’orchestrer mes mélodies[3],
cela avec gentillesse, obstination et férocité ; plusieurs grandes
chanteuses, – au moins par la taille – me l’ont demandé et mon avis
là-dessus reste le même. Pourtant, envers vous, les positions ne sont
plus les mêmes… Si cela vous sert et vous amuse, vous pouvez choisir
dans les Ariettes celles que vous trouverez dignes de votre
ingéniosité. À ce sujet, vous penserez avec moi, je l’espère, qu’il ne
peut être question que Melle Garden choisisse !!! Ce sont là
des procédés absolument incompatibles avec la liberté qu’un artiste doit
garder de disposer de son œuvre ! […]Si vous voulez bien
la question d’anonymat ne sera pas posée !... Si vous orchestrez ces
mélodies, elles paraîtront ornées de votre nom. Personnellement cela
m’est agréable pour beaucoup de raisons, dont la meilleure est mon
affection pour vous !"
Fort de cette autorisation, Caplet put inscrire
deux orchestrations des Ariettes oubliées (n° 1 C’est
l’extase, n° 5 Green) au programme du 8 décembre dont la
seconde partie, après Rameau, était exclusivement réservée à Debussy.
Mary Garden [4]
chantait ces admirables mélodies. Caplet, pour sa part, avait écrit en
1902 une mélodie sur le poème de Verlaine Green.
19 novembre : Debussy expédie enfin à
Caplet l'article sur Rameau avec ses excuses pour le retard/ "Vous
savez combien je suis atteint de la maladie de ceux qui ne peuvent pas
finir"
25-30 novembre : Offenbach,
Les Contes
d'Hoffmann 1er décembre :
Concert de musique
russe
4 décembre : Offenbach,
Les Contes
d'Hoffmann 7 décembre : Massenet,
Thaïs 8 décembre : Rameau : Ouverture de Zaïs,
extraits des Indes galantes, Indes galantes, Trio des Parques d’Hippolyte
et Aricie et Debussy : La Damoiselle élue
(Mary Garden),
Hommage à Rameau, Pagodes,
Danses pour harpe, Ariettes oubliées (2) avec Mary Garden,
transcription pour orchestre de Caplet ,
Children’s Corner 18 décembre :
Charpentier, Louise 20 décembre : Verdi, Messa da
Requiem 30 décembre : Humperdinck,
Hansel
und Gretel ; Caplet remplace le chef assistant
Charles Strony
[1]Consulter le
site
sur le Cretic.
[2] Voir Annexe I : Les Programmes de Caplet à
Boston saison 1912-1913. Debussy enverra son texte le 19
novembre. Voir Claude Debussy Monsieur Croche et autres
écrits, Introduction et notes de François Lesure, Gallimard,
Paris, 1987, p.210 et sq.
[3]
Il paraît avoir oublié son orchestration
du troisième des Cinq Poèmes de Charles Baudelaire, Le Jet
d’eau réalisée en 1907
[4]
Elle avait enregistré les Ariettes
oubliées n° 1, 3 et 5 avec Debussy au piano en mai 1904
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35 ans
8 janvier : Debussy, Pelléas et
Mélisande 5 janvier :
Caplet dirige un concert de musique française
10 janvier : Charpentier, Louise
12 janvier : Humperdinck, Hansel und Gretel 19 janvier
: Concert de musique française
24 janvier : Lettre de Caplet à Michel Calvocoressi révélant son
intense activité à l'opéra de Boston : "Deux
répétitions d'orchestre par jour - ou répétition d'orchestre et
spectacle (y compris dimanche et jours fériés !!) et sans compter, les
répétitions au piano : artistes, chœurs, scène etc. etc... et encore
etc... - Et je ne parle pas de l'organisation matérielle de ces
"performances et concerts". Les quatorze heures consacrées
quotidiennement à ce dur labeur n'étaient pas suffisantes. Heureusement
voici venir Weingartner, et ce chef d'orchestre de relais va m'alléger
la besogne."
26 janvier : Exécution de l'intégrale des Imagesde
Debussydont la création de Gigues sous la direction du
compositeur à la tête des Concerts Colonne.
Il
avait été dans les intentions de Debussy d’en confier la direction à
André Caplet qui, rappelons-le, avait établi la réduction pour piano du
premier volet Gigues. On a même avancé qu’il avait pu seconder
Debussy dans l’orchestration sans que l’on puisse l’affirmer. Gabriel
Pierné, Camille Chevillard écartés, Caplet à Boston, c’est finalement
Debussy qui dût tenir la baguette. Caplet avait réalisé deux
transcriptions du triptyque complet (Gigues, Iberia et Rondes
de printemps), une pour piano à 4 mains et l'autre pour 2 pianos à 4 mains parues chez Durand respectivement en 1912 et 1913.
19 février : Bizet,
Carmen 22 février :
Charpentier,
Louise
23 février : Concert codirigé avec les chefs assistants
Anthony Dubois et
Edouard Tournon
2 mars : Concert
6 mars : Bizet, L'arlésienne
8 mars : Aubert,
La Forêt bleue, première américaine.
La création avait été donnée à Genève le 7 janvier. Paris, en raison de
la guerre, devra attendre le 10 juin 1924.
12 mars : Saint-Saëns,
Samson et Dalila 14 mars : Aubert,
La Forêt
bleue 16 mars : Concert
17 mars : Aubert,
La Forêt bleue et
Wolf-Ferrari,
Le Secret de Suzanne 18 mars : Wolf-Ferrari, Le
Secret de Suzanne 20 mars:
Humperdinck, Hansel und Gretel 26 mars :Wagner,
Tristan et
Isolde 28 mars :Offenbach, Les
Contes d'Hoffmann 29 mars :Wolf-Ferrari, Le Secret de Suzanne Mai (3 jours ?) au festival de
Syracuse(Etat de New York) selon
Quaintance Heaton. Mais une lettre de Debussy à André Caplet
l'invite à venir au Théâtre des Champs-Elysées le 5 mai ??? 5 mai :
Théâtre des Champs-Elysées, adaptation chorégraphique des
deux premiers Nocturnes dans une chorégraphie de Loë Fuller.
Debussy invite chaleureusement Caplet à partager sa loge pour assister
au spectacle.
15 mai : création du ballet Jeux de
Debussy - auquel on imagine que Caplet a dû assister - par la compagnie des
Ballets Russes au Théâtre des Champs-Elysées sous la direction de Pierre
Monteux. La chorégraphie de Michel Fokine ne plut pas à Debussy qui
explique dans un article du journal Le Matin comment il a conçu
sa partition. Il envoie une coupure de cet article à Caplet.
16 mai : Lettre de Debussy à Henry Russell
faisant état du prêt de 5000 francs que celui-ci lui avait accordé et
pour lequel Debussy réclame de nouvelles échéances. Ceci ne concernerait
pas notre sujet si, à la fin de cette lettre, il ne précisait :"Vous seriez aimable de
confier votre réponse à Caplet pour des raisons que vous devinerez
aisément." Comme le laisse entendre la note de bas de page de
l’édition de la correspondance «André
Caplet servait d’intermédiaire afin que la réponse de Russell ne tombât
pas sous les yeux d’Emma. On en déduit qu’elle ouvrait les lettres
adressées à son mari. » On en déduit aussi le degré d’amitié et
de confiance mutuelle qui unissaient Caplet et Debussy.
28
mai : Debussy envoie un mot à Caplet précisant que Stravinsky n'a
pu lui "donner trois places
ensembles" mais qu'il lui "offre
un fauteuil à côté de sa femme". Parmi les amis de
Debussy, et donc de Caplet, figurait également Stravinsky. La lettre
datée probablement du 28 mai – date de la répétition générale du
Sacre du printemps – est précieuse sur les rapports entre les trois
hommes. Ce mot précieux nous confirme donc la présence de Caplet à la
création du Sacre, tout au moins à la générale. Si l’on a pu
sauvegarder de très nombreux témoignages en réaction à cette « musique
sauvage avec tout le confort moderne » (Lettre de Debussy à Caplet du 29
mai), on reste pour le moment condamné au silence quant à celui de
Caplet. Faut-il déduire du fait qu’il n’a jamais dirigé (à notre
connaissance) une œuvre de Stravinsky un aveu de désapprobation ?
Pourtant, on verra plus tard que Caplet était tout à fait intéressé par
la musique de son temps.
3 juin : Debussy recommande Caplet auprès
du banquier et mécène anglais Lord Edgar Speyer, ainsi qu'auprès de
Percy Pitt directeur artistique du Covent Garden. A ce dernier il
précise : "Permettez-moi de
profiter de cette lettre pour vous recommander tout particulièrement mon
ami André Caplet qui vient diriger Pélléas
pendant la « season ». C’est un musicien de grande valeur et un chef
d’orchestre dont vous pourrez, mieux que tout autre, apprécier la
maîtrise. Il connaît
Pélléas aussi bien
que moi-même ; vous pouvez avoir une confiance absolue en lui..! Ce qui,
d’ailleurs, ne fait qu’augmenter mes regrets de manquer à ce qui
m’aurait été une vraie joie. » Notons au passage, que Caplet ne
dirigera jamais Pelléas à Paris et que Debussy n’aura jamais
l’occasion d’entendre son opéra sous sa direction. Caplet, au courant
des problèmes financiers de Debussy, nous l’avons vu, interviendra
auprès de l’administration du Covent Garden pour inviter la famille
Debussy à ses frais. Il le remercie dans la lettre suivante :
6 juin : "
Ne croyez pas que je suis
insensible à ce que vous avez essayé de faire pour notre venue à Londres
et faites-moi l’amitié de croire mes raisons valables ! Elles le sont
d’autant plus qu’en les employant je me fais du mal."
7juin : Lettre de Caplet à la
Félix Zwobada : "J'ai pris
contact avec l'orchestre de Covent-Garden. A l'indescriptible
stupéfaction des musiciens, j'ai trouvé beaucoup de fautes dans les
parties ! Et Pelléas est joué ici depuis cinq ans !!!... Debussy a
paraît-il assisté à trois ou quatre répétitions ! J'ai l'impression que
lesdits musiciens - au premier...r...abord - m'ont trouvé un peu...
comment dirai-je... chercheur de... je ne sais quoi, dans la tête...
Mais qu'(ensuite, cette "minutie" portant ses fruits, la satisfaction
qu'ils en recueillaient leur était agréable !... Je sens que leur
sympathie pour moi va grandissant et cela n'est pas désagréable".
12,16, 23 juin :
Debussy, Pelléas et Mélisande à Covent Garden avec Louise Edvina
(Mélisande), Alfred Maguenat (Pelléas), Jean Bourbon (Golaud), Gustave
Huberdeau (Arkel), J. Royer (Geneviève), Frances Roeder (Yniold), Gaston
Sargeant (Un médecin).
Les représentations de Pelléas sont un succès. La critique du
Times du 13 juin, au lendemain de la première, est très positive à
quelques réserves près sur les chanteurs : « Pour
une exécution idéale de Pelléas et Mélisande
il est essentiel que tous les personnages nous fassent comprendre qu’ils
sont conduits par les circonstances, et la seule faute d’exécution
d’hier nous emble avoir été un certain excès d’assurance dans la manière
de chanter et de jouer, comme si les personnages savaient dès le début
ce que serait le dénouement. Mme
Edvina [1]
n’eut pas tout à fait l’inconséquence rêveuse de Mélisande, et M.
Bourbon, au lieu d’être conduit à la violence par son amour jaloux pour
Mélisande, semblait se préparer à l’action du quatrième acte. Sans être
une représentation idéale, ce fut néanmoins du point de vue musical une
extrêmement bonne exécution. Mme
Edvina chanta avec
une grande délicatesse et M. Bourbon avec une remarquable puissance. M.
Maguenat, bien que sa voix fut un peu trop robuste et qu’elle se
rapprochât parfois des qualités du baryton, chanta Pelléas avec une
grande intensité, et M. Huberdeau fut, enfin, digne dans le rôle d’Arkel.
Mais ce rôle, qui donne la clé de l’œuvre entière, requiert non
seulement de la dignité et du beau chant mais aussi le pouvoir
d’expression de la voix, et doit refléter l’attitude de quelqu’un qui se
contente d’observer la vie et d’y réfléchir. M. Huberdeau n’a pas encore
tout à fait atteint cela. L’orchestre, sous la direction de M. Caplet,
joua magnifiquement, et les interludes dont nous avons parlé furent
interprétés par ce dernier avec une remarquable éloquence."
[2]
16 juin : Pour sa part, Caplet se
réjouit du succès remporté dans une lettre du 16 juin adressée à
Horace Britt, violoncelliste de
l’Orchestre de Boston : « Je suis enchanté du véritable succès que le
public et l’orchestre m’ont fait ici. Je n’aurais pas osé espérer un
aussi heureux résultat ».
20 juin : Les bonnes critiques de
Pelléas arrivent à Debussy qui dans sa lettre félicite le
chef : "Mais tout d’abord,
parlons de Pélléas pour lequel j’ai à vous remercier beaucoup plus que
je ne peux même le penser… Je devine votre agacement à certains
moments […]. Pourtant je suis sûr que votre invulnérable volonté a dû
avoir le dessus ? Comme j’aurais voulu entendre cela… comme cela ! Vous
avez certainement fait des miracles, que vous n’avouerez jamais parce
que vous avez une âme de vieux Normand sceptique. À propos ! dans
votre lettre du troisième dimanche de Juin 1913, à la seconde page il y
a ceci… « et de plus, je me suis marié ». Est-ce une façon de parler, ou
est-ce vraiment pour de vrai ??? Ces trois point d’interrogation
contiennent toute l’angoisse du monde et la mienne, qui n’est pas mince,
car elle s’augmente de cette affection, sourdement ombrageuse quand il
s’agit de votre bonheur !"En réalité, Caplet annonce
prématurément son mariage. Il venait de faire connaissance de la fille
du Général Perruchon, Geneviève qu’il n’épousera
prudemment qu’après la
guerre, le 4 juin 1919. J’y reviendrai.
23 juin : Dans la lettre suivante du 23
juin, Debussy rend compte à Caplet du Gala Debussy du 19 à la Comédie
des Champs-Ẻlysées au cours duquel le compositeur et Ricardo Viñes
jouent en création Iberia dans la transcription pour deux pianos
de Caplet :
"On a joué à ce même
« Gala Debussy » votre arrangement à deux pianos d’Ibéria. Que
n’étiez-vous là, car vous pensez bien que je n’ai cessé de vous
regretter, tant, à chaque sonorité dont je connais le précieux
arrangement, je tombais sur un bec de gaz..! Et ces trémolos qui
semblaient remuer de sourds cailloux ! Décidément, mon vieux Caplet, la
musique est un art fermé le Dimanche et les jours de semaine, pour
beaucoup trop de gens qui s’intitulent musiciens ! Enfin, n’en parlons
plus… et pour oublier tous ces galas comme j’aimerais à me réfugier dans
un petit coin de ferme de votre Normandie".Et
d'ajouter : "N'avez-vous pas
l'intention de venir faire un séjour à Paris ?Songez que je vous ai à
peine vu... et vous n'allez pas me jouer le vilin tour de repartir pour
cette damnée Amérique, en prenant juste le temps de renouveler votre
collection de cravates ? Je vous réserve la lecture du Sacre du printemps
qui ne peut vous laisser indifférent."
De retour à Paris, Caplet réside au 26 rue de la Tour. C’est à
cette adresse qu’un billet de Debussy lui est apporté le
13 juillet :
Je voudrais bien vous voir au
sujet des sons harmoniques du Xylophone qu’on n’a jamais employés – Dieu
seul sait pourquoi ! et je vous attends avec l’impatience que comporte
un tel sujet. Voilà qui est instructif car cela nous apprend que
Debussy se servait de l'expérience de Caplet comme chef d'orchestre.
15 juillet : Debussy invite Caplet à
déjeuner
3 septembre : Selon la lettre de Debussy,
Caplet est au Havre d’où il lui a envoyé un nouvel
[3] arrangement de Gigues
pour deux pianos à 4 mains. Le compositeur exulte :
Si les mots ont encore un sens,
on peut vraiment lui appliquer celui : d’inimitable ! Il n’y a plus à
craindre que l’épaisseur des intelligences contemporaines !
Voudront-elles se donner la peine de comprendre ce qu’il y a :
d’ingéniosité poursuivie, de compréhension rigoureuse et fine du texte !
Octobre Caplet repart préparer la
saison 1913-1914 de l’opéra de Boston qui s’ouvre le 24 novembre.
8 octobre : Le compositeur Henri Février écrit à Caplet son plaisir
de voir son opéra Monna Lisa à l'affiche de l'Opéra de Boston
sous sa direction.
29 novembre: Wagner, Tristan
et Isolde
1er décembre : Wagner, Tristan et
Isolde
5 décembre: Février,
Monna Vanna 10 décembre : Février, Monna Vanna 15 décembre:
Saint-Saëns,
Samson et Dalila 26 décembre:
Saint-Saëns,
Samson et Dalila 31 décembre : Offenbach, Les Contes
d'Hoffmann
[1] La chanteuse canadienne Louise
Edvina reprend le rôle de Mélisande qu’elle avait déjà chanté à Londres
en 1910 sous la direction de Cleofonte Campanini et en janvier 1913 à
Boston sous la direction de Caplet ; Pelléas a été créé en français à
Londres le 21 ami 1909 et n'a été représenté au Covent Garden que 45
fois entre 1909 et 1974. L'Avant-Scène Opéra, n° 9, mars-avril
1977 précise également : "A dirigé également Pelléas au Covent
Garden : André Caplat (sic) (1913).
[2] Cité par Denis Huneau, op. cit p. 155-156
[3] L’arrangement de Caplet pour un piano 4 mains de Gigues
était paru chez Durand en 1912. D’après Lesure p. 360.
1
9
1
4
36 ans
7 janvier : Saint-Saëns, Samson et
Dalila
14 janvier : Charpentier, Louise
17 janvier : Saint-Saëns, Samson et
Dalila
23 janvier : Wagner, Les Maîtres
chanteurs On dispose d'un mot de Caplet précisant le trajet à effectuer
par les choristes et qui montre son intérêt pour la mise en scène.
24 janvier : Charpentier, Louise
28 janvier : Wagner, Les Maîtres
chanteurs
30 janvier : Charpentier, Louise
7 février : Wagner, Les Maîtres
chanteurs
11 février : Bizet, Carmen
16 février : Wagner, Les Maîtres
chanteurs
20 février : Mozart, Don Giovanni
23 février : Février,
Monna Vanna 28 février : Février,
Monna Vanna 23 mars :Charpentier, Louise Jacques Rouché, directeur de l'Opéra de Paris propose à
Caplet de prendre la direction de l'orchestre. Juillet : Composition desInscriptions champêtres pour voix de femmes sur un texte de
Rémy de Gourmont qui seront créées le 17 novembre 1917.
Yvonne Gouverné rencontre pour la
première fois Caplet : "Un jour
où j'allais à Criquebeuf-en-Caux chez les Georges Dieterle, rejoindre
leurs filles Alice et Yvonne, inséparables de leur ami Geneviève
[1],
j'entrais dans le salon de leur jolie maison. Une très grande baie y
favorise la vue sur les hautes falaises surplombant la mer, alors
que le ciel, jusqu'à l'infini, en éclaire les eaux mouvantes. C'est sur
cette perspective caractéristique de la Normandie et de la mer dont les
vagues ourlées d'écume se succèdent par un rythme éternel, que se
profilait le dos à la fenêtre une silhouette masculine, revêtue d'une
veste en velours sombre. Les cheveux paraissaient blonds dans la lumière
alors que la figure était à contre-jour ?. Comme j'arrivais à
l'improviste, mon amie à qui André Caplet avait récemment confié les
manuscrits des mélodies qu'il venait de composer (sur quatre poèmes de
Rémy de Gourmont) intervint aussitôt pour me présenter à celui qui
m'était inconnu... "Mon amie Yvonne Gouverné qui travaille la partie de
piano de vos dernières mélodies pour m'aider à mieux les connaître ".
Toujours sans distinguer le visage de l'homme immobile, j'entendis une
voix sympathique au timbre chaud nuancée d'une pointe d'ironie, me dire
avec conviction : "Ah, je vous plains, Mademoiselle ! ". J'étais loin de
prévoir l'enrichissement que je devrais à une telle rencontre !" 1er août :
Déclaration de guerre et mobilisation
générale. Parmi les mobilisés, des musiciens qui vont côtoyer Caplet :
le violoniste Lucien Durosoir affecté au
129e Régiment d'Infanterie, le violoncelliste
Maurice Maréchal au 274e
Régiment d'Infanterie. Les musiciens mobilisés sont affectés à des
tâches telles que chauffeurs, brancardiers, cyclistes, colombophiles.
Remarqués par l'autorité militaire, il leur sera donné le moyen
d'exercer leur art. En ce qui concerne Caplet et ses amis, Le colonel
Valzi, violoniste amateur et le général Mangin mélomane faciliteront le
regroupement des musiciens et l'organisation de concerts de musique de
chambre..
1er octobre : Debussy à Caplet :
"Avec ou sans patriotisme, la
guerre c'est du désordre accumulé. J'ai horreur du désordre, donc :
je n'aime pas la guerre"
4 octobre : André Caplet écrit au
Commandant du recrutement du Havre pour s'engager dans la guerre. Dans l'année, Caplet compose la mélodieEn regardant ces
belles fleurs(Charles d'Orléans)
14
novembre : Intègre le 24e régiment
d'infanterie comme caporal puis sergent. [1] Que Caplet épousera en juin 1919.
La scène est également racontée par Gouverné avec détails dans l'Hommage
à André Caplet de la Revue Zodiaque de 1978. =>
Bibliographie
1
9
1
5
37 ans
Lucien
Durosoir, éminent violoniste, a
consciencieusement écrit à sa mère des Lettres du front d'août 1914 à
novembre 1918. Ces lettres constituent un témoignage remarquable et
souvent émouvant sur la vie quotidienne des soldats et plus
particulièrement des musiciens qui l'ont entouré. A la demande du
colonel Valzi, Durosoir sera chargé en octobre 1915 de constituer un quatuor à
cordes. C'est précisément le moment où Caplet, sergent dans une
compagnie du 3e bataillon, rejoint le 129e
régiment d'infanterie situé à Neuville. A partir de cette période, les musiciens
donneront irrégulièrement, suivant leurs moments de repos, des concerts
de musique de chambre dans les lieux occupés par l'état-major ou dans
les églises voire chez des particuliers invitant militaires et civils à
partager un moment artistique. Si Durosoir s'impose, semble-t-il, comme
l'élément organisateur du groupe, Caplet apparaît comme la référence
musicale en tant que Prix de Rome, compositeur et chef d'orchestre
auréolé de ses quatre saisons outre Atlantique. Auprès de ses camarades,
il jouera alternativement du piano comme accompagnateur et de l'alto au
sein du Quatuor formé par Durosoir.
Janvier : le flûtiste Georges Barrère et le pianiste Walter
Damrosch jouent à New York un programme consacré à des pièces françaises
pour flûte et piano dont la Petite Valse de Caplet
9 mars : Caplet compose la mélodie Nuit d'automne(Henri de Régnier)
22 avril : Les Allemands utilisent pour la
première fois des gaz asphyxiants à Ypres (Belgique) qui, au cours de la
guerre, tueront près de 100 000 soldats
7 septembre : Debussy à Jacques Durand :
J'ai appris que Rouché avait eu
une entrevue avec Caplet, au sujet de concerts pour la réouverture de
l'Opéra... Comme Caplet ne me donne plus de ses nouvelles, et comme,
d'ailleurs, il ferait le coffre-fort selon son habitude, je ne sais rien
de plus [...] à propos de Caplet, il a été nommé sergent chef et chef de
musique (?) quant à ses désirs de partir au front, ils paraissent
refroidis , momentanément".
Caplet est envoyé sur le front
17octobre : Durosoir :
"Il est
arrivé hier matin, dans un nouveau renfort, André Caplet le Prix de
Rome [...]. Je lui ai longuement causé hier et je l'ai même présenté au
colonel,. il est sergent, on va lui trouver un filon, d'autant plus
qu'il est malingre. Il fait partie de ces renforts douteux que nous
recevons maintenant. Il faut vraiment avoir besoin d'hommes pour prendre
des gens comme lui. Enfin bref, il jouerait de l'alto dans le quatuor ;
inutile de dire qu'il sera intéressant comme musicien. Il paraît fort
timide, il faut dire qu'il était désorienté de se trouver au front,
c'est la première fois qu'il y venait".
3 novembre : Durosoir :
"Caplet est un
musicien passionné et fin. C'est un garçon très naturel et très franc.
Il était heureux de faire de la musique car depuis longtemps il en est
privé. Il est très intime avec Debussy et
Ravel et je pense qu'ultérieurement il
y aura quelque chose à faire avec lui. Il veut monter les quatuors à
cordes de ces derniers. Je ne demande pas mieux. Il m'intéresse vivement
et est très sympathique. Caplet va faire venir un alto...". Concerts
chez le colonel Viennot.
15 novembre : Journal
Durosoir : "Caplet est toujours sergent à la 9e
compagnie,
c'est un bien gentil garçon, je crois que nous nous plaisons
mutuellement. Il me connaissait de nom, mais il ne s'attendait pas à
trouver un aussi bon violoniste."
17 novembre : Durosoir : "Si nous avons
besoin de musique moderne, Caplet s'en chargera. Ce dernier, qui
d'habitude dirige à Boston et à Covent Garden, avait, d'Amérique, un
congé de deux ans, et avait accepté à l'Opéra, avec le nouveau directeur
Rouché, la place de premier chef d'orchestre. C'est un musicien
excellent et très fin, il est chaleureux. J'ai donc joué hier avec lui
devant le général Mangin, la Sonate de Franck, celle de Beethoven
en fa, et les Airs bohémiens de Sarasate,
Berceuse de
Fauré, aria de Bach et un caprice de Paganini. Caplet a joué au piano,
la mort d'Iseult. Notre succès a été considérable. [...]"Pour demain,
chez Mangin, nous jouerons le trio de Haydn qui est délicieux et la
Sonate à Kreutzer, en dehors d'un certain nombre de pièces que je
jouerai aussi. Mangin, qui est logé dans une superbe propriété, a, dans
le salon de cette maison un bel Erard tout neuf. Caplet était aux
anges".
22 novembre : Durosoir : "Nous allons
commencer l'étude du quatuor dès que l'alto de Caplet sera arrivé, d'ici
deux ou trois jours au plus. [...] Je vais, avec le pianiste Magne,
monter des sonates concurremment avec Caplet. [...]. Je jouerai la
Kreutzer avec Magne et la
Sonate de Lekeu avec Caplet."
30 novembre : Durosoir : "Caplet, qui a déjà plus qu'assez de la
compagnie qui l'entoure à la popote, c'est çà dire les autres
sous-officiers, me parlait ce matin à ce sujet et me disait : pourquoi
dans le repos prochain ne trouverions-nous pas un endroit où, pour une
somme fixe par jour, nous serions nourris, le quatuor ensemble, c'est à
dire moi, Caplet, Lemoine, Niverd ; cela nous éviterait les
conversations stupides, et au contraire nous serions plongés dans une
atmosphère musicale. C'est une excellente idée..."
5 décembre : Durosoir : "Caplet a reçu du
Havre un alto gigantesque, il au moins 42 centimètres. Il éprouve de
grandes fatigues à le jouer." Le quatuor à cordes constitué de
Durosoir, Lemoine, violons, Caplet alto et Niverd violoncelle se produit
chez le général Mangin ou en public (le 6 décembre) "devant au moins
trois cents personnes (militaires), une centaine d'officiers et, ce qui
est mieux, un public attentif et que nous avons su intéresser".
Au milieu du mois très froid et humide, Caplet et Lemoine, agents de
liaison du 3e bataillon, sont dans la boue des tranchées. 7 septembre : Lettre de Debussy à
Jacques Durand : « Pour quitter les Allemands, j'ai appris que Rouché
avait eu une entrevue avec Caplet, au sujet de concerts pour la
réouverture de l'Opéra... Comme Caplet ne me donne plus de ses
nouvelles, et comme, d'ailleurs, il ferait le coffre-fort selon son
habitude, je ne sais rien de plus - ce sont des gens qui ne laissent
rien « transpirer » - à propos de Caplet, il a été nommé sergent et chef
de musique (?) quant à ses désirs de partir au front, ils paraissent
refroidis, momentanément.» En définitive, et malgré l'existence d'un
contrat jamais honoré, c'est Alfred Bachelet qui assura la direction de
l'orchestre de l'Opéra durant la guerre.
7 décembre : Concert avec Durosoir,
notamment la Sonate de Lekeu.. Caplet est toujours agent de
liaison au 3ème bataillon du 129e de même que Henri Lemoine.
A propos de l'Elégie de Caplet jouée à ce concert, Durosoir écrit : La
musique de Caplet est bien écrite, moderne mais sans très grande
originalité à mon avis. Maintenant ce sont des oeuvres qui ont quinze
ans d'existance et il a pu beaucoup évoluer depuis. [...] Enfin cette
petite pièce m'a beaucoup intéressé, c'est très moderne. Et cependant
tout en constatant que c'est de la musique bien faite et qu'il connaît
son métier, je ne suis pas enthousiaste de sa nature musicale. La
sonorité de ce qu'il écrit est un peu dure et rauque. »
Après le 25 décembre, Durosoir, parti en permission, laisse son violon à
Caplet qui lui a demandé de le lui prêter.
Dans l'année, Caplet compose la mélodie Solitude(Julien
Osché)
1
9
1
6
38 ans
Janvier : Durosoir : "J'ai vu ce matin
Lemoine et Caplet, ce dernier surtout est méconnaissable après ces
quatre jours d'épreuves ; ils ont chargé à la baïonnette".
Février : Caplet rejoint la 5e
division ainsi que le violoncelliste
Maurice Maréchal à la demande du
pianiste Henri Magne pour former un groupe de cinq musiciens devant
jouer pour le général Mangin.
21 février : Début de
la bataille de Verdun sous le commandement du général Philippe Pétain
remplacé par le général Nivelle en mai. 1200 canons allemands 300 000
morts : (140 000 Allemands, 160 000 Français) 7 à 800 000 hommes
mis hors de combat.
28 février :
photo montrant le cheval Robert tirant
"une confortable bagnole avec bâche" sur laquelle se trouvent Caplet,
Lemoine, Durosoir et Maréchal se
déplaçant de Loeilly à Francastel sur une route enneigée.
Mars : le quintette constitué de Durosoir, Lemoine, Caplet, Maréchal et
Magne se produit devant le colonel Valzi (le 13), le colonel Viennot (le
18) soit en quatuor à cordes soit violon-piano, violoncelle-piano. Il
joue aussi chez des particuliers ou lors d'offices religieux.
24 mars : Lettre de Durosoir : « Caplet ne voit
guère que Debussy dans els modernes, il rapporte à lui toute la musique.
Pour Caplet, on n'est pas moderne si on ne pense pas comme Debussy : il
le place au-dessus de Bach, comme importance musicale. Il y a là une
exagération manifeste. »
Mai : Le général Mangin commande à Caplet
une Marche pour la 5e division. Durosoir prépare le
matériel d'orchestre en recopiant les parties instrumentales et précise
: "Nous en avons donné à
six une exécution devant le général Mangin, le colonel et tous les
officiers entourant ces personnalités. Le succès a été grand. Maintenant
il reste à copier les parties et à faire apprendre cette nouvelle marche
aux différentes musiques de la division, ce qui ne sera pas l'affaire
d'un jour...".
Henri Dutheil [1] :
"Le jour où il reçut la commande
d'une Marche héroïque
de la 5e division ... il trouva me moyen de lui
imprimer sa friffe, la marque personnelle de son talent. Elle avait ma
foi ! fière allure. Lancée vers le ciel meusien, à pleins cuivres,
gueulée sur la petite place de Stainville, à pleines voix, entre deux
séjours effroyables dans la fournaise de Verdun, par des survivants
épiques de deux brigades décimées. Sous la direction de Caplet lui-même,
elle n'avait rien d'une production d'embusqué, je vous prie de le
croire. Et l'on pouvait sans honte frissonner à l'entendre."
Attaque du fort de Douaumont. "Caplet
a été enfoui deux fois sous les éboulements, mais ce ne sera rien,
il n'a pas de contusions et se remettra en peu de jours".
7 juin : Caplet, Durosoir, Maréchal jouent
des trios de Beethoven dans la chambre de Caplet. "Impressions
d'obscurité baignée de musique, note Maréchal,
Le vieux lit à armoire.
Les piles de linge mouillé. La simplicité de Beethoven. Les présences
invisibles"
9 juin : Caplet et Maréchal déchiffrent la
Sonate pour violoncelle de Debussy
12 juin : A l'occasion du départ du Général
Mangin, exécution à Stainville de la Marche
de la division de Neuville [2]exécutée par trois
régiments de la division sous la direction de Caplet. Voir
Iconographie.
Lettre de Debussy à André Caplet Officier de liaison au 3e
Bataillon du 129e régiment d'Infanterie, Secteur postal 93 :
"Vous êtes un homme étonnant...
hardi comme un lion, vous trouvez le moyen d'avoir un piano, un
violoncelliste, une sonate, de réunir le tout à quelques mètres des
Boches,... c'est bien là cette élégante bravoure qui est et sera
toujours "bien française". [...] J'ai eu une grande joie à
vous revoir, car si je ne vous croyais pas perdu à jamais, je commençais
à douter (les malades ont l'âme faible !) [...]Pour moi, pauvre loque
humaine, c'était un réconfort que de contempler un homme qui avait passé
à travers les obus, sans y rien laisser d'important"
20 juin : Maréchal note : "Caplet nous
explique au piano le Quintette de Franck. Quelle merveilleuse
compréhension musicale ! Quelle valeur ! Comme tout semble lumineux et
simple lorsqu'il parle."
22 juillet : Debussy à Caplet :
"Je
voudrais qu'il me soit possible d'être à côté de vous, remarquez que je
ne vous serais utile en rien, je vous embarrasserais plutôt... Tout de
même : s'il y a des bruits désagréables, il doit y avoir des "silences"
admirables ! Hein ? vieux Caplet, vous devez apprécier la valeur de ces
silences-là ?"
août : Caplet écrit une réduction pour
piano de sa Marche de la division de Neuville qu'il compte offrir au général
Mangin. Caplet reçoit la partition des Douze Etudes pour piano de
Debussy.
6 août : Dîner à la ferme d'Amblonville (photo)
réunissant Caplet, Durosoir, le lieutenant Lyon, Magne et Guimaud.
Maréchal note dans son carnet " La table, sous des arbres, à mi-hauteur
sur une colline, près d'une source. Après le dîner, Durosoir a joué des
airs de Bach et nous écoutions assis un peu à l'écart."
13 août : Citation militaire de Caplet
27 août : Caplet compose la mélodie
Quand reverrai-je, hélas ! de mon petit village fumer la cheminée
d'après Joachim Du Bellay. La partition porte en exergue : "Quelques
vers de Joachim du Bellay exprimant un état d'âme ; mis en musique par
André Caplet, Sergent de liaison ; juillet 1916, ferme d'Amblonville
(les Eparges)"
4 septembre : Debussy à Robert Godet :
"Tenez, je reçois des lettres
d'un de mes amis - André Caplet - qui est un agent de liaison du côté de
Verdun. Cet homme joue depuis le matin jusqu'au soir avec la mort, et il
trouve le moyen d'être plein d'entrain. Il est suivi dans les tranchées
par un piano démontable ! l'autre jour il a été interrompu par une
rafale de 105 qui a failli le rendre aussi démontable que le piano... Il
a continué à quelques mètres sous terre : c'est un héros, n'en doutez pas
?" " 5 novembre : Debussy à Jacques
Durand : "J'ai
vu le sergent André Caplet. Il a la croix de guerre, deux citations,
deux blessures. Il est beau !" 25 décembre : Henri Dutheil [1]
se souvient : "Je l'ai vu, à
Génicourt-sur-Meuse (secteur des Eparges) diriger les répétitions d'une
Messe de minuit que nous chantâmes à Noël en l'an de disgrâce 1916 : la
baguette à la main, une flamme le transfigurait, le transformait
physiquement même". Dans l'année, Caplet compose la mélodie Prière normande
(Jacques Hébertot)
[1] in La Mouette, Revue
Normande de littérature et d'art, Le Havre,
juin 1925. [2] Sera publiée ultérieurement en
1924 sous le titre Douaumont, Marche héroïque de la Ve division
dédiée au Général Mangin et aux soldats de la Ve
Division.
1
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1
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39 ans
Janvier-Février : froid hivernal
jusqu'à - 25°. Mort de Henri Martel,
aumônier du 129e très aimé des poilus, des musiciens en
particulier, de Caplet en particulier dont on connait la foi.
Il écrit à ses amis Zwoboda: "La ferme d'Amblonville où
j'avais passé quelque temps a été littéralement écrasée. Il y a eu
forcément quelques victimes. Entre autres, l'aumônier de notre régiment,
tué sur le coup au moment où il se rendait dans la voiture d'ambulance
au poste de secours. Sa mort laissera un grand vide et plus
particulièrement dans le 3e bataillon (le mien) où il était
brancardier. Quand verrons-nous l'aurore se lever ? Quand les hommes
seront-ils tous des frères ? Quel profond dommage que les hommes n'aient
pas la grande sagesse des préceptes qui forment la base du catholicisme.
Que d'êtres vivent sans religion, sans idéal. Je ne fais pas allusion
aux pratiques relieuses mais bien à la beauté qui devraient illuminer la
vie..."
17 janvier : Caplet et Maréchal jouent la
Sonate pour violoncelle chez Debussy
qui porte une dédicace sur la partition du
violoncelliste. 25 janvier : Les
Annales politiques et littéraires n° 1757 - 25 février 1917 publient la
chanson Les Gas de Mangin, paroles de Théodore Botrel "A nos
chers camarades de la 5e division et du groupement Mangin" pour voix,
choeur à deux voix et piano. (voir actualité
novembre 2011)
27 janvier : Maréchal ne pouvant pratiquer son violoncelle par un
tel froid "sibérien" suit des cours d'harmonie avec Caplet.
29 mars : Debussy à Caplet :
[...] Lorsque toutes les injures
faites à notre beau pays de France seront effacées et que vous
retrouverez la musique écrite pour les vers de J. du Bellay, vous vous
étonnerez non pas de l'avoir écrite, mais qu'elle ait pu être si belle
parmi le sang et la fumée [...] Avril : André Caplet offre sa
photo à Debussy avec la dédicace : "A
mon bon maître Claude Debussy, son tout affectueusement dévoué André
Caplet, Avril 1917"
C'est peut-être lors de ce séjour que Caplet apporte aux dimanches
musicaux organisés par la chanteuse Jane Bathori les Trois Chansons a
capella de Maurice Ravel. Etaient présents : Ricardo Vines,
Francis Poulenc, Arthur Honegger, Charles Koechlin. Poulenc
[1] se souvient : "Naturellement,
Bathori et quelques élèves faisaient le soprano et les mezzos, et on
avait pris comme basse et comme baryton mon maître, Charles Koechlin, à
la barbe de Dieu Fleuve, Honegger, moi". Poulenc confiait
encore Claude Rostand : Chère
grande Bathori; que n'a-t-elle fait pour la musique moderne ?... André
Caplet, récemment revenu du front, dirigeait chez elle une étrange
chorale où l'on voyait parmi les basses mes deux maîtres Charles
Koechlin et Ricardo Vines, et, dans je ne sais quel emploi, Honegger et
moi-même Il s'agissait de chanter les Trois chansons a cappella
de Ravel encore inédites. Le résultat n'était pas brillant mais la
bonne volonté y était"
5 avril : Debussy à Caplet :
"Vous êtes là, près du piano sur
ce petit meuble anglo-viennois, sous le regard mouillé du bon
Moussorgski, et celui plus sévère du terrible Baudelaire. Sans vaines
phrases, je suis content de vous avoir et vous remercie de cette preuve
photographique de votre affection...En plus de l'émotion vraie qui
accompagne les vers de J. du Bellay, le décor musical est délicatement
exact : on voit la fumée onduler en méandres capricieux sur un fond de
ciel clair. Vision familière dont on a subi le charme sans y prêter
autrement attention. Vous, vous l'avez fixée une fois pour toute"
6 avril : Les
Etats-Unis déclarent la guerre à l'Allemagne. Journal de Durosoir :
"Caplet
passe chef colombophile, car en cas d'avance on reçoit les dernières
nouvelles des troupes en action par pigeon voyageur".
8 avril : Dimanche de Pâques Condé-en-Brie : nouvelle exécution de la Marche Héroïque
de la 5 division dirigée par Caplet devant les généraux Lebrun et
Hirchauer. Ce dernier allait se distinguer le mois suivant sur le chemin
des Dames en enlevant le plateau de Californie.
29 avril : Pétain nommé chef d'état-major
général des armées.
18 mai : Debussy à Gabriel Fauré :
"Ceci est une "supplique" en
faveur du sergent André Caplet, actuellement au front où - comme les
autres, il se ronge... Pour des raisons louables il voudrait que vous
ayez la bonté de le mettre sur la liste des membres du jury des
prochains concours, et que vous en avisiez le Général Lebrun,
Commandant le 3 Corps : Secteur Postal : 95. Il est impossible que l'on
vous refuse ! Je vous assure à l'avance de la reconnaissance du sergent
Caplet, il a pour vous - d'ailleurs, les sentiments d'admiration que
tout musicien, digne de ce nom, doit avoir. Ce sergent aime la musique
avant tout, cela est assez rare pour tâcher de le conserver."
Juin / Juillet
: rébellion de certains poilus pour se rendre au combat. Pendant toute
cette période, Caplet occupe la fonction de chef colombophile.
29 juillet : Emma Debussy à
Saint-Jean-de-Luz à Caplet aux bons soins obligeants de Madame Caplet, 6
ou 8 rue Bernardin-de-St Pierre Le Havre :
"Nous ne savions plus ce que
vous étiez devenu, cher Ami -Sans adresse, je vais envoyer des lignes à
votre chère Maman qui voudra bien vous les faire parvenir - Ne
viendrez-vous pas ici ? Il fait chaud, naturellement, mais pas sans une
petite brise que l'on ne doit pas trouver partout... Et puis ce serait
un vrai repos pour vous".
29 septembre : Maréchal : "Le soir je
travaille avec Caplet. Il orchestre pour musique militaire laFileuse". [2]
5 octobre :
Lettre d'Emma Debussy à Caplet :
Mais oui, j'ai reçu votre avant-dernière lettre mon cher Capié (sic) et
je suis un peu confuse de ne pas vous avoir dit tout le plaisir que m'on
fait ces chères petites plumes !... d'un gris si tendre, d'un
effleurement si doux ! Je les garde très précieusement, croyez-le
bien... 17 octobre : Caplet et Maréchal se rendent à Paris où ils rejoignent Magne et
Durosoir également en permission.
18 octobre : Debussy au violoniste Gaston Poulet : "André Caplet est ici jusqu'à
demain matin, et - sans autre préambule, pouvez-vous trouver le temps de
venir lui jouer la
Sonate ?
Novembre : Durosoir jusqu'ici secrétaire devient à son tour colombophile
et passe second du sergent Caplet.
1er novembre : Exécution de La Croix douloureuse à l'office de la
Toussaint en présence du général Lebrun qui demande que l'œuvre ne soit
pas rejouée en son absence le lendemain à la cathédrale Noyon.
9 novembre : Lors d'un concert à Ham, Caplet tombe dans la fosse de
l'orchestre et "fend le dos" du violoncelle de Maréchal d'un coup de pied
sans se faire de mal.
17 décembre : Création des
Inscriptions champêtres au
Théâtre du Vieux-Colombier sous la direction de
Walther Straram. Selon
Jane Bathori, organisatrice du concert, il fallut une trentaine de
répétitions pour préparer cette œuvre si difficile pour la justesse mais qui fut chantée par cœur.
"On a fait 32 répétitions de cette œuvre difficile ; il y eut bien dix
alertes, qui obligeaient les chanteuses à rentrer chez elles, quelque
fois très loin, à pied par la voie souterraine du métro (Correspondance
de Jacques Copeau à Roger Martin du Gard)
23 ou 30 décembre : A l'initiative de Caplet, un concert spirituel est donné dans la cathédrale de Noyon avec la
participation de Rose Féart, R. Plamoudon et Vieulle.. Au programme Franck, Fauré, les
Prières et La Croix douloureuse de Caplet [1] POULENC Francis, Moi et mes amis,
La Palatine, 1963 p. 144-145 et Entretiens avec Claude Rostand,
Julliard, 1954, p. 40. Selon Yvonne
Gouverné, Caplet appréciait le génie naissant de Poulenc : "Il
a un langage qui lui appartient, l'intuition du poème choisi."
[2] Mendelssohn : Romance sans paroles op. 67 n°4
1
9
1
8
40 ans
19 Janvier : Concert à la
Société Nationale
(Salle de la Société des concerts) où sont données en création
quatre mélodies de CapletLe Vieux coffret sur
des poèmes de Rémy de Gourmontavec
Rose Féart accompagnée au piano par Caplet. Maréchal qui a assisté au concert en rend compte à ses camarades. Durosoir
également :
"Maréchal
m'a dit que le concert de la Nationale samedi où il était donné les
mélodies de Caplet et les Prières
avec Rose Féart a été un gros succès.
Caplet n'arrête pas de se montrer, c'est d'autant plus amusant qu'il
est réellement sur le front." De son côté Jacques
Durand rapporte dans ses Souvenirs : "Pour
Le Vieux coffret,
écrit sur un texte de Rémy de Gourmont, Caplet désira me réserver la
surprise de l'audition publique, afin, probablement, que je pusse goûter
son œuvre dans la plénitude d'une interprétation de choix.
J'entendis ces poèmes à un concert de la Société nationale, dans la
salle du conservatoire ; C. Croiza[1] les interprétait , accompagnée au
piano par l'auteur. La cantatrice se surpassa, Caplet joua encore mieux
que d'habitude. L'émotion de l'auditoire fut intense, je la partageai
profondément" 27janvier : Exécution de la
Marche héroïque de la Vème Division au camp de Saint-Ouen.
31 janvier :
bombardement aérien de Paris
6 février : Debussy étant très fatigué,
c'est Emma Debussy qui écrit à Caplet :
"Vendredi, je dois aller entendre vos mélodies par Rose (Féart) - Est-ce
que Nostalgie
[2]est la chose que j'aime tant ?
Il me reste encore un peu de "fourniture" vous appartenant - dès qu'elle
sera en état de vous être expédiées je l'enverrai - Si je savais
seulement ce qui peut vous être utile ?"16 février : Emma Debussy au Sergent
Colombophile : "En grande hâte
comme toujours cher Ami - Reçu hier le tabac, vous envoie ce que j'ai pu
faire très inhabilement avec deux paquets environ. [...] Il aurait fallu
être sourd à jamais pour ne pas souhaiter éditer vos mélodies [3]
que
j'aimerais tant entendre encore".
26 février :
Emma à Caplet :
J'ai eu de tristes journées.
Notre bon maître a eu de la fièvre - beaucoup - vous devinez mon
angoisse- car le docteur paraissait inquiet. Après d'interminables
attentes, le mieux est venu - Mais il est fatigué et ne se lève que
pendant une heure le matin. [...] Je vous envoie d'autres cigarettes -
tant mieux si elles sont fumables - il este encore un peu de tabac - Je
vous en enverrai donc encore une petite fois. Demandez-moi ce qui vous
est utile - et si je puis me le procurer vous l'aurez. Voilà ! Votre
amie. Emma Claude Debussy
8 mars : Concert Salle Gaveau de la
SMI : 5
mélodies de Caplet : Berceuse, Nuit d'automne, Rondel, Nostalgie,
Forêt par Magdeleine Greslé, soprano et Marguerite Rolier
piano. 12 mars : Durosoir à sa mère
: « Caplet en ce moment est en plein travail, il
commence une sonate pour piano, soprano et violoncelle. La voix ne
chantant pas sur des paroles, mais étant traitée exactement comme un
instrument, et articulant les traits, soit sur des voyelles ou des
consonnes, et donnant l'impression de coups d'archets. Cela sera jugé
bizarre par bien des gens, mais l'on ne voit pas pourquoi on se
priverait du timbre de la voix humaine, considéré comme un instrument.
Le hic de cette affaire, c'est qu'il faudra un chanteuse ayant une très
jolie voix, un mécanisme vocal très développé et aussi un tempérament
musical. Cela fait bien des choses et ne rend pas facile l'exécution de
l'œuvre semblable. [...] Si Caplet a choisi le violoncelle pour l'œuvre
qu'il écrit actuellement, c'est par contraste avec la soprano et pour
avoir une plus grande échelle sonore au point de vue des effets. Ce sera
curieux d'entendre une œuvre de ce genre. Il appellera cette œuvre
sonate, mais je crois que ce sera d'une forme très fantaisiste. »
15 mars : Durosoir : « Je trouve ses
Prières
et sa Croix douloureuse
les meilleures choses, puis Forêt.
Il y a dans cette musique beaucoup de procédés d'"un genre particulier,
mais c'est tout de même du procédé, et les accents sont mièvres et
tourmentés, je n'ai pas l'impression de l'œuvre forte. »
16 mars : Durosoir :
« L'idée de Caplet est assez originale et peut
donner lieu à des combinaisons sonores, mais le public habitué à
considérer la parole comme le complément indispensable du chant, sera
certainement complètement désorienté. Caplet rêverait également
l'adjonction de la voix dans les orchestres, voix toujours considérée
comme instrument. C'est un point de vue qui flattera peu la gent
orgueilleuse des chanteurs, et contre lequel ces derniers lutteront. Je
cause beaucoup avec Caplet de toutes ces questions et nous sommes
souvent d'accord. » 20 mars : Emma donne des nouvelles
alarmantes de Debussy mourant et continue à envoyer des vivres à
Caplet : "Votre minuscule
envoi s'est encore amoindri, la méchante demoiselle de la poste l'a
repesé une première fois le trouvant trop lourd et j'ai enlevé le pâté
gêneur... Si vous aviez une adresse où je pourrais vous l'envoyer par le
chemin de fer, cela serait plus commode - Mais dites-moi ce que vous
aimeriez recevoir-".
25 mars :
Mort de Claude Debussy 5 avril : Lettre très émue (et
émouvante) de Caplet à Emma
:
"...Est-ce étrange ! A mesure que s'écoulent les jours, la vision si
douloureuse de Claude Debussy torturé par la maladie s'efface ; je le
retrouve comme au temps passé - je retrouve son image vivante et alerte,
et il me faut faire effort pour accepter l'atrocité de la réalité...
Réalité ? Non; Apparence ? Oui : apparence, car Claude Debussy vit !
Claude Debussy vit intensément en mon coeur et en mon esprit, comme il
vit et vivra toujours en l'esprit et dans le cœur de tous ceux qui l'on
aimé. Je ne pleure pas...je n'ai pas pleuré, et pourtant, je sens, au
fond de mes yeux, de grosses larmes..."
8 avril : Durosoir à sa mère : « Avec
Caplet, hier soir nous avons commencé le travail sur la sonate de
Debussy. Cela ira très vite car avec Caplet dans l'interprétation de
Debussy, il n'y a pas de tâtonnements.»
9 avril : Durosoir à sa mère : « Je
travaille avec Caplet la sonate de Debussy. Elle me plait beaucoup,
c'est fin et subtil, d'une jolie sonorité. [...] Caplet est à l'aise
dans cette musique, on voit qu'il aime ce genre.» 12 avril : Durosoir et Caplet jouent la
Sonate pour violon de Debussy devant Maréchal qui admire surtout les
deux premiers mouvements. Caplet donne des leçons de contrepoint à
Durosoir, Petit, trompettiste chez Colonne et Mr Coppet.
14 avril : Nouvelle audition de la Sonate de Debussy
Maréchal note : "Caplet est redevenu adorable. En me quittant devant le
DI (devant Durosoir), il m'a dit avec un si joli regard de tendresse et
un sourire qui rendait extrêmement jeune tout l'accent de la physionomie
: "Au revoir. Je ne vous embrasse pas, mais le cœur y est." C'est de
ces petits riens qu'on fait le bonheur..." 15 avril : Durosoir à sa mère :
« Caplet me fait l'effet d'un drôle de professeur. Il ,est fort
indépendant et se fiche pas mal des règles. Je crois et du reste j'en ai
l'impression, qu'il serait très mauvais éducateur pour de tous jeunes
gens. Avec moi il discute beaucoup, car je lui pousse des objections
nombreuses, mais si j'avais 18 ans, il est fort probable que
j'accepterais benoîtement ce qu'il dirait. Aujourd'hui...» 16avril 16 avril
: Durosoir à sa mère : «
Il faut dire que Caplet d'après ce que je vois, ne comprend plus le
contrepoint de la même façon. Il le traite musicalement, et non
précisément ce qui est admis ou défendu. Toujours au point de vue
musical il admettra parfaitement une chose que les règles défendent, si
l'effet musical est joli. Alors que le contraire le crispe parfaitement.
C'est plus en accord avec la musique certainement. Au fond si on
trravaille cette science, ce n'est pas pour le plaisir de faire du
contrepoint, c'est surtout pour arriver à la musique. »
23 avril : Caplet à Jane Bathori : "La
"direction" ne m'intéresse plus - du moins pour le moment. Je me
consacre uniquement à la composition. Comme je n'ai aucune confiance en
moi, je me donne cinq ans pour me prouver que je ne fais pas fausse
route. Si d'ici cinq ans je n'ai pas produit trois notes, mais trois
notes qui soient de la vraie musique,
j'abandonne tout... A ce moment-là alors sans doute reprendrai-je le
bâton de mesure et pourrons-nous parler des représentations pour
l'Amérique"
24 avril : Durosoir lettre à sa mère : « La
Sonate de d'Indy [pour violon op. 59] paraît froide, ossifiée, mort-née
et opaque et pesante. Ce n'est pas français et Caplet a raison de dire
que c'est boche, c'est une tournure d'esprit qui découle de Leipzick
(sic) ». Mai : Caplet part deux jours au camp de la
Noblette suivre un cours sur les gaz. 19
mai : Caplet poursuit la composition de la Sonate pour voix,
violoncelle et piano(qui restera
inachevée). Durosoir
: « Caplet est
d'une humeur de dogue en ce moment, car cela ne va pas, il barre et
rature sans arrêt, bref l'enfantement est plus que douloureux. » 24 mai : Caplet à Durosoir : «
On ne peut ignorer les formes classiques, mais on
devrait s'efforcer de les oublier et trouver si possible des formes
nouvelles. »
25 août : Durosoir à sa mère : «
Caplet a reçu hier 12 études de Debussy pour piano.
Pendant que nous étions en trzain de les lire, moi assis à côté de lui,
il st tombé à moins de 50 mètres de notre ferme 7 obus qui n'ont blessé
personne, et qui n'ont rien détruit. Il y a eu un moment de stupeur, car
il n'y a jamais rien ici. C'est un petit incident. »
Septembre : Le général Mangin, de retour au
commandement de la Division, demande à Caplet d'écrire une autre marche.
Durosoir : "Caplet, entrevoyant de nombreuses libertés et faveurs, a
accepté. Il m'a expliqué son plan : il aurait l'intention de relier la
marche que tu connais à un mouvement lent et funèbre en mémoire de ceux
qui sont tombés, et d'enchaîner avec une nouvelle marche, tout cela bien
entendu pour les trois musiques". 14 septembre : Durosoir
à sa mère : Caplet est arrivé ce matin toujours
mystérieux, j'ai à peine le temps de lui causer, mais il va nous quitter
d'ici peu d'après ce qu'il m'a dit. Il a finalement accepté d'aller à
Chaumont au quartier général Américain, pour diriger une école de chef
de musique pour l'armée américaine. Il ne sera peut-être pas si
tranquille qu'ici, mais c'est la porte pour ne plus revenir, bien qu'il
dise que ce n'e'st que pour quatre mois. Cependant il ne voudrait pas
partir avant que sa nouvelle marche soit au point et exécutée. Il va
donc tâcher de rester un mois au moins ».
15 octobre : Durosoir à sa mère : «
Est arrivée
une note du Grand Quartier général qui envoie Caplet à Chaumont comme
directeur de l'École technique
américaine de musique militaire. Caplet ne comptait pas plus sur cette
chose, puisque j'ai lu les lettres de ses amis parisiens, qui lui
disaient carrément que la chose était ratée, et qu'il n'y fallait plus
compter. Il est probable que de nouvelles démarches qu'il ignorait
furent faites, car l'ordre de mutation arrivait hier vers midi. Ce
matin, après avoir trié toutes ses affaires, j'ai conduit Caplet jusqu'à
une auto qui devait l'emmener jusqu'à Calais. Ce n'est pas sans émotion
que nous nous sommes séparés, après deux années de vie commune et de
tous les instants. Je ne puis oublier tous les bons moments de musique
et les mille souvenirs qui s'attachent aux lieux parcourus ensemble dans
cette vie misérable et pittoresque. Caplet aussi était fort
ému.[...]J'avoue que je vais me trouver bien isolé, car, de tous ceux
qui m'entourent et qui sont certes de bons camarades, il n'y avait que
Caplet avec lequel je pouvais causer de choses élevées et avec lequel je
sympathisais. [...] Caplet compte bien rester 5 à 6 jours à Paris avant
de gagner Chaumont. »
Les Américains contactent Caplet en vue de diriger l'école des chefs
de la musique militaire américaine (American Expeditionary
Force) située à Chaumont (Haute-Marne). Cette école a été fondée par le
compositeur et chef d'orchestre Walter Damrosch [4] à la demande du
Général Pershing. Elle trouvera après la guerre un prolongement avec le
Conservatoire américain de Fontainebleau créé le 26 juin 1921. Caplet
fréquente alors le chef d'orchestre Albert Stoessel qui publiera en 1920
un ouvrage intitulé The Technic of the baton, "inspiré des
entretiens de l'auteur avec André Caplet", avec une préface de Walter Damrocsh.
Des notes de Caplet montrent qu 'il avait des idées précises sur
l'apprentissage de la direction. Le témoignage d'Yvonne Gouverné
[5] montre par ailleurs que Caplet exerçait une autorité tyrannique sur ses
musiciens : "Son besoin d'ordre, de clarté, de précision était
extraordinaire - Il n'abandonnait rien au hasard. [...] Il y avait des
chanteuses qui pleuraient, d'autres qui grinçaient des dents, des
violonistes qui se vexaient ! Peu importe - plus les malheureux se
défendaient, plus Caplet s'acharnait à les réduire en une sorte de
matière sonore dont il se servait ensuite comme un sculpteur se sert de
la terre glaise. En somme, il fallait qu'il abrutisse et qu'il fascine
son monde avant de commencer son travail de créateur, et puis, quand
toute velléité d'indépendance avait été dominée, alors il entreprenait
vraiment le modelage ; puis, le jour de l'exécution, quelque chose
d'éblouissant, d'inoubliable s'accomplissait, car si Caplet avait toutes
les patiences pendant la période des répétitions, une flamme
extraordinaire le transfigurait au Concert, et tout l'équipage dépassait
ses moyens, confiant en ce sûr pilote qui ne perdait jamais le contrôle
de lui-même."
Compte tenu de son mauvais état de santé, Caplet ne dirigera plus guère
après la guerre malgré l'offre de diriger l'orchestre de l'opéra Caplet,
les Concerts Lamoureux. Tout au plus, sur la pression de ses amis, il
acceptera de rediriger le Martyre de Saint-Sébastien. Toutefois,
nous verrons qu'il décidera d'entamer la saison 1922-1923 à la tête des
Concerts Pasdeloup. Au-delà de ces tentatives, il se consacrera
essentiellement à la composition et à la direction de ses propres
œuvres.
9 novembre : Compose Détresse
sur un poème de Henriette Charasson.
11 novembre : Signature de l'armistice.
Décembre : publication chez Durand des
mélodies Le Vieux coffret
[1] sic. En réalité Rose Féart.
[2] Mélodie de Caplet non identifiée ! sans doute est-ce une erreur.
[3] Projet de Jacques Durand de publier Le Vieux coffret qui
paraîtra en décembre.
[4] Lire ses mémoires Musical Life (New York and London, 1923)
[5] Revue Musicale janvier 1938 =>
Bibliographie
1
9
1
9
41 ans
Caplet est démobilisé.
23 janvier : Dirige à Chaumont, le Bandleaders Band des élèves
de l'Ecole des chefs de musique américains : Bizet (L'Arlésienne,
ext.), Dvorak (Humoresque), Puccini (La Bohème,
fantaisie), Delibes (Coppélia, et Lakmé, fantaisies),
Berlioz (Marche hongroise).
14 mai : Concert à la
Société
Nationale (Salle Gaveau) Trois mélodies de Caplet extraites
de Le Vieux coffret (1- Songe, 3- Forêt,4
-In una selva oscura) créées dans leur version avec orchestre. Claire Croiza, Orchestre dirigé par Caplet. 28 ou 29 mai
: Le Havre, Salle de l'Hôtel des Sociétés, rue Kitchener,
concert donnéau profit de la Société havraise de Rééducation professionnelle des
Mutilés : Récital de mélodies de Caplet : Les Prières, Prière
normande, Quand Reverrai-je héals, Viens, une flûte invisible soupire,
Il était une fois par Plamandon ; Rondel, Le Vieux coffret,
Chanson d'automne, Nursery, par Jane Bathori ; Nuit d'automne
et Green par Mme Tournié-Herb ; Paroles à l'absente et
Détresse par Suzanne Balguerie, ; La Croix douloureuse (avec
cordes) par Mme d'Ozouville, ; Duo extrait de Myrrha par Bathori
et Plamondon ; Inscriptions champêtres par Balguerie,
Tournié-Herb et Desgenétais-Castelbajac ; solistes et instrumentistes à
cordes du Havre. [1]
4 juin : Caplet épouse à Chaville
Geneviève
Marie Elisa Perruchon. Le couple s'installe à Saint-Eustache-la-Forêt.
Entame la composition d'une Sonate pour voix, violoncelle et
piano qui reste inachevée.
Juin : Composition de la Ballade
française n° 1 Cloche d'aube d'après Paul Fort
21 juin : A Walther Straram : "J'ai improvisé en deux heures
un Panis Angelicus pour le faire chanter à Geneviève
pendant que la procession s'arrêtait devant la grille de notre jardin où
se dressait, par tradition et par les soins de notre propriétaire, un
reposoir avec les drapeaux jaunes, verts, rouges, bleus, des papiers
dorés et beaucoup de soleil. Francis Jammes en aurait pleuré
d'attendrissement - pas du Panis : du spectacle.
31 juillet : Composition de la première des
Fables de La Fontaine : Le Corbeau et le renard
Octobre : Composition de la deuxième des Fables de La Fontaine : La Cigale et la fourmi Novembre :
Composition de la troisième des Fables de La Fontaine : Le Loup et
l'agneau ; Diaghilev envoie
un télégramme à Caplet Saint Eustache Canton de Bolbec : « Pouvez-vous
accepter conduire spectacles Ballets Russes Opéra Paris et Italie fin
décembre jusque fin Mars quelles conditions si offre vous intéresse
serait indispensable que veniez Décembre Londres voir spectacles.»
Diaghilev Savoy Hotel. Projet resté sans
suite... [1] Concert mentionné par
Denis Huneau op. cit p. 845.
1
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42 ans
Mai : Composition des Ballades
françaises n° 2 la Ronde n° 3 Notre chaumière en Yveline n° 4 Songe
d'une nuit d'été d'après Paul Fort
A l'occasion de la naissance de leur fils Geneviève et André Caplet
s'installent à Paris
7 Juin : Création de la version orchestrale de Socrate d'Erik Satie sous
la direction de Félix Delgrange avec Marya Freund. Caplet en assurera
également la direction un peu plus tard aux Concerts Wiener avec Jane
Bathori.
Septembre : Composition de la Ballade
française n° 5 L'adieu en barque pour voix et piano d'après
Paul Fort
24 octobre : naissance de
Pierre Caplet
; Les Caplet s'installent à Chaville. Au cours de cette année, le frère d'André,
Maurice, décède.
Novembre : Geneviève et André Caplet
s'installent à Chaville. Baptême de Pierre
: sa marraine Madame de Castelbajac offre à Caplet le recueil de poèmes
d'Henri Ghéon Le Miroir de Jésus que Caplet mettra en musique en
l'été 1923. Composition de l'Hymne à la naissance du matin
(Paul Fort)
18 décembre : Louis Aubert avait demandé à
Caplet de collaborer au Tombeau de Debussy [1]
à paraître dans la Revue Musicale. Caplet lui répond : "Tout
en regagnant mon logis, j'ai pensé à ce que vous m'avez dit au sujet du
Tombeau de Debussy. Non vraiment, je persiste à trouver que ce monument,
élevé pour la plus grande gloire du Maître, est parfait tel qu'il est.
Ceux qui l'ont écrit dans la Revue Musicale étaient certainement tout indiqués pour le faire, car ils ont l'avantage, pour la plupart, de
pouvoir se dire : "le seul qui, celui qui a le plus, celui qui a le
mieux...etc...etc..." Vraiment, je ne vois pas ce que l'on pourrait être
encore "le plus" ! Toutes les places sont prises [...] En tout cas, ce
n'est pas à moi que pourrait revenir cet accablant honneur, car rien ne
me désigne pour cela. A-t-on dit que j'avais beaucoup fréquenté Claude
Debussy ? Mais c'est une légende... je l'ai très peu connu..."On
peut se demander pourquoi Caplet se défile. Fut-il agacé par cet hommage
? En tout cas, il montre une mauvaise volonté évidente.
-
Constitution d'un chœur de voix de femmes à l'initiative de Suzanne
Nivard dont Yvonne Gouverné prendra la direction et que André Caplet
fera travailler notamment pour la création de la Messe à 3 voix
et du Miroir de Jésus.
-
Publication chez Carl Fischer à New York de l'ouvrage d'Albert Stoessel,
professeur de musique à l'Université de New York, intitulé The
Technic of the baton avec une préface de Walter Damrosch. Ce
"Manuel à l'usage des élèves chefs d'orchestre"est inspiré
des entretiens de l'auteur avec André Caplet dans le cadre de l'école de
Chaumont => 1918. Dans son avant-propos, l'auteur précise qu'il "fut
assez privilégié pour pouvoir échanger des vues sur ce sujet avec M.
André Caplet et c'est à ce dernier qu'il doit l'idée des exercices "gymno-rythmiques"
et de plusieurs des graphiques des mouvements." Cet ouvrage sera suivi
de plusieurs éditions en 1928 à New York puis en 1930 à Paris aux
éditions Maurice Sénart avec une traduction de Mme Frédéric-Moreau. =>
bibliographie
[1] Le Tombeau de Debussy paru dans la
Revue Musicale de décembre 1920. Ont collaboré dix compositeurs : sept
écrivirent pour le piano Dukas, Roussel, Malipiero, Goossens, Bartók,
Schmitt ; Stravinsky envoya la réduction pour piano du choral final des
Symphonies pour instruments à vent à la mémoire de C. A. Debussy
dont il avait achevé la composition le 20 novembre;Falla
écrivit une pièce pour guitare, Ravel son Duo pour violon et
violoncelle (tout un symbole !), Satie une mélodie de 12 mesures "Un
seul être vous manque et tout est dépeuplé". Le Tombeau de Claude
Debussy fut créé à la SMI le 24
janvier 1921, salle des Agriculteurs.
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9
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43 ans
15 janvier : Création à la Société Nationale Salle de la Société des
Concerts des Cinq Ballades françaises
et de l'Hymne à la naissance du matin
pour soprano et piano sur des texte de Paul Fort avec Claire Croiza et
André Caplet.
31 janvier : Walter Straram demande des conseils à Caplet où sujet de
La Mer Debussy et d'España de Chabrier et lui demande de
mettre à sa disposition les matériels d'orchestre d' España, de
l'Ouverture de Gwendoline de Chabrier ainsi que la
Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel 15 février :
Exécution à New York par le Barrière Ensemble de la Suite persanede Caplet
27 février : Création de l'Hymne
à la naissance du matin pour soprano et orchestre sur un
texte de Paul Fort aux concerts Lamoureux sous la direction de Paul
Paray avec Claire Croiza. Pressions de Walther Straram, Philippe Gaubert, Emma Debussy pour
que Caplet assure la reprise du Martyre de Saint-Sébastien en 1922 12 mars : Création des Trois Fables de La Fontaine
par Rita di Pietro ou Mme Candé et Caplet à La Société Nationale
1er novembre : Philippe
Gaubert à Caplet : "Cher Dédé.
Tu es gentil de me demander mon avis pour le Martyre - Le voici :
accepte de suite - J'irai t'applaudir avec joie dans cette œuvre que tu
connais aussi bien que la connaissait notre cher Debussy.19 mai : André Caplet dirige
salle Gaveau l'Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire avec le concours
de Julia Nessy, notamment la version avec orchestre des 3 extraits du
Vieux coffret et Hymne à la naissance
du matin.
29 octobre : Caplet assiste à la création du poème symphonique
Pour une fête de printemps op. 22 d'Albert Roussel aux Concerts
Colonne sous la direction de Gabriel Pierné.
Novembre : Commence à écrire des articles critiques au
Courrier musical sur les
Concerts Pasdeloup, fonction qu'il arrêt en mars 1922.
Le
5 : Walther Straram à
Caplet : "Je comprends
parfaitement qu'une situation à l'opéra ne vous tente pas et vous avez
vraiment mieux à faire ; mais cependant, pour le Martyre, j'accepterai
sans aucun hésitation si j'étais à votre place et ceci pour des raisons
que je trouve hautement supérieures parmi lesquelles : la piété que l'on
doit avoir pour le génie de Claude Debussy, qui pratiquement vous impose
de ne pas laisser encore une oeuvre de lui se galvauder au répertoire
dans des conditions méprisables, que vous pouvez énormément dans la
suite, si vous en dirigez seulement les premières exécutions - [...] Je
vois encore une foule d'autres raisons que je vous dirai de vive voix,
si vous me le permettez, et qui me sont guidées par ma perspicace
affection."
25décembre : Salle des
Agriculteurs, récital de chant de Julia Nessy avec Walther
Straram au piano, Mélodies de Caplet,
Aubert, Debussy, Ravel, Roussel 1921-1922 : Collaboration de Caplet à la revue Le Courrier Musical Le 27 /?/1921, Walther Straram dirige la Philharmonie Tchèque avec
au programme Détresse de Caplet chantée par Julia Nessy.
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44 ans
7 janvier : Emma Debussy à Caplet :
"Ida Rubinstein est engagée de
façon "ferme" avec Rouché pour St Sébastien en juin à l'Opéra ! Que va
devenir la combinaison d'Hébertot ? Qui conduira en juin ? Pourquoi pas
vous, spécialement engagé pour cela ?"
12 janvier :
Caplet assiste à la première parisienne [1] du Pierrot lunaire op. 21
de Schoenberg, salle Gaveau (Concerts Jean Wiener), sous la direction de Darius Milhaud avec Marya Freund.
Vingt-cinq répétitions auront été nécessaires.
Janvier : Composition de La Cloche
fêléed'après Charles Baudelaire, mélodie créée le 17 novembre
1923
Caplet, Albert Roussel, Roland-Manuel cosignent au Courier
musical une lettre en réaction contre la publication d'un article
xénophobe rendant compte de la création parisienne du Pierrot lunaire
de Schoenberg
25-26 février :
Caplet, nommé vice-président de l'Association des
Concerts Pasdeloup et chef d'orchestre adjoint de Rhené-Bathon,
dirige son premier concert : Weber (Freischütz), Debussy (La
Mer), Mozart (Concerto piano en la avec Braïlowski), Beethoven (Symphonie
n°5). Les concerts étaient régulièrement doublés.
18-19 mars : Concert Pasdeloup : Wagner (Maîtres
chanteurs), Ravel (Shéhérazade avec Julia Nessy), Lalo (Concerto
en fa pour violon avec Enesco), Cras (Âmes
d'enfants, création), Debussy (Images, première
exécution aux Concerts Pasdeloup).
Mars-avril :
Henry Prunières à Caplet :
"Ce petit mot pour vous
confirmer votre invitation à dîner sans cérémonie (veston) avec Béla
Bartók, Ravel, Szymanowski et Vuillermoz. Il est possible que Falla soit
aussi des nôtres car je l'attends d'un jour à l'autre. [...] N'oubliez
pas votre promesse de donner à la Revue Musicale la primeur d'une
de vos œuvres pour chant et piano..." Un
dîner auquel on aurait aimé être invité...
6 avril : Création à la SMI de Le
Pain quotidien (Intimités vocales en quinze exercices) par Julia Nessy et Caplet au
piano. Caplet écrit à
Straram :
"Mon bon Walther : J'accompagne
Madame Nessy parce que c'est elle, parce qu'elle est votre élève et
qu'elle a d'énormes qualités".
21 avril : Lettre de la soprano polonaise naturalisée française
Marya Freund demandant à Caplet de venir étudier chez elle la partition
d'Erwartung d'Arnold Schoenberg.
22-23 avril : Caplet dirige Pasdeloup au Théâtre des Champs-Elysées
: Mozart (39ème), Roland-Manuel (Barcarolle extraite
d'Isabelle et Pantalon), Saint-Saëns (Danse Macabre),
Debussy (La Damoiselle élue avec Claire Croiza, Dolorès de
Silvera, récitante et la Chorale Nivard), Borodine (Danses
polovtsiennes) et, juste après la Danse macabre de
Saint-Saëns, la
première française [2] des Cinq Pièces pour orchestre op. 16 d'Arnold
Schoenberg. Selon le témoignage de Marya
Freund, il y avait eu tant de bruits et d'agitation qu'on pouvait à
peine entendre. Après la quatrième pièce,
quelques personnes en étaient venues aux mains. Florent Schmitt avait
courageusement défendu la musique et, à la fin du concert, s'était
retrouvé la figure enflée à la suite d'une gifle. Maurice Ravel, Francis
Poulenc,, Roland-Manuel, Henri Prunières et Maurice Delage étaient parmi
l'assistance. De son côté, Yvonne Gouverné apporte son témoignage :
"Or si nous avons entendu les
pièces de l'opus 16 sous la direction d'André Caplet dont l'intuition
guidait l'inlassable curiosité, je n'oublie pas les cris accueillant
cette audition (Théâtre des Champs-Elysées) en 1922. C'était un coup
d'audace et j'ai de mes yeux vu un auditeur donner à Florent Schmitt un
coup de poing en pleine figure simplement parce que celui-ci lisait la
partition d'orchestre pendant que Caplet la faisait entendre. Inutile de
dire que celui-ci, interrompu par le chahut provoqué, reprit après cet
incident la pièce en question et je le vois encore dire à Florent
Schmitt à l'issue de ce concert mouvementé : C'est toi maintenant qui
viens faire du scandale quand je dirige !"
Le 20 juin, dans une lettre à Egon Wellesz, Schoenberg revient
sur cet incident et qualifia la gifle reçue par Schmitt de "coup à la
face de l'humanité" [3] Quant à Schmitt, il écrit à Caplet :
"Bravo pour ta belle exécution
de Schoenberg. Dans le 1er
morceaubien des détails
-qu'on lit - ne s'entendent pas. Les 2e et 3e se rendent plus
exactement. Quant aux deux autres je ne les ai guère entendus - et les
ai à peine lus exaspérés du "gallicisme" des gens - pour le moins..."
Dans Le Ménestrel du 28 avril, René Brancour ne s'en remet pas
: « Cette séance était en majeure partie consacrée
à la musique – le reste du programme était dévolu à des produits de M.
Arnold Schoenberg, ceux-ci longuement et pompeusement accompagnés d’un
prétentieux boniment nous affirmant leur caractère « harmonique » ou
« lyrique ». En réalité, c’est le plus incohérent et le plus vulgaire
des charivaris. Que l’on se figure la représentation « musicale » – si
j’ose ainsi dire – d’un bal dans une maison d’aliénés ou d’une crise de
deliriumtremens
en un poulailler ! Mis à part une cinquantaine (peut-être moins)
d’auditeurs aux masques exotiques et aux applaudissements savamment
disciplinés, els autres témoignèrent par des rires, des sifflets, et des
huées de leur mépris pour cette méchante cacophonie – d’ailleurs plus
bête que méchante… L’un d’eux s’écrira : « Tchitcherine ! » Et l’on ne
pouvait mieux qualifier cette élucubration bolchévique…» Il conclut : «
M. André Caplet dirigeait l'orchestre avec intelligence et soigneuse
attention. Sa mimique, moins apparente que celle de M. Rhené-Baton, est
parcontre plus fouillée, et regagne dans le détail ce qu'elle peut
perdre quant à l'ensemble.»
11-12 mai : André Caplet dirige une
version de concert du
Martyre de Saint-Sébastien de Debussy avec des extraits du poème aux
Concerts Pasdeloup.
16 mai : Création de la version avec orchestre des
Prières aux Concerts
Pasdeloup, direction Rhené-Bâton avec en soliste Louise Matha
18 mai : Concert Salle des Agriculteurs consacré à des oeuvres de
Caplet (hormis deux scènes de Pelléas) au cours duquel
estprévue la création d'Epiphanie,
fresque musicale pour violoncelle principal et orchestre d'après une
légende éthiopienne avec Maurice Maréchal et Caplet au piano.
La partition n'étant pas achevée, elle est remplacée par la Sonate
pour violoncelle et piano de Debussy. La création d'Épiphanie avec orchestre aura lieu le
29 décembre 1923. La version avec piano a été crée dans un cercle privé
avec la violoncelliste Madeleine Monnier (cousine du compositeur) et
André Caplet.
27-28 mai : Concert Pasdeloup partage avec
Rhené-Baton car Caplet ne dirige que ses propres œuvres : Wagner
(Maîtres chanteurs), Roger-Ducasse (Nocturne de printemps),
Caplet (Songe et Forêt extraits du Vieux
coffret par Charles Panzera), Saint-Saëns (Symphonie n° 3 avec
orgue), Caplet (Inscriptions champêtres avec Mme Romanitza,
Nessy, Silvera), Détresse et Hymne à la naissance du matin
par J. Nessy), Wagner (Chevauchée des Walkyries).
13 juin : Création à la Sainte-Chapelle de
Paris de la "Messe à 3 voix
"Messe des Petits de St Eustache-la forêt" sous la
direction de Caplet. Concert donné au profit des veuves de guerre sous
la présidence de la Maréchale Foch. André
Caplet remercie Mademoiselle Nivard :
"Chère Mademoiselle Nivard,
C'est une longue lettre que je voudrais adresser à chacune des élèves du
cours Nivard pour libérer mon cœur en exprimant toute ma reconnaissance.
Cette audition de ma Messe à la Sainte-Chapelle sera pour moi
inoubliable. Nous redonnerons cette œuvre sans doute aussi bien. Mieux ?
Je ne le crois pas. Soyez mon interprète, je vous prie, pour dispenser
autour de vous l'expression chaleureuse de ma gratitude. Acceptez tous
mes vifs remerciements, puis, recevez, Chère Mademoiselle et amie,
l'hommage de toute ma vive gratitude. A vous; André Caplet. Au
même programme, Bach (air de la Cantate
n° 47 par Claire Croiza et le quatuor Tourret), Andante da la
Sonate n° 5 pour flûte avec Philippe Gaubert, Gaubert (Lamento
pour violoncelle avec Maréchal), Caplet ( Les Prières, La Procession),
Franck (la Voix du Christ extrait des Béatitudes par
Panzéra), Glazounov (Novelettes, extrait par le Quatuor Touret),
Caplet (la Croix douloureuse, Pie Jesu, O Salutaris avec
Claire Croiza, soliste).
18 juin : Reprise du Martyre de
Saint-Sébastien à l'Opéra de Paris dans une distribution identique à
celle de la création de 1911 au Châtelet. Caplet chargé de la direction
devait abandonner le projet lors de la générale (il est remplacé par
Defosse) se plaignant auprès de
Jacques Rouché, le directeur, de n'avoir qu'une seule répétition avec
l'ensemble des participants :
"Mon admiration et mon attachement envers la musique de Debussy sont
trop grands pour laisser présenter son œuvre dans un tel état de
décomposition scénique". De même, Caplet regrette que le "magnifique
et lumineux chœur final se transforme, de par l'éloignement, en chant
funèbre" et que de ce fait, "il
baissait de plus d'un quart de ton". Les critiques très mauvaises
du spectacle donneront raison à Caplet. L'œuvre sera reprise en juin
1923 sous la direction de Philippe Gaubert.
Juin : Composition de La Mort des pauvres d'après Charles
Baudelaire, mélodie créée le 17 novembre 1923
Eté : Caplet à Y. Gouverné :
Dites à votre chère maman, que
Schönberg est un petit retardataire ; que pour la saison prochaine, je
projette de faire entendre des œuvres vraiment nouvelles. Qu'elle
commande sans tarder les chaînes qui doivent la river à son fauteuil et
qu'elle me pardonne, à l'avance, le mal que je vais lui faire..."
9 août : L'éditeur Jean Jobert à Caplet :
"Vous plairait-il de faire, dans
vos instants de loisir, l'orchestration des trois autres morceaux de la
Suite bergamasque
de Debussy dont vous
avez déjà fait le
Clair de lune."
11août : Fondation de la Société
Internationale pour la Musique Contemporaine (SIMC) à l'issue du
Festival de Salzbourg.
17août : Roland-Manuel sollicite Caplet
pour appartenir à la section française de la SIMC :
"Quelques musiciens désireux de
former une société de concerts réellement active et réellement librement
échangiste, vous demandent par ma plume si vous seriez disposé en
principe à vous joindre à eux. Le comité divisé en trois sections qui se
partageraient le travail, aurait des représentants dans chaque pays qui
recevrait des éléments de concerts par vos soins et rassemblerait pour
vous les œuvres étrangères les plus significatives. La société serait à
durée limitée [4] afin d'éviter l'immanquable transformation en maison
de retraite. Peu de concerts, mais excellents etc." Caplet
exercera un rôle limité au sein de la SIMC en raison de son mauvais état
de santé.
11-12 novembre : Concert Pasdeloup : Mozart
(Symphonie n° 40), Debussy (L'Après-midi d'un Faune, Le
Martyre de Saint-Sébastien extraits, Caplet (L'Adieu
en barque, des Cinq Ballades Françaises, création
de la version orchestrale avec Claire Croiza),
2-3 décembre : Concert Pasdeloup : Mozart (Don
Juan, ouv. Concerto n° 5 pour violon K. 219, Gaston Elcus
violon), Beethoven (Symphonie n° 9 avec chœurs Ganna Walska,
Madelaine Caron, A. Sabatier, R Gilles). Théâtre des Champs-Élysées.175
exécutants. 12 décembre : Caplet dirige au Trianon-Lyrique la création d'Isabelle
et Pantalon de Roland-Manuel.
18 décembre : Salon d'automne, séance de musique sacrée à la section
d'art religieux. Œuvres religieuse de Caplet dirigés par lui-même. 22 décembre : Concert Pasdeloup : Beethoven (Symphonie n° 8),
Schmitt (Chansons à quatre voix), Chabrier (Bourrée fantasque),
E. C. Grassi (La Fête du Zakmoukou), Debussy/Caplet (Children's
corner), Rimski-Korasakov (Capriccio espagnol).
29 décembre : Salle Gaveau Concert sous la
direction d'André Caplet hors concert Pasdeloup ce qui provoquera son
exclusion de l'Association. Au programme, Beethoven (Léonore 3),
Debussy (Images), Ravel (Pavane pour une infante défunte),
Mozart (Pavane pour une infante défunte), Mozart (L'Enlèvement
au Sérail, air de Constance par Ganna Walska), Ravel (La Valse).
[1] Une exécution partielle avait eu lieu
le 15 décembre 1921. D'autres exécutions
eurent lieu dans l'année, les 10 mars et 14 décembre au Théâtre des
Champs-Elysées par les mêmes interprètes. Cette dernière entraina la
réaction du critique Louis Vuillemin => 1er janvier 1923
[2] Selon Pierre Boulez, l'Opus 16 de
Schoenberg ne sera pas rejoué à Paris avant 1957 aux Concerts du Domaine
musical où elles seront programmées à deux reprises. Voir AGUILA Jesus,
Le Domaine musical, Pierre Boulez et vingt ans de création
contemporaine, Fayard, Paris, 1992. Francis Poulenc, Marya Freund et
Darius Milhaud se sont rendus à Vienne et, grâce à Alma Mahler, ont
rencontré Schoenberg lequel offrit à Milhaud l'exemplaire des Cinq
Pièces op. 16 dont il s'était servi lors de la création et sur lequel il
avait porté au crayon toutes ses indications. "Quel précieux cadeau ! "
s'exclame Milhaud dans ses Notes sans musique (Ed. Julliard),
cadeau qu'il a sûrement montré à son ami Caplet. Caplet possédait
cinq photographies de Schoenberg
[3] Cité par STUCKENSCHMIDT Hans Heinz - POIRIER Alain, Arnold
Schoenberg, Fayard, paris, 1974-1993, p. 295-296
[4] La S.I.M.C. est toujours active en 2008.
1
9
2
3
1er janvier : A l'occasion de
l'exécution du Pierrot lunaire de Schoenberg au Théâtre des
Champs-Elysées, le 14 décembre,le critique Louis Vuillemin fait
paraître dans Le Courrier musical un article sous le titre
"Concerts métèques". Il dénonce les "Dadaïstes de la musique" qui
"s'empressent, sauf exceptions très rares, à découvrir tout ce que le
mauvais goût international a produit, et l'importent au cœur de la
capitale, dans l'évident espoir de le faire battre de travers".
Dans la même revue, la réaction ne tarde pas au travers d'une lettre
commune : "Les soussignés André Caplet, Maurice Ravel, Albert Roussel,
Roland-Manuel, se déclarent heureux d'avoir pu entendre, grâce à M. Jean
Wiener, le Pierrot lunaire d'Arnold Schoenberg et une série
d'œuvres nouvelles, françaises ou étrangères, dont on peut discuter les
tendances mais non point l'intérêt. Ils profitent de l'occasion pour
émettre le vœu que le patriotisme s'égare un peu moins sur un terrain où
il n'a rien à conquérir, mais tout à perdre." Vuillemin répondra
cyniquement : "L'absolue sincérité des quatre protestataires ne pouvant
faire aucun doute, je ne vois à leur étonnante attitude qu'une
explication ; elle est d'ordre héroïque : MM. Ravel, Roussel, Caplet, et
Roland-Manuel sont intoxiqués par les gaz !..."
4 janvier : Caplet dirige aux Concerts Wiener La Belle
excentrique et crée la version orchestrale deSocrate de Satie avec Jane
Bathori. Au même programme des pièces
pour piano de Satie Quatrième Nocturne, Descriptions
automatiques et de Poulenc : Mouvement perpétuel, Sonate pour
clarinette et basson, Sonate pour cor, clarinette et trombone. Une
nouvelle marque d'ouverture de Caplet à la musique de son temps d'une
esthétique pourtant bien éloignée de la sienne.
15 février : Concert Salle des Agriculteurs dédié à Caplet au
cours duquel il dirige ses Inscriptions champêtres, Prières,
Chabrier (A la musique pour chœur de voix de femmes avec Mme de
Kerland soliste) ; au même concert est jouée la Rhapsodie pour 2 flûtes, clarinette et
piano de Honegger.
4 mars : Récital de mélodies de Debussy et Caplet par Charles
Panzera et André Caplet
3 avril : Caplet à Claire
Croiza :
"Je suis sans cesse penché sur
le Miroir de Jésus -
Je m'y complais car
jamais je ne me suis senti en aussi bonnes dispositions de procréation
musicale. Je crois que, parmi tout ce que j'ai écrit pour vous, rien
n'aura été aussi adéquat à votre nature, à vos moyens, et que l'un par
l'autre (je veux dire : vous et moi) nous arriverons à atteindre un
sommet très élevé ! Quel orgueil, n'est-ce pas ? La "confiance en soi"
s'infiltre en moi et je sens que bientôt je vais éclater de prétention !..."
13 juin : Caplet assiste à la première représentation dans
le cadre des Ballets Russes des Noces de Stravinsky à la Gaîté
Lyrique sous la direction d'Ernest Ansermet.
juillet : Caplet est fait Chevalier de la Légion d'honneur.
Eté : Composition d'Epiphanie et du Miroir de
Jésus d'avril à septembre
août : Caplet à sa femme : "Pour
Epiphanie comme dédicace, j'ai mis : A mon fils pour le jour de son
baptême (je corrigerai : je mettrai : Pour le jour de sa naissance).
Pour le Miroir de
Jésus je
mettrai : A ma femme, pour le jour de son mariage !... Au fond, ces deux
œuvres sont mes premières œuvres. Il est donc normal que je les dédie à
mes amours..." 9 octobre :
achève l'orchestration d'Épiphanie. 17novembre : Création de
La Cloche fêlée et de
La Mort des pauvres d'après
Charles Baudelaire par Suzanne Balguerie dans le cadre d'un concert
organisé par la Revue Musicale.
18 et 19 décembre : Création Salle Erard
de la version pour harpe Erard et quatuor à cordes du
Conte
fantastique d'après le Masque de la mort rouge de
Poe avec Micheline Kahn et le Quatuor Poulet. Le Conte fantastique reprend la Légende"Le
Masque de la mort rouge" que Caplet avait composée en 1908
pour la harpe chromatique de Gustave Lyon. "Caplet
assista aux répétitions dans un esprit de raffinement, dévoilant la
signification de chaque note pourrait-on dire"
rapportait Micheline Kahn en 1978 dans la Revue Zodiaque. Voir la page
Conte fantastique consacrée à cette
partition.
29 décembre : Création d'Épiphanie, fresque musicale pour
violoncelle principal et orchestre d'après une légende éthiopienne par Maurice Maréchal et les Concerts Colonne sous la direction
de Gabriel Pierné au Théâtre du Châtelet. La création avec piano
envisagée le 18 mai 1922.n'avait pu avoir lieu.
1
9
2
4
46 ans
Divers articles critiques à propos d'Épiphanie paraissent
dans la presse. 4 janvier: Le Ménestrel :
A la séance du samedi, première audition d'Epiphanie de André Caplet, «
fresque » pour violoncelle et orchestre. « Melchior, le roi noir et or,
se rendit en somptueux cortège à Bethléem : — là, ému, attendri, il
s'extasia —puis, pour bien honorer le roi du monde, il fit danser ses
petits nègres ». C'est ainsi que s'exprime une notice extraite de la
partition. D'où trois épisodes : le cortège, l'extase, qui prend le nom
de « cadence », et la danse des petits nègres. De l'ensemble de l'oeuvre
ressort une impression assez confuse où le rythme et les timbres
semblent dominer. Il y a certainement des recherches intéressantes, de
la vie dans le dernier morceau : danse des petits nègres, mais tout cela
très morcelé, d'harmonie rude, bien que les dissonances soient
habilement enveloppées; quand à la cadence jouée par le violoncelle
solo, comme en une sorte d'improvisation, accompagné seulement des
battements monotones d'un tambourin, il est difficile d'en suivre les
cabrioles, qui obligèrent M. Maréchal à se livrer à de véritables
acrobaties où il réussit d'ailleurs parfaitement. Depuis quelque temps
nos musiciens dits d'avant-garde paraissent vouloir puiser leur
inspiration dans l'art nègre. La Création du Monde de M. Darius
Milhaud surgissait d'une civilisation papoue : ce sont de petits nègres
que fait danser M. André Caplet. L'art nègre est-il réellement si
intéressant ? Ou bien est-ce seulement pour tenter de faire accepter
certaines excentricités que les compositeurs s'abritent derrière lui ?
Si l'audition d'Fpiphanie nous laisse, à une première exécution,
un peu désorientés, il est juste de reconnaître que l'instrumentation en
est extrêmement curieuse, le violoncelle ressortant bien : il est
malheureux qu'il ne dise pas de choses plus intéressantes ".
(Pierre de Lapommeraye). Le même jour paraît dans la Revue
Pleyel un article de Roland-Manuel : "L'inconvénient de la
virtuosité, c'est qu'elle est malaisément expressive. Elle ne brille que
pour elle-même [...] Une merveilleuse plasticité, qui est la plus
précisue source de l'art de Caplet, permet ici à cette virtuosité de se
mouvoir et s'émouvoir dans le cadre précis que le compositeur lui
assigne. Le violoncelle, tantôt turbulent et tantôt extatique ne nous
écarte point de l'étable de Bethléem : dès que les harmoniques du
quatuor ont allumé, en se frottant contre le célesta, une étoile de
clinquant dans le ciel pur, c'est le violoncelle qui guide le sompteux
cortège avec une expperte vivacité. " Pour l'analyse d'Epiphanie
lire le chapitre que lui consacre Jacques Tchamkerten dans André
Caplet compositeur et chef d'orchestre (Société française de
musicologie, p. 399-417). 6 janvier : Nouvelle audition d'Epiphanie
aux Concerts Colonne sous la direction de Pierné. Plusieurs séjours de Caplet à l'abbaye de Solesmes où il marque un
vif intérêt pour le chant grégorien. Entretiens avec
Dom Jean Hebert Desrocquettes auteur
d'ouvrages sur le chant grégorien et disciple de Dom Mocquereau
1er février : "Epiphanie de M. André Caplet ; M. Maurice
Maréchal" article de Florent Schmitt dans
Le Courrier musical.
3 février : La violoncelliste Madeleine Monnier joue
Epiphanieau 14e concert de la Société des Concerts
du Conservatoire sous la direction de Philippe Gaubert.
Madeleine Monnier créera cette année 1924 lesImprovisations pour violoncelle et piano dans le cadre
d'un concert de la Revue Musicale. Il semble qu'une certaine
rivalité ait existé entre Maréchal et Monnier à propos de l'exécution de
d'Epiphanie.
7 février : Lettre d'Albert Roussel à
Caplet le remerciant des conseils qu'il a prodigués à Robert Siohan à
l'occasion de la création la veille à la
SMI de son œuvre Madrigal aux muses
op. 25 pour trois voix de femmes a cappella :
C'est vous maintenant, le
principal artisan du succès, que je dois remercier d'avoir prodigué
pendant les répétitions, vos soins, votre expérience et votre science
profonde de la direction et de la préparation des voix. Je sais avec
quelle patience, quelle habileté vous avez insinué à toutes la
compréhension musicale de ce petit morceau et la justesse du style.
Merci de tout cœur, mon cher ami...
22 février : Société des Grands Concerts de Lyon (Georges-Martin
Witkowski) , Salle Rameau : création partielle du Miroir
de Jésusavec Claire Croiza
en soliste, les chœurs de la Schola Cantorum et un ensemble de cordes,
deux harpes, dirigés par André Caplet. A Yvonne Gouverné : "Vous
nous avez beaucoup manqué. La catastrophe redoutée s'est muée en une
très digne et très belle fête. En somme avec de mauvais chœurs, un
orchestre douteux, l'absence des préludes, l'œuvre est sortie
victorieuse."
26 février : Caplet à
Claire Croiza :
"Je suis malheureux de ne pas
vous avoir vue assez heureuse après l'audition des Mystères. Vous
y avez été merveilleuse - admirable et vous devez être fière de vous et
contente de moi."
27 fév à mi-mars :
Voyage en Italie
:
Pise, Sienne, Vintimille, Rome
7 mars : Caplet à sa femme :
"Le Doux Jésus - l'adorable
personne de N. S. Jésus - Amour - tout cela me fait l'effet d'un bonbon
fondant qui n'en finirait pas de fondre... Je voudrais un Dieu coléreux
- sans pitié - le Dieu de la foudre - un Dieu que l'on ne nommerait pas"
17 mars : Lettre de Rome à son épouse : "J'ai
revu la Villa Médicis avec beaucoup de tristesse... sur moi-même... mais
avec beaucoup d'espoir en l'avenir. Quelle chose regrettable de ne se
découvrir que si tardivement." [...] Pourquoi ai-je écrit les
Mystères du Rosaire ? Les Prières ? La Messe ? le Pie Jesu ? ... Parce
que le christianisme est un jardin merveilleux qui apporte à mon âme, à
mon esprit : l'enchantement poétique le plus précieux, le plus intense."
27 mars ; Audition privée du Miroir de
Jésus chez Madame Frédéric Moreau avec Claire Croiza, la Chorale
Nivard, orchestre à cordes et harpes.
8 avril : Composition de Doux fut le
trait (Ronsard) pour voix avec piano ou harpe. Ecrit pour le
supplément de mai 1924 de la
Revue musicale (Tombeau de Ronsard). Contribuaient à ce même hommage :
Honegger, Dukas, Roussel, Louis Aubert, Roland-Manuel, Maurice Delage et
Ravel
1er et 2, 16, 19 mai : Premières
parisiennes au Théâtre du Vieux-Colombier du Miroir de Jésus
avec Claire Croiza, les chœurs de Suzanne Nivard préparés par Yvonne
Gouverné sous la
direction de Caplet. Version avec quatuor à
cordes.
3 mai : Caplet assiste au Théâtre des Champs-Elysées à la reprise
du Roi David d'Arthur Honegger qui avait déjà été donnée avec
succès salle Gaveau le 14 mars au moment où Caplet était en Italie.
Honegger dirige, Jacques Copeau est le récitant. Au même programme
Prométhée de Fauré. 15 mai : Création des
Divertissements pour harpe
par Micheline Kahn au Théâtre du Vieux
Colombier
17 mai : Création des Improvisations
pour violoncelle et piano d'après de Pain Quotidien avec
Madeleine Monnier (violoncelle) et Caplet (piano)
1er juin : M. J. Pillois dans Revue Musicale à propos du
Miroir de Jésus : "L'écriture est proprement médiévale : c'est le règne
de la quarte et de la quinte, du déchant et des mouvements parallèles,
c'est celui du moyen âge stylisé par un visionnaire."
fin juin début Juillet : séjour à Solesmes
1er juillet : Caplet à sa femme :
Je me réjouis grandement d'être revenu à
Solesmes car l'impression de beauté si profonde que j'avais déjà
ressentie s'est pour ainsi dire plus affirmée encore.
Eté : Entreprend la composition de laSonata da chiesapour violon et orgue qui restera inachevée
15 août : Lettre de Marya Freund à
Caplet lui précisant qu'elle travaille le Miroir de Jésus.
Elle a rencontré Edgar Varèse débarqué au Havre depuis le 11 juin et qui
séjourne l'été à Paris chez le peintre Fernand Léger. Elle lui a parlé
avec enthousiasme du Miroir et Varèse lui fait part de son désir
de faire exécuter
l'œuvre à New York.
19 septembre : Composition de Ecoute pour cœur
d'après
Rabindranath
Tagore pour flûte et voix
4 novembre : Lettre de l'organiste Joseph
Bonnet à Caplet : "Je suis
heureux et fier que vous ayez pensé à écrire votre sonate de violon et
orgue pour moi. On finit justement de monter un orgue à trois claviers
dans ma nouvelle maison. Nous aurons là tout ce qui sera nécessaire pour
la régistration de votre œuvre que je suis impatient de connaître."
5-9 novembre : A la demande de la reine Elisabeth, André Caplet
dirige le Miroir de Jésusà Bruxelles dans le cadre des
Concerts Populaires (Henry Le Boeuf)
21 novembre : Concerts Populaires d'Angers (Jean Gay) : exécution
du Miroir de Jésus (? )
13 décembre : Récital de Madeleine Dirix avec le concours de
la harpiste Micheline Kahn, Maurice Maréchal et André Caplet qui accompagne au piano
la chanteuse dans ses mélodies et le violoncelliste dans Epiphanie. 21 décembre : Exécution (Théâtre
du Châtelet) du Miroir de Jésusaux
Concerts Colonne avec Claire Croiza, Chorale Suzanne Nivard, les Petits Chanteurs à la Croix de
Bois, direction Caplet. Suivaient La Valse de Ravel dirigée par
lui-m^me, La Damoiselle élue de Debussy et L'Apprenti sorcier
de Dukas dirigés par Gabriel Pierné.
Yvonne Gouverné : "Avait-il le
pressentiment de sa fin prématurée ?... J'en ai l'intime conviction.
Toujours est-il qu'une hâte étrange, - significative chez ceux qui vont
mourir - le prit pendant cette ultime période.Une solitude absolue lui
ayant toujours été nécessaire pour composer - il voulut les deux
derniers étés de sa vie, rester dans on pavillon de Neuilly - et put
finir le Miroir de Jésus ainsi qu'Epiphanie en 1923, puis
commencer Saint Catherine de Sienne et sa Sonate pour orgue,
violoncelle et voix, que nous n'entendrons jamais et qu'il
considérait comme presque achevée en 1924... A partir de ce moment-là,
ce fut la course à l'abîme - il fallait tout faire à la fois - on eût
dit qu'il voyait la route se raccourcir devant lui [...] : "C'est le
"temps" c'est à dire la division du temps de l'existence en heures en
minutes et jours fixes, qui empoisonnent ma vie". Composition de la mélodie La part à Dieu "pour le
jour des Rois, telle qu'on la chantait encore en Normandie en 1884 près
du "havre de grâce", recueillie par André Caplet, musicien normand"
1
9
2
5
Caplet meurt à 46 ans,
son
anniversaire étant le
23 novembre
A la demande de Jacques Rouché [1]et à
l'occasion du cinquantenaire de l'Opéra, Caplet révise l'orchestration
du Triomphe de l'amour de Jean Baptiste Lully et va en diriger les
7 représentations entre janvier et mars. 5 représentations seront
données ultérieurement à l'Opéra en 1932-1933. A cette dernière
occasion, Armand Machabey estimait qu'il s'agissait d'une recontitution
documentaire "qui s'adressait surtout aux historiens de la musique" (Le
Théâtre musical en France. Rapport présenté au Congrès international de
Florence, mai 1933, Paris, Le Ménestrel, 1933, p. 29). Voir à ce
sujet la thèse de Camille Rondeau in
Bibliographie
Janvier : Caplet fait travailler la
chanteuse Régine de Lormoy [2] :
"Son clair et profond regard
était très intimidant pour la jeune cantatrice que j'étais alors. Le
musicien me fit travailler le Miroir
ainsi que les Cinq
Ballades Françaises
(sur des poèmes de Paul Fort) que j'avais l'intentions de donner à mon
récital du 2 avril de la même année 1925. Les répétitions étaient
passionnantes. Je retrouvais chez Caplet tout ensemble le compositeur et
le chef d'orchestre. C'est ainsi qu'il recommandait que je respire
souvent et à fond, assimilant cet indispensable exercice aux coups
d'archet du violon, qu'il voulait larges et fréquents. Il ne laissait
passer aucune faiblesse, soignait le moindre détail, exigeait un rythme
exact, une fidélité absolue au texte dont on sait qu'il était châtié.
Notre travail poursuivi avec rigueur était l'objet d'une grande minutie
et ce fut une véritable joie pour moi de le voir aussi satisfait de mon
interprétation. C'est alors qu'il me proposa de m'accompagner au piano
pour les Cinq Ballades,
œuvres certes difficiles dans leur synthèse, leur originalité, mais si
agréables à interpréter ! [...] Hélas, les répétitions furent
interrompues par la maladie du musicien."
6 janvier et 4 février : Représentations du Triomphe de
l'Amour de Lully dans la révision de Caplet et sous sa direction
à l'Opéra de Paris à l'occasion du cinquantenaire du Palais Garnier.
Chorégraphie de Léo Staats, décors et costumes d'après les
maquettes de Max. Dethomas. Cesbron-Viseur (Vénus), Campredon (Diane),
Jane Laval (La Nuit), Madeleine Caron (Le Mystère), Madlen et Guyard (Le
Silence).
10 janvier : Festival André Caplet
15 janvier : Exécution Salle Gaveau d'Epiphanieavec André Maréchal sous la direction de Caplet à la tête de la
Société des Concerts du Conservatoire. Le
reste du programme est dirigé par d'autres chefs, notemment le Conte
légendaire pour violoncelle principal et orchestre de Daniel
Jeisler créé sous la direction du compositeur ou encore le Cortège
d'Amphitrite de Philippe Gaubert sous
sa direction.
février : le 7 Exécution des Divertissements pour
harpe par Micheline Kahn à la Société nationale,
salle Erard ; 15
février : Audition privée chez Madame André de l'Adieu en
barque et de l'Hymne à la naissance du matin par
Caplet et Veria + Extraits du Miroir de Jésus version pour 3 voix
de femmes et deux pianos (Caplet et
Gouverné).
27 février : Caplet à Cannes
9 mars : Le Havre, Festival André Caplet en l'église Saint-Michel
: Le Miroir de Jésusest redonné avec Claire
Croiza sous la direction de Caplet ainsi que la Messe, et les
Prières (dans la version chant et orgue). "Le
lundi 9 mars 1925, rapporte Yvonne Gouverné, un festival des
œuvres
d'André Caplet avait lieu à l'église Saint-Michel au Havre, avec les
instrumentistes du Havre bien entendu, la chorale locale à laquelle se
joignaient quelques fidèles. Whita et moi-même reçûmes l'ordre de nous
rendre immédiatement au Havre pour la répétition générale. Madeleine
pour remplacer Mme Croiza venant seulement pour le concert. Moi, parce
qu'André Caplet avait fait mettre un piano dans l'orchestre et j'avais
comme mission de renforcer les basses qui, dans cette église,
paraissaient sonner de façon insuffisante. Donc ce qui fut dit fut fait.
A l'issue de cette répétition, l'auteur éprouvait le besoin de se
détendre... Vers minuit, après avoir quitté les uns et les autres, André
Caplet nous amenait Madeleine et moi vers la mer ! Comment pourrais-je
oublier cette promenade nocturne au bord des vagues houleuses, qui fut
la dernière de toutes avec lui ? Il nous tenait chacune par un
bras, devant cette immensité marine dont nous longions les vagues, et,
comme s'il nous proposait une aventure merveilleuse : "Mais pourquoi ne
pas partir sur une de ces barques ? "Vous savez que je rame très bien",
nous dit-il. Poursuivant son rêve, il se mit à fredonner presque
joyeusement "On s'embarquerait sur la mer et l'on ne reviendrait plus". 11-16 mars : Reprises du Triomphe de l'Amour au
Palais Garnier.Dernières apparitions de Caplet au pupitre.
14 mars : Yvonne Gouverné :
"Nous devions jouer à deux
pianos le Miroir de Jésus, dans une matinée qui réunissait tout Paris -
quarante de fièvre le matin même, l'empêchait de se lever - à midi, il
me fit savoir qu'il tenait absolument à ce que l'œuvre soit donnée
quand même. La matinée eut donc lieu..."
2 avril : Récital de Régine Lormoy. Caplet prévu pour
l'accompagner est remplacé par Pierre Maire.
Caplet tombe malade. Paul Landormy
précise : « Au mois de mars 1925, en revenant du Havre, où il avait
dirigé un concert, il prit froid dans le train. On crut d'abord à un
simple rhume. Le mal augmenta peu à peu et devint en définitive une
pleurésie purulente. Une intervention chirurgicale, tenté en dernière
heure, ne sauva pas Caplet ». Gouverné :
L'homme encore si jeune que la
mort guettait, pensait toujours aux horizons marins lorsqu'il fut arrivé
à son Golgotha... Dévoré par une fièvre qui ne devait plus le quitter,
il disait souvent : "je voudrais tremper mes mains dans la mer".
22 avril : décès
d'André Caplet dans son appartement du boulevard d'Inkermann des suites d'une
hémoptysie.
Caplet avait toujours été fragile des poumons. À l'automne 1909,
il avait déjà contracté une pleurésie. La fragilité des poumons fut
encore accentuée par le fait qu'il ait été gazé à deux reprises au cours
de la guerre comme des milliers d'autres poilus.
23 avril : Article ému de Henri Woollett :
"Un terrible et bien triste
événement vient endeuiller tout l'art musical et sera vivement ressenti
par tous nos concitoyens. La main me tremble en écrivant ces lignes.
Celui que je considérais comme mon fils artistique, dont j'avais guidé
les premiers pas dans la carrière qu'il devait illustrer si grandement
et si noblement, André Caplet, le jeune et déjà célèbre compositeur, est
mort hier après une douloureuse et rapide maladie. Récemment, nous
avions la joie de le fêter après la superbe exécution de son œuvreLe Miroir de Jésus, à Saint-Michel, qui sous sa
direction si vivante, avait brillé d'une radieuse beauté."
10 mai : Henri Dutheil, pour sa part, écrit [3]
: "Caplet, ton grand cœur a
cessé de battre, mais tu survis ici-bas par tes œuvres, par le culte
que nous garderons de ta glorieuse et sainte mémoire. Et surtout, tu
survis, nous en avons la certitude, au-delà de ce monde périssable, dans
le Mystère de Jésus"
24 mai : Concert à la mémoire de Caplet en l'Eglise
Saint-Eustache
8 juin : Exécution d'Epiphanie
avec Maurice Maréchal aux Concerts Straram dans
le cadre de la S.I.M.C. au Théâtre de l'Exposition internationale des
Arts décoratifs
; Hôtel Majestic, Mélodies de Caplet par Pierre Bernac qui est son élève
depuis 1922.
11 juin : Salle Gaveau Festival
Chausson-Debussy-Caplet
1er juillet : La Revue musicale
n° 9 publie trois articles en hommage à Caplet signés d'Alexis Roland-Manuel, Maurice Brillant
et Arthur Hoerée. "La mort
prématurée d'André Caplet, écrit Hoerée, donne la signification à son
œuvre : c'est en le perdant qu'on mesure l'étendue de cette perte. Avec
lui disparaissent non seulement le compositeur, notre plus grand chef
d'orchestre, l'orchestrateur raffiné, le magicien des sonorités du piano
; mais c'est aussi l'ami de la musique, l'animateur à l'œil magnétique,
soutien des interprètes ; c'est le thaumaturge qui fait chanter juste et
pianissimo, les chœurs les moins exercés, qui du regard aide le
flûtiste, du geste façonne jusqu'à la perfection une voix de femme ;
c'est aussi notre seul musicien religieux qui puisait au plus pur
mysticisme le secret de son inspiration; l'auteur du Miroir de Jésus
dont la magnificence suffirait à perpétuer son nom ; ce sont enfin
toutes les pages irrévocablement perdues d'une maturité qui s'annonçait
féconde"
4 Juillet : décès de la mère de
Caplet.
27 novembre :
Conférence de Roland-Manuel sur André Caplet
17 décembre : Concert salle Gaveau au
profit du monument Caplet
[1] Qui semble ne pas avoir tenu rancune à
Caplet des difficultés rencontrés pour la reprise du Martyre en
juin 1922.
[2]
La voix de Régine
de Lormoy dans le Septuor op. 3 pour voix de mezzo quatuor à
cordes, flûte et piano d'Arthur Hoerée.
[3] inLa Mouette, juin 1925 Revue
Normande de littérature et d'art, Le Havre.
1926
25 janvier : Exécution du Miroir
de Jésus au Conservatoire Royal de Bruxelles avec Claire Croiza
21 juin : Exécution du Miroir de Jésus à Zurich avec Claire Croiza sous la direction de Walther
Straram
1927
23 mars : La Havre, Messe anniversaire
à la mémoire de Caplet